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Les principales résolutions du premier congrès panafricain

Histoire

Les principales résolutions du premier congrès panafricain

Par Mathieu N'DIAYE 5 février 2018

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En février 1919, W. E. B. Du Bois et Ida Gibbs Hunt organisèrent le premier congrès panafricain. Leur tâche principale était de solliciter la Conférence de Paix de Versailles qui se tenait à Paris à cette époque.

Les principales résolutions du premier congrès panafricain

L’accord des autorités françaises à la tenue de la réunion fut obtenu grâce à Blaise Diagne, premier député noir du Sénégal élu en 1914 et à l’époque Commissaire Général du gouvernement français chargé des recrutements de soldats en Afrique.

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Le congrès réunit 57 délégués venus de quinze pays. Ce nombre est inférieur à celui initialement prévu. En effet, les gouvernements britannique et américain refusèrent de délivrer des passeports à leurs citoyens désireux d’y assister :

  • États-Unis
  • colonies françaises
  • Haïti
  • France
  • Liberia
  • colonies espagnoles
  • Abyssinie
  • colonies portugaises
  • Congo Belge
  • Égypte
  • Saint Domingue

Les puissances colonisatrices (la France, la Belgique les États-Unis et le Portugal) prirent part à ce rassemblement panafricains. C’est certainement leur présence qui explique les résolutions en demi-teintes du congrès. En effet, celui-ci condamna sans ambages les méfaits de la colonisation, mais ne s’opposèrent pas clairement contre son principe. Pire, les indépendances africaines ne furent à aucun moment évoquées.

Résolutions (1ère page) établies par 15 pays lors du premier Congrès panafricain, Paris, février 1919.

Résolutions (1ère page) établies par 15 pays lors du premier Congrès panafricain, Paris, février 1919.

Voici le compte-rendu final des résolutions prisent par le Congrès panafricain :

[Le Congrès exige :]

  • Que les Puissances alliées et associées établissent un code législatif international pour la protection des indigènes d’Afrique, semblable au projet de code international du travail.
  • Que la Ligue des Nations établisse un Bureau permanent spécifiquement chargé de surveiller l’application de ces lois pour le bien-être politique, social et économique des indigènes.
  • Les Noirs du monde entier demandent à ce que, dorénavant, les indigènes d’Afrique et les peuples de descendance africaine soient gouvernés selon les principes suivants :

La Terre. La terre et ses ressources naturelles seront à la disposition des indigènes, et à tous moments ils pourront jouir de la propriété effective d’une quantité de terre équivalente à celle qu’ils peuvent exploiter avantageusement.

Le Capital. L’investissement en capital et la cession de concessions devront seulement être régulés de manière à éviter l’exploitation des indigènes et l’épuisement du bien-être naturel du pays. Les