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Guy LAFAGES, auteur-dramaturge engagé

Culture

Guy LAFAGES, auteur-dramaturge engagé

Par Keyza Nubret 24 septembre 2021

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Guy LAFAGES, dramaturge aujourd’hui professeur d’Arts plastiques, en publiant « L’impossible procès » et « Vendémiaire », nous révèle un pan de l’Histoire de la Guadeloupe et de la France.

Je vous propose de découvrir, incessamment, ma rencontre avec Guy Lafages. Nous nous sommes retrouvés au cœur de Pointe-à-Pitre, dans le magnifique décor que constitue « La Place de la Victoire ». Pour tout dire, nous ne pouvions songer à un autre endroit… Vous comprendrez pourquoi ! Guy Lafages est auteur-dramaturge. Il s’est révélé au grand public, il y a, à peine trois ans, avec la publication de « L’impossible procès » qui paraît aux Éditions L’Harmattan, en mars 2018. La création se fait, dans la foulée, c’est-à-dire au mois de juillet, au Festival de Fort-de-France. Le succès sera total et immédiat… Après la Martinique, près d’une trentaine de représentations vont se succéder en Guadeloupe, puis en France.

Guy Lafages

C’est de l’histoire de cette écriture, dont nous allons nous entretenir. Mais, j’étais tout aussi impatiente de connaître le sujet de sa nouvelle pièce : « Vendémiaire ». Rien que le titre m’intriguait suffisamment déjà ! J’imagine qu’à ma place, vous auriez vite fait de l’interroger : – Qu’est-ce que c’est ? Il vous le dira mieux que moi ! Je m’autorise, toutefois, à vous proposer un indice… Germinal, Floréal ou Brumaire, vous laisseraient-t-ils toujours dans l’incertitude ?Ça y est, vous y êtes ! Oui, Vendémiaire, nous rappelle l’histoire de la Révolution française. C’est à cette période qu’il nous ramène. L’auteur nous fait découvrir un autre pan mémorable de notre Histoire… Non, me dit-il, hâtivement : de l’Histoire de France ! Encore, nous faut-il l’assumer et savoir le représenter valablement, ajoutera-t-il !

Guy Lafages

Nous allons, en effet, commémorer, là, au mois d’octobre 2021, le 220e anniversaire des évènements qui verront les officiers Mulâtres et Noirs, de l’armée de Guadeloupe se soulever contre les injustices d’un certain Capitaine général nommé Lacrosse, envoyé du Premier Consul Bonaparte. Cette réaction de défiance se déroule le 29 Vendémiaire de l’An X, soit le 21 octobre 1801. L’histoire est palpitante. Ignace, Pélage, Delgrès, Richepance et ce Cochrane-Johnstone – lequel étant le Gouverneur de l’île voisine de la Dominique. – tels sont les principaux personnages qui vont nous transporter dans les méandres de la tragédie que l’on sait.

Guy Lafages

Et, faisant le lien avec « L’impossible procès » nous touchons bien à un genre théâtral, jusque-là, peu explorer chez nous : la tragédie. Dès lors que le destin de l’homme croise celui d’un territoire, un quelconque espace, il y a tragédie… En effet, dans les deux pièces, nous retrouvons ce rapport à la société, avec ses divergences. Alors, le théâtre, serait-ce un acte politique ? Tout est politique, m’affirme-t-il, sans hésiter ! Pour lui, écrire ne suffit pas, c’est le contenu qui vaut, pour toucher le public. Deux histoires fortes, deux moments importants de l’Histoire qui ont encore, en commun : La Place de la Victoire, comme lieu où se passe l’action.

C’est aussi, à cet endroit, qu’il souhaite monter le spectacle « Vendémiaire » au mois de mai 2022. Comment, avec quels accompagnements ? Il ne le sait pas encore ! Et, c’est tout le problème de la politique culturelle que l’on doit, ici, interroger. Comment des projets de cette ambition, ne pourraient-elles faire l’objet d’une commande, de la part des pouvoirs publics ? Comment saurions-nous mieux montrer cette partie de notre Histoire, quand, depuis quelques mois, une exposition est consacrée à Napoléon Bonaparte, au Grand Palais, à Paris ? Et, puisque nous y étions, comment pouvions-nous éviter de jeter un regard sur ce bâti en ruine qui jouxte La Place de la Victoire ? Il s’agit, bien entendu, de la Renaissance. En tant que citoyen et artiste passionné par sa discipline, il fait le constat déplorable que nous n’avons pas de théâtre en Guadeloupe. Non, nous n’avons pas de théâtre en Guadeloupe ! Il fait, aussi, vœu que ce lieu recouvre sa toute première vocation : celle de redevenir « le » théâtre de la Guadeloupe, comme nous le rappelle cette gravure de 1871. On ne peut songer à lui réserver, un autre sort ! affirmera-t-il avec gravité. Ce serait un atout de développement pour la ville et le meilleur moyen d’assurer une orientation professionnelle, au théâtre, chez nous. C’est une nécessité ! Nous ne savions pas qu’un appel à projet allait être lancé. Souhaitons qu’il soit entendu !