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Interview de S.Rise, Voice of Gwada

Culture

Interview de S.Rise, Voice of Gwada

Par Redaction NOFI 2 juillet 2018

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Par Pascal Archimède. D’origine guadeloupéenne, S.Rise évolue sur la scène Reggae-Dancehall londonienne depuis une dizaine d’années. Connu pour avoir posé sur une compilation avec des artistes comme Capleton, Sizzla, Lutan faya ou encore Franckie Paul, il a récemment fait la première partie de Kalash lors de son passage dans la capitale britannique. Entretien avec un artiste aux multiples facettes.

D’où te vient ton nom de scène S.Rise ?

Le S est la 1ère lettre de mon prénom (Sandro) et RISE veut dire « S’élever, Augmenter, Monter » en Anglais. Je voulais un nom de scène original qui véhicule un message fort et surtout qui donne une ligne directrice à ma carrière musicale. Quel que soit ce que je vis, mon nom de scène me rappelle qu’il faut aller de l’avant #LeDéveloppementContinue.

Peux-tu nous parler de ton parcours personnel et artistique ?

J’ai quitté la Guadeloupe pour Londres après mon Bac en 1999, avec comme objectif de parler anglais couramment. Une agence m’a trouvé un contrat de 8 mois en tant que serveur dans un hôtel du centre de Londres. Je n’y suis resté que 4 mois car il y avait trop de français et ma progression linguistique n’était pas assez rapide à mon goût. Je suis alors parti en immersion totale à Watford, petite ville a 30 minutes de Londres où j’ai occupé un poste de barman dans un pub. J’y suis resté 8 mois et là mon anglais s’est considérablement amélioré. Je suis ensuite retourné à Londres à la recherche d’un boulot plus rémunérateur. Lors d’une sortie en club avec des potes, j’ai rencontré Stevens (Alias Dundee) et Eddy (Alias Bengrim) du groupe Mic Dawa Crew. Ces deux rappeurs guadeloupéens m’ont inspiré et poussé à reprendre l’écriture et le mic.

Comment en es-tu arrivé au Reggae-Dancehall?

Étant fan de cette musique depuis le plus jeune âge, j’ai grandi en écoutant Bob Marley, Sizzla, Capleton, Buju Banton, Beres Hammond, Morgan Heritage ou encore Bennie man. Je suis arrivé sur la scène Reggae-Dancehall en tant que promoteur avant d’être artiste. En août 2004 j’ai organisé le Dancehall Kreyol à Londres en mettant en scène Admiral T, Mc Janik, Straika D et Sugar Moss. Puis, en Octobre 2004, j’ai mis en place le Junior Kelly Live avec les jamaïcainsJunior Kelly, Jah Mason et Chukki Starr. En 2005, des amis qui organisaient des soirées Afro- caribéennes (Mowe Connexions) dans la capitale britannique m’ont proposé d’être MC (Maître deCérémonie).

Mes compétences dans le domaine ont vite été remarquées et deux artistes, Dundee et Xp, m’ont très tôt invité à poser avec eux sur un de leurs titres en studio. Deux mois plus tard je revenais avec un titre solo intitulé Gwada. De 2006 à 2008 Dundee, Mad’Ras et moi faisions partie du collectif Musicalistik. Puis, en 2009 avec Dundee et K9 nous avons créé Frenglish connexion et avons sorti deux albums : Live Suite et Le Commencement. En 2010 j’ai enregistré mon premier titre solo, J’ai pas de bling bling, produit par DJ kaprisson. 2013 a été une année pleine de surprises. Un rêve d’enfance s’est réalisé : mon morceau Most High est sorti sur la compilation (Dreamland and Riddim) aux côtés de Capleton, Sizzla, Lutan faya et Franckie Paul. Puis j’ai été invité par JPMC (Just Promote My Culture) en Guadeloupe pour la 1ère partie de Sexion D’assaut : une performance inoubliable devant plus de 10 000 personnes.

Quel regard portes-tu sur le milieu de la Musique aujourd’hui ?

J’y porte un regard très positif, malgré tout ce que l’on peut entendre aujourd’hui sur le milieu. Pour moi tout est une question de paradigme. Le milieu Reggae-Dancehall bouge très vite, nos frères jamaïcains sortent de nouveaux morceaux et riddims tous les jours. On voit des combinaisons auxquelles on n’aurait jamais pensé par exemple entre rappeurs et artistes Reggae-Dancehall. Beaucoup d’artistes n’ont pas d’albums mais sont en tournée parce qu’ils sortent des singles qui deviennent des hits. Pour revenir un peu plus près de chez nous, on a un frère comme Kalash. Son premier album, « Kaos » sorti en 2016, est un véritable succès, certifié Disque d’or avec plus de 80 000 ventes et porté par les singles « Rouge & Bleu » en featuring avec Booba (certifié or) et «Taken » (certifié or). Après plus de deux ans de tournée à guichet fermé avec son live band en France et aux Antilles, dont un Olympia complet, son deuxième album Kalash devient disque de platine grâce au morceau  »Mwaka Moon » Tout cela m’inspire et me motive. Je me dis qu’il faut que je continue et surtout que je m’entoure de personnes positives qui visent l’excellence dans ce qu’ils font.

Pourquoi aujourd’hui le Reggae-Dancehall est-il aussi peu présent sur les ondes ?

C’est vrai que l’on n’entend pas du Sizzla ou du Capleton sur les radios mainstream comme on aimerait. Je pense que les messages conscients véhiculés par le Reggae ne sont pas mis en avant par un grand nombre de radios. La musique étant un outil de programmation très puissant, elle est utilisée par les médias à mauvais escient. Je m’explique, j’ai l’impression que beaucoup des morceaux mis en avant favorisent l’abêtissement de la population et non notre conscientisation. Ceci étant, je pense que nous avons tous une part de responsabilité. En tant qu’artistes, nous sommes responsables du contenu de notre musique. Puis viennent les DJs et les MCs qui jouent un rôle clef en soirées. A Londres nous avons la chance d’avoir des radios communautaires (pirates) qui ne jouent que de la musique consciente.

À titre personnel, tu as mené à terme #I’m not 4 sale, un projet de solidarité avec l’Afrique. Peux-tu nous en parler?

L’Afrique est notre terre mère, que nous vivions sur le continent ou que l’Afrique vive en nous, par conséquent en tant que communauté, nous sommes unis. Je condamne toute forme d’esclavage. Avec l’aide de Red Entertainment et Afro Culture nous avons créé la plateforme #iamnot4sale visant à sensibiliser sur le sort des migrants africains qui sont vendus en tant qu’esclaves en Lybie. Nous organisons des évènements en vue de lever des fonds pour ceux qui ont été directement affectés. Nous travaillons également de manière proactive à la prévention de la migration clandestine en passant par la Lybie, phénomène connu sous le nom de Backway, en soutenant des initiatives locales. Nous encourageons également la réinsertion sociale et professionnelle des migrants revenus de Lybie. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à visiter.

Quels sont tes prochains projets ?

Dans un premier temps, je continue la promo de mon Ep STRONG. Par ailleurs, de nouveaux singles sont à venir ainsi que des prestations scéniques dont S.Rise and friends le 5 juillet et une performance sur le char de Batuké durant le carnaval de Notting Hill le 27 août 2018. Restez connectés en me suivant sur Facebook; Twitter; sriseofficial Instagram ou encore sur mon site internet.

S.Rise se produira en première partie de Kalash, Movado et Asa Bantan lors du « Bémao Liv’ my Music », Urban Edition, en Guadeloupe samedi 8 décembre prochain ! Prenez vos billets ici ! 

 

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