Le bèlè, entre patrimoine culturel et tradition musicale

Le bèlè, littéralement « bel air », est une expression artistique créole martiniquaise qui mêle la musique, le chant, et la danse. Une tradition ancienne avec ses propres rythmes, ses codes et des figures de proue qui gagnent à être connues outre-Atlantique, au même titre que le zouk dans le reste du monde.

Les Origines du bélè, entre tradition et héritage africain :

L’origine du bèlè est un peu floue car ses apports culturels sont nombreux : influences de diverses traditions africaines, européennes, l’expression libératoire d’un quotidien esclavagiste et post-esclavagiste joué, chanté, et dansé. Le bèlè se démocratise dans le monde rural, avec le passage du statut d’esclave à nouveau libre.

C’est davantage un terme générique car en réalité composé de plusieurs notions et disciplines : un genre musical, différentes danses, ou encore l’instrument tambour bèlè. Une harmonie chant-ti-bwa-tambour Le principe est toujours le même et basé sur l’improvisation : le chanteur donne la voix, repris par les « répondè » ; puis le ti bwa donne le rythme en frappant l’arrière du tambour bèlè au son du célèbre « tak-pi-tak-pi-tak » avec ses deux baguettes en bois (généralement tibom ou goyavier), et enfin le tambour entre en scène de façon fluide et harmonieuse. Les chants, inévitablement en créole, sont l’opportunité de raconter des anecdotes du quotidien.

A quel moment on danse le bélè ?

Il existe en revanche plusieurs types de bèlè, joué en fonction du moment de la journée ou d’un événement particulier. Les fouyé tè, rédi-bwa, téraj kay, coupé kan-n, mazon-n et gran son sont les bèlè de labeur ; il y a également les bèlè dédiés au divertissement et à la fête : bèlè, gran bèlè, bélia, kalennda, danmyé et ladja.

Ainsi que ceux exécutés spécialement pour les veillées mortuaires : bénézuel, kanigwé, karésé yo, ting bang. La danse bèlè, un langage corporel et émotionnel singulier inspirée de pas africains, du quadrille, de la haute taille d’Europe, la danse intervient en dernier, lors du processus de composition rythmique. C’est une sorte de dialogue codifié qui se crée dans l’improvisation la plus totale entre le tanbouyé (joueur de tambour) et les danseurs.

Types de danses :

À l’instar des musiques, il existe aussi plusieurs sortes de danses : le bèlè et ses différentes nuances en fonction du chant (bèlè cho, bèlè dous, bèlè pitché). Plusieurs figures sont possibles : la won bèlè (8 danseurs), la dimi won ou quadrille (4 danseurs), monté o tanbou (danse de couple) ou seul. Existent aussi le gran bèlè, le béliya, qui annonce une nouvelle ou un rassemblement, les danses la lin’klè, exécutées au clair de lune (mabèlo, woulé mango), ainsi que le danmyé et le ladja, deux danses de combat. Les figures de proue du bèlè sont sans nul doute Les Maîtres du bèlè de Sainte-Marie, Ti Emile et Ti Raoul, et dans une vision plus moderne, Eugène Mona, Edmond Mondésir, Bélya, ou encore l’AM4.

 

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