Neïba

Les mythes de création du monde de l’Egypte ancienne

Histoire

Les mythes de création du monde de l’Egypte ancienne

Par SK 2 octobre 2014

Pour ne rien manquer de l'actualité,
téléchargez l'application depuis ce lien
Recevez du contenu exclusif, de l'actualité, des codes promos Nofi Store ainsi que notre actualité évenementielle chaque week-end !

Si les dieux égyptiens de l’Antiquité tels qu’Isis, Osiris ou Horus sont assez connus du grand public, les mythes de la création du monde de cette civilisation le sont moins.

Par Mamadou D. Diatta

égypte ancienne

Les sources

Les mythes égyptiens anciens de la création, s’ils ont tous des caractéristiques communes, diffèrent selon la région où ils ont été élaborés : pour la ville d’Héliopolis (Iounou), au nord de l’Egypte, les sources des mythes de création sont des fragments de textes étalés de l’Ancien Empire (2800-2400 avant J-C) jusqu’à l’époque ptolémaïque (305 -30 avant notre ère).
Pour la ville de Memphis (Mnnfr), la tradition de la création du monde nous est connue grâce à un document de l’époque réécrit au temps des pharaons kouchites (VIIIe siècle avant notre ère), la pierre de Shabaka, et probablement rédigé au Nouvel Empire (XVIe-XIe siècles avant notre ère).
Quant aux mythes de création d’Hermopolis, ils nous sont connus par ledit Livre du Fayoum et le papyrus de Tebtynis.

L’élément commun aux mythes de création égyptiens : le Noun

On l’a dit et on va le revoir, les mythes de la création égyptienne divergent selon les régions. Toutefois, elles ont toutes un dénominateur commun. Avant la création existait une entité sans commencement ni fin. La plupart du temps, elle est associée à un liquide. Cette association a peut-être été suggérée par le Nil en crue, qui était à l’origine de la survie des habitants de l’Egypte ancienne. Dans tous les mythes de création égyptiens, la création commence à partir de cette entité, de ce fluide obscur. Le démiurge en émerge avant de procéder à la création du monde.
Mais le Noun ne cesse pas d’exister après la création du monde. C’est lui qui est la source continuelle du Nil, c’est de lui qu’arrive le soleil qui monte chaque matin au jour après avoir affronté le dieu maléfique Apophis.

Hermopolis (Khemenyou) 

Khemenyou, le nom d’Hermopolis en égyptien, dérive de Khemenou, huit. Il s’agit d’une référence au démiurge qui, dans les traditions de cette ville, répandues par la suite à Thèbes et à Esna, est constitué de quatre couples de divinités. Chacun représente les aspects masculins et féminins de différents éléments.
Amon et Amonet représentent le caché, Noun et Nounet représentent le fluide primordial, Kek et Keket représentent l’obscurité, alors que Heh et Hehet représentent l’infinité.
Leur corps est celui d’êtres humains, leurs têtes sont celles de grenouilles pour les hommes, et de serpents pour les femmes. Ils pré-existent à la création, prennent conscience d’eux-mêmes et viennent à l’existence. Ils créent ensuite ensemble la lumière, sous la forme du dieu solaire à l’apparence d’un enfant émergeant d’une feuille de lotus.

Memphis (Mennefer)

A Memphis, capitale de l’Egypte durant le Moyen-Empire, l’accent du mythe de création est mis sur la manière dont Ptah, le démiurge, a créé le monde. Ptah y est associé à Ta-Tetenen, l’incarnation de la butte dont émerge le démiurge à partir du Noun.
Tous les futurs éléments de la vie et du monde contiennent Ptah. Les choses du monde sont contenues dans le cœur de Ptah, considéré comme le siège de l’intelligence et de la volonté en Egypte ancienne. Ils les fait venir à l’existence en les nommant avec sa langue. En Ptah se trouve aussi le Dieu Atoum et ses neufs dieux, son « Ennéade », qui prennent aussi part à la création dans le mythe de création d’Heliopolis. Dans cette tradition, Atoum se masturbe et éjacule pour donner naissance à l’Ennéade.

Héliopolis (Iounou)

A Heliopolis, le Dieu Atoum a émergé du Noun où il se trouvait en inertie. Il prend conscience de lui-même et se crée seul, « sans père ni mère ». Emerge ensuite un tertre où il se pose et crache les divinités Shou et Tefnout, frère et sœur associés à l’air.
Ce passage du mythe est peut-être expliqué par la similarité phonétique entre les mots shesh (éternuer) avec le nom du dieu Shou, et tef (cracher) avec le nom de la déesse Tefnout. C’est, en tout cas, le début de la création de l’Ennéade, des neufs principaux dieux égyptiens. Shou et Tefnout vont à leur tour créer Geb et Nout, la terre  et le ciel. Alors que ce couple était à l’origine inséparable, il fut séparé par Shu, l’un et l’autre étant placé sur terre et dans le ciel.
Geb et Nout conçurent ensuite d’un côté Osir(is) et Is(is), un couple associé à la vie et à la fertilité, et de l’autre Seth et Nephtys, couple associé à la stérilité.