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Cinq des plus ignobles cas d’abus de la police de Ferguson

Société

Cinq des plus ignobles cas d’abus de la police de Ferguson

Par Sandro CAPO CHICHI 12 mars 2015

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Le rapport du ministère de la justice américain sur les dysfonctionnements de la police de Ferguson dans le Missouri après la mort du jeune Michael Brown cet été a montré d’incroyables abus dans l’utilisation de la force, l’utilisation de l’autorité policière pour générer de l’argent et la discrimination envers les Noirs. NOFI vous propose en exclusivité sa traduction intégrale de cas mentionnés dans le rapport et particulièrement édifiants.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

« On a parlé, par exemple, avec une femme afro-américaine qui est toujours impliquée dans une affaire datant de 2007, quand à une seule reprise, elle s’était garée illégalement. Elle reçut deux citations à comparaître et une amende de 151 dollars, frais non compris. La femme, en proie à de nombreuses difficultés financières et des périodes sans logement pendant plusieurs années, fut condamnée pour sept manquements à des citations à comparaître et des rendez-vous au tribunal ou des paiements de contraventions entre 2007 et 2010. A chaque convocation non honorée au tribunal, le tribunal lança un mandat d’arrêt et lui imposa de nouvelles de nouvelles amendes. Entre 2007 et 2014, la femme a été arrêtée à deux reprises, passant six jours en prison et payant 550 dollars au tribunal pour cette seule fois où elle s’est garée illégalement. Les annales du tribunal montrent qu’elle avait essayé à deux reprises de faire des paiements partiels de 25 et de 50 dollars, mais le tribunal rejeta ces paiements, refusant d’accepter autre chose que des paiements totaux. Un de ces paiements fut plus tard accepté, mais simplement après que la lettre du tribunal rejetant le paiement par mandat postal eût été renvoyée à son expéditeur.
Cette femme fait désormais des paiements réguliers pour l’amende. En décembre 2014, ou sept ans plus tard, et bien qu’elle n’ait du à l’origine qu’une amende de 151 dollars et qu’elle en ait déjà payé 550, elle en devait encore 541. »

Nous avons trouvé des preuves de biais racial dans des courriels envoyés par des membres de l’administration de Ferguson dont ils sont tous actuellement employés, et presque sans exception à travers leur comptes de courriels officiels de la mairie de Ferguson, et apparemment envoyés pendant les heures de travail. Ces échanges de courriels impliquaient plusieurs superviseurs de la police et du tribunal, incluant des superviseurs et des dirigeants du département de police de la ville. Les courriels suivants sont édifiants:
Un courriel de novembre 2008 rapportait que le Président Obama ne serait pas président pour longtemps parce « aucun homme arrive à garder un emploi stable pendant quatre ans. »
Un courriel de mars 2010 se moquait des Afro-Américains à travers des stéréotypes sur leur façon de parler et leurs familles. Une réplique issue du courriel disait : »Je sewais si heuweux si c’était mon dernier paiement de pension alimentaiwe! Mois apwès mois, année apwès année, tous ces paiements! »
Un courriel d’avril 2011 représentant le Président Obama sous la forme d’un chimpanzé.
Un courriel de mai 2011 déclarait : « Une femme afro-américaine à la Nouvelle-Orléans fut admise à l’hôpital pour un avortement. Deux semaines plus tard, elle reçut un chèque de 5000 dollars. Elle demanda à l’hôpital pour demander d’où cela venait, ce à quoi l’hôpital répondit « C’est pour avoir empêché un criminel de nuire ».
Un courriel de mai 2011 décrivait un homme cherchant à obtenir des ‘allocs’ pour ses chiens parce qu’ils étaient des bâtards, sans emploi, fainéants, ne savaient pas parler anglais et n’avaient pas la moindre idée de qui étaient leurs pères.

Un courriel d’octobre 2011 incluait une photo d’un groupe de danseuses aux seins nus, apparemment en Afrique, avec la mention, ‘la réunion de lycée de Michelle Obama’. Un courriel de décembre 2011 incluait des blagues basées sur des stéréotypes sur les musulmans.

