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[INTERVIEW] PORTRAIT DE FLORELLE MANDA RADIO ADDICT

Economie

[INTERVIEW]     PORTRAIT DE FLORELLE MANDA RADIO ADDICT

Par naomi P. 16 octobre 2014

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« Les médias c’est vraiment ma passion, c’est ce pour quoi je pense être faite (…) ».

  Jeune femme ambitieuse et passionnée, c’est avec les plus grands groupes radio que Florelle a fait ses armes. Avec un parcours riche et une motivation sans faille, c’est lorsqu’elle rejoint l’équipe de Claudy Siar, à la radio Tropiques FM, qu’elle attire notre attention. 

Egalement animatrice à la télévision depuis quelques années, on la retrouve dans des émissions culturelles principalement afro-carribéennes, mais aussi dans les événements les plus prestigieux tels que le FESPAM, les soirées Black Fahrenheit ainsi que de nombreux concerts.
Aujourd’hui elle tourne une page mais continue avec détermination dans les médias, son domaine de prédilection. Sur un support ou un autre, c’est avec des projets pleins la tête que Florelle compte encore faire parler d’elle. Humblement, elle nous livre ici son regard sur cette passion, la radio, sa vision du paysage médiatique français et son cheminement personnel qui en inspirera plus d’un…

Par SK,

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QUEL EST TON PARCOURS ?

Après le bac j’ai fait du Droit, puisque tout le monde dans ma famille m’attendait là. Finalement ça ne m’a pas plus, donc, j’ai entrepris des études de Théâtre puis une école de journalisme.
COMMENT ES-TU ARRIVEE A LA RADIO ?

C’est Fred Musa de Skyrock que j’ai rencontré qui m’a encouragé dans cette voie la. On dirait que c’était ce que j’attendais, ça a été mon déclic, parce que j’ai toujours aimé ce média, on écoutait la radio chez moi. J’avais envie, je ne me posais pas la question de savoir si ça pouvait marcher ou pas. C’est cette envie qui m’a fait me dire « je n’ai rien à perdre ».

COMMENT T’ES-TU LANCÉE?

J’ai commencé à la radio associative, FREQUENCE 3. J’avais une émission quotidienne et en même temps j’étais standardiste chez radio FG.  A cette époque  j’envoyais aussi des maquettes à des radios comme NRJ, FUN RADIO, qui sont de vraies machines de guerre dans cet univers.

Maquette justement qui a attiré l’attention du responsable des antennes locales de FUN RADIO. C’était une très belle surprise qu’il me propose un poste d’animatrice à Tarbes dans le sud-ouest.

LA PERSPECTIVE DE QUITTER LA CAPITALE NE T’AS PAS FAIT HÉSITER ?

C’était un moment de ma vie où j’avais envie de changement, de renouveau, j’avais 27 ans et j’étais prête à partir. Cette proposition était une formidable opportunité pour moi de faire mes armes et d’apprendre au jour le jour ce métier qui me passionne. Je ne pouvais pas refuser même si au même moment, FG me propose (peut être) de faire des chroniques. A Tarbes, il s’agissait d’avoir  une émission à moi tous les jours de la semaine, donc j’ai réfléchit et je suis partie.

C’EST DONC DANS LE SUD DE LA FRANCE QUE TU AS FAIT TES ARMES ?

Cette expérience, a été très formatrice, car lorsque tu es animateur de flux, l’après-midi, tu dois t’auto-réaliser c’est à dire que tu gères la technique déjà et tu es en charge des partenariats de la station. Chez FUN RADIO c’était encore comme à l’ancienne, on te laisse la chance de te former sur le tas. Tous les jours j’apprenais mon métier. Les premiers jours j’étais anxieuse parce que ton boss t’écoute régulièrement et te dit ce qui va et ne va pas. C’était précis, minutieux et c’est un kiffe de travailler dans ces conditions.  J’ai fait ça pendant 3 ans et c’était très instructif, j’ai adoré.
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QU’EST-CE QUI T’AS FAIT ABANDONNER TOUT CA POUR REVENIR A PARIS ?

Au bout d’un moment ta famille te manque, tes amis aussi. Donc après la deuxième saison j’ai commencé à envoyer ma candidature à des radios basées à Paris. Ça n’a fonctionné qu’à partir de la 3 ème saison. J’avais envoyé une maquette chez GOOM RADIO car les personnes qui en étaient à la tête (Roberto Ciurleo, Frédéric Pau) venaient d’NRJ. Une véritable aubaine quand on sait que Roberto Ciurleo est celui qui a fait les belles heures d’NRJ pendant plusieurs années. Je me suis dit que j’allais vraiment pouvoir apprendre avec ces mecs là, que j’allais passer à l’étape supérieure.

APRES FUN RADIO, L’AVENTURE GOOM RADIO A COMMENCÉ

Oui, après deux ans et demi passés chez FUN RADIO, j’ai enchainé avec GOOM RADIO. C’était encore un autre exercice parce que nous étions sur le web et pas en direct…. j’ai donc apprit à faire de la radio différemment. Alors oui, le live et l’adrénaline qui va avec me manquaient ainsi que ce sentiment d’être dans le moment, à côté de ça avec eux j’ai comprit ce qu’est animer une émission de A à Z.  Par ailleurs chez GOOM tous les animateurs faisaient plusieurs choses différentes à l’antenne. Plus tu en fais, plus tu es obligé d’apprendre, de te perfectionner chaque jour, d’évoluer.

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N’EST-CE PAS PLUS SECURISANT D’ENREGISTRER ?

Non, pas pour moi. Et je pense que tous les animateurs te diront ça parce que le direct c’est vraiment galvanisant, il y’a l’interaction avec les auditeurs, c’est différent, plus passionnant, plus électrisant selon moi. C’est un kiffe ce métier et en pus c’est addictif.

QU’EST-CE QU’UNE SAISON EN RADIO ?

Une saison, en radio, c’est une année. Il y’a des radios où tu es en CDI comme dans n’importe quelle autre entreprise mais souvent, on t’embauche avec des contrats pour une année qu’on te renouvelle, ou pas.

PUIS TU AS LAISSÉ GOOM POUR TROPIQUES FM, POURQUOI CE CHANGEMENT ?

Tout se passait bien, pourtant, je ne sais pas pourquoi, à ce moment-là, quelque chose me manquait, au niveau de la musique surtout. Par rapport à TRACE TV, où j’ai travaillé comme programmatrice musicale auparavant, chez GOOM je ne m’y retrouvait pas. Il n’y avait pas assez de diversité dans la musique. J’avais envie d’autre chose, je voulais faire de la radio avec toute mon identité, avec le métissage que je peux avoir de par mes origines d’une part, et le métissage culturelle: quand tu habites en France, que t’as grandit en banlieue et aussi un peu en Afrique (Congo), que tu as des amis de partout etc… Ce brassage me manquait un peu, je voulais me retrouver moi.
Par ailleurs, j’avais parfois l’impression d’être la noire de service, alors qu’on ne me le faisait pas du tout ressentir. Mais ça venait de moi, culturellement, les affinités, les points communs ne son pas forcément les mêmes. Pourtant j’ai passé de superbes moments, j’ai rencontré des gens formidables mais à ce tournant là de ma vie, ça ne me suffisait plus.

C’EST CLAUDY SIAR QUI T’A RECRUTÉE ?

Oui. Une de mes amies était programmatrice musicale chez Tropiques. A dire vrai, depuis deux ans déjà, depuis Tarbes, je lui envoyais des maquettes pour faire partie de cette aventure. Je lui demandais de les faire écouter à Claudy Siar….sans succès dans un premier temps. Puis un jour ça a matché  et j’ai commencé pendant l’été 2011. Généralement on te fait débuter l’été pour te tester, tu fais des remplacements et la direction peut voir si ça se passe bien et dans ce cas, te garde si un poste se libère. Ce fut justement le cas pour moi. En septembre j’étais à l’antenne les week end puis j’ai eu la chance de faire des remplacements la semaine pour enfin avoir un créneau quotidiennement. J’ai enchaîné les saisons jusqu’à juin 2014. C’était vraiment génial de retrouver le live, les auditeurs m’ont très bien accueilli, tout s’est passé à merveille à l’antenne. De plus, on m’a donné l’après-midi, un créneau auquel j’étais habituée.