Notre revue des documents a révélé plusieurs autres communications électroniques démontrant un biais racial ou ethnique, ainsi que d’autres formes de biais. Notre enquête n’a révélé aucune indication comme quoi un officier ou un employé du tribunal impliqué dans ces communications ait jamais été réprimandé. Ou que nous ayons vu un seul cas dans lequel un employé de la police ou un employé du tribunal recevant un de ces courriels ait demandé à son expéditeur d’arrêter de les envoyer, ou d’une quelconque indication que ces courriels étaient signalés comme étant inappropriés. Au contraire, ces courriels étaient généralement transférés des uns aux autres. »

« Par exemple, en juillet 2013, la police rencontra un homme afro-américain sur un parking alors qu’ils étaient en route pour arrêter quelqu’un d’autre dans un immeuble. La police savait que la personne rencontrée n’était pas celle qu’ils étaient venus arrêter. Malgré cela, sans aucune suspicion valable, ils menottèrent l’homme, le placèrent à l’arrière d’une voiture de police et vérifièrent son casier. Il se trouve qu’il était le propriétaire de l’appartement de la personne qu’ils s’apprêtaient à arrêter. Le propriétaire aida ensuite la police à entrer dans l’appartement du suspect pour effectuer l’arrestation, mais il porta plus tard plainte se plaignant de discrimination raciale et de détention illégale. Ignorant le fait majeur qu’ils avaient menotté un homme et l’avaient placé dans un véhicule de police alors qu’ils n’avaient aucune raison de le faire, un sergent défendit vigoureusement les actions de la police de Ferguson, caractérisant la détention comme étant ‘minimale’ et signalant que la voiture était climatisée. Même une détention temporaire, toutefois, constitue une privation de liberté et doit être justifiée sous le 4ème amendement. »

« Comme c’est le cas avec les interpellations illégales, la police de Ferguson fait régulièrement des arrestations sans raison probable. Fréquemment, des officiers arrêtent des gens pour un comportement qui ne correspond pas du tout aux éléments du délit invoqué. Par exemple, en novembre 2013, un officier approcha cinq jeunes Afro-Américains écoutant de la musique dans une voiture. Prétendant avoir senti une odeur de marijuana, l’officier les mit en état d’arrestation pour comportement illégal pour leur ‘regroupement dans le but de s’adonner à une activité illégale’. Les jeunes gens furent détenus et inculpés-certains d’entre eux envoyés en prison et d’autres déposés chez leurs parents-bien que l’officier n’ait pas trouvé de marijuana, même après avoir conduit une fouille de la voiture; De même, en février 2012, un officier rédigea une notification d’arrêt pour tapage en raison de musique bruyante provenant d’une voiture. La notification d’arrêt apparaît avoir été illégale car l’officier n’a pas rapporté, et il n’y en a aucune indication, qu’un troisième parti ait été dérangé par la musique-un élément du délit.(..)Malgré cela, un superviseur l’approuva. Ces arrestations sans mandats violaient le quatrième amendement parce qu’elles n’étaient pas basées sur un motif probable. »

En novembre 2013, un officier lâcha un chien pour mordre et attaquer un sujet en train de fuir même si l’officier savait que le suspect était non-armé. L’officier déclara suspect le sujet, un homme afro-américain qui marchait dans la rue parce qu’il semblait s’éloigner de l’officier quand il l’aperçut. L’officier l’arrêta et le fouilla, ne trouvant pas d’armes. L’officier lança alors des mandats d’arrêt à son nom. Quand l’homme entendit qu’il avait des mandats exceptionnels lancés contre lui-le rapport ne précise pas si les mandats étaient lancés pour des manquements à des convocations à la cour ou à des paiements d’amendes, ou quelque chose de plus sérieux-il courut. L’officier le suivit et lâcha son chien sur lui, qui mordit l’homme aux deux bras. Le superviseur de l’officier trouva l’emploi de la force justifié parce que l’officier avait lâché son chien car il « craignait que le sujet soit armé » bien que l’officier ait déjà déterminé que l’homme était non-armé ».