TRAVAILLER L’APRES-MIDI CONSISTE EN QUELQUES HEURES D’ANTENNE ET PAS UNE JOURNEE PLEINE

C’est vrai que souvent on me disait « ah mais tu travailles que 4 heures, c’est pas beaucoup ! ». Oui, mais il y’a du travail en amont et il faut être concentré pendant les 4 heures. Puis, on ne fait pas que de l’antenne, on gère aussi les réseaux sociaux, le téléphone, les auditeurs, etc…
C’est passionnant car c’est un métier où tu te challenges tout le temps parce que tu as toujours envie d’être bon pour divertir les auditeurs du mieux possible. C’est ça notre métier, accompagner les gens dans leur quotidien, car ils écoutent, même en cachette quand ils sont au travail (rires). C’est un métier de communication dans lequel les relations humaines sont très importantes, avec les auditeurs mais aussi avec ton équipe car on est tous liés les uns aux autres. Chacun doit y mettre du sien afin que la machine roule sinon ça ne fonctionne pas. Pour moi qui ai toujours aimé autrui et qui suis une vraie pipelette, je pense que c’est parfait.

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EN DEHORS DE LA RADIO ? ON TE RETROUVE AUSSI A LA TELEVISION ?

En effet  parallèlement à Tropiques FM  j’étais chroniqueuse dans l’émission Tantine sur la chaîne Télésud. J’ai commencé ces deux activités à peu près au même moment. C’est l’actuel animateur de la matinale de Tropiques, Rio, qui m’a mit sur le coup. Le feeling est tout de suite bien passé avec le producteur et le reste de l’équipe. Donc pendant un an et demi j’ai fait les deux. C’était un rythme de fou.

TELESUD ET TROPIQUES FM SONT DES MEDIAS ESSENTIELLEMENT TOURNÉS VERS LA CULTURE AFRO. EST-CE QUE C’ETAIT PERSONNELELMENT PLUS ENRICHISSANT ?

Sans aucun doute ! Grâce à la matinale Tantine, je me suis rendu compte que dans le milieu afro, il y a énormément de gens qui entreprennent, des musiciens africains qui ont faits des tournées avec les plus grands; mais dont on ne parle pas. Les acteurs du monde afro voulaient vraiment participer à cette émission qui représente une incroyable vitrine car Télésud rayonne dans l’Afrique entière et aussi en Europe. Et il faut admettre aussi qu’il n’y a pas beaucoup de médias dans lesquels ils peuvent faire leur promo. Quelques fois je faisais le lien entre me invités de la radio et ceux de l’émission.
Puis j’ai dû arrêter Tantine parce que c’était devenu incompatible avec mon emploi du temps, à cause de nouvelles activités à la radio. Ensuite il y’ a eu Africaine & Parisienne sur Demain TV.

EN DEHORS DE L’ASPECT TECHNIQUE, QUE REPRESENTE CE METIER POUR TOI ?

Petit à petit, je me suis rendu compte que je voulais faire de la radio, non seulement pour parler au plus grand nombre, mais j’ai trouvé un sens à cette vocation. Sur les questions identitaires et de représentation des noirs dans le monde, cela nous touche quand on est en France. Plus je grandis, plus j’ai de l’expérience et plus ça me parle. Je ne suis pas du tout dans la revendication ni dans le communautarisme, mais je fais ce métier parce que j’ai envie qu’on entende et qu’on voit plus de français comme nous. Je trouve que ça peut déjà sensibiliser, influencer ou ouvrir des voies. Il ne faut pas se mentir, en France, j’ai le sentiment que ces questions sont tabous, qu’elles mettent les gens mal à l’aise, alors qu’il n’y rien de mal, on soulève juste une lacune.
Je trouve que c’est dommage qu’on ne voit pas tous ces gens talentueux et ambitieux. Je pense que ça va venir mais pour l’heure, heureusement qu’il y’a les réseaux sociaux.

TU AS DONC LA VOLONTE DE FAIRE EVOLUER LES CHOSES ET D’ENTREPRENDRE ?

Il faut avoir le courage de se lancer, mais je pense que c’est un tout petit pas à faire. Plus j’avance et plus j’entreprends. Avant je faisais seulement, bien que j’ai toujours eu des idées en tête. Récemment, avec d’anciens collègues de Tropiques, on a lancé la web série « Dans ta radio ». Je trouve intéressant de montrer les coulisses d’une radio. Parce qu’on vit quand même des choses assez folles, qui nous font rire et pourraient aussi faire rire tout le monde. Puis on voulait aussi mettre en scène ces artistes qui font rayonner la musique caribéenne, donc  française partout dans le monde, mais dont on ne parle absolument pas en France. Souvent on les réduit au Zouk, alors que cette musique est très riche. Ce n’est pas que ça, elle est l’une des musiques les plus variées, tout comme la musique africaine.

Y A-T-IL  DES PERSONNALITES QUI T’INSPIRENT PARTICULIERTEMENT ?

Oui, et dans mes références il y’a vraiment de tout. De Laurent Ruquier à Thierry Ardisson en passant par Oprah Winfrey. Je m’intéresse beaucoup aux parcours des gens, ce qu’ils ont fait, par quoi ils sont passés. J’ai d’ailleurs lue l’autobiographie d’Oprah. C’est mon modèle absolu, par rapport à tout ce qu’elle a accompli.

EN REGARDANT TON PARCOURS, PENSES-TU AVOIR EU A SURMONTER PLUS D’OBSTACLES ?

C’est sûr que ce n’est pas facile de faire ce métier, surtout quand t’es jeune, que t’es une femme, tu ne connais personne et que tu veux entreprendre, on te regarde souvent du coin de l’œil.
Et si je dois parler de ma couleur de peau, ca n’a jamais été un problème. Ou alors on ne l’a pas dit franchement et je ne l’ai jamais su (rires).

QUELLES SONT TES ORIGINES ET EN QUOI T’ONT-ELLES AIDEE A TE CONSTRUIRE?

Mon père est congolais et ma mère métisse franco-sénéglaise. J’ai vécu au Congo Brazzaville de mes 3 à mes 10 ans, je ne m’en souviens pas bien mais mon regret est d’avoir oublié le lingala. J’ai donc eu une éducation africaine là-bas, une éducation plus européenne par ma mère et cela fait mon identité.
Puis, comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai été influencée par les Etats-Unis. J’adorais aller en vacances chez mes cousins pour écouter du Hip hop, du rnb et de la soul. On regardait tous les clips de MTV. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert des artistes comme Naughty by nature, Mary J Blige, Jodeci et TLC…En même temps j’aimais tous les groupes de Dance.
Mon père lui, écoutait énormément de reggae et était un grand fan de Stevie Wonder, il n’était pas très Koffi et compagnie (rires). Ma mère écoutait beaucoup de Funk, de disco donc, moi, mon trip c’était la musique.
Toutefois, je m’intéresse à plus de choses que ça : un peu de politique, de lifestyle, en ce moment ce qui me passionne ce sont les gens de mon âge qui entreprennent.

QUELLE EST TON ACTUALITE ?

Je vais participer à l’émission « On n’est plus des pigeons » sur France 4 et faire des reportages pour eux.
Tropiques FM c’est une page qui se tourne, j’ai d’autres choses à réaliser par moi-même, j’ai d’autres envies. Mais ça ne veut pas dire que je n’y reviendrai pas. Je veux faire plus de télé et la radio me tient à cœur donc j’ai envie de proposer d’autres choses. Cette radio (Tropiques) a un énorme potentiel, je pense qu’elle peut offrir encore plus de choses que ce qu’elle propose actuellement. Elle devrait entre autres être plus au fait de ce qui se passe et se créé dans la culture caribéenne.
Sinon, j’aimerai bien travailler avec l’Afrique aussi, je ne sais pas comment mais j’y réfléchi.

TOUS TES PROJETS RESTENT DONC DANS L’UNIVERS MEDIATIQUE ?

Les médias c’est vraiment ma passion, c’est ce pour quoi je pense être faite, en tout cas c’est ce que je fais de pas trop mal (rires). Même si ce n’est pas un métier facile car il y’a beaucoup d’appelés et très peu d’élus, j’y vais avec la détermination. Quand on regarde Oprah Winfrey, son enfance, son parcours, elle n’était pas destinée à accomplir une aussi belle carrière. Au-delà de sa vie personnelle, le contexte n’était pas du tout favorable pour les noirs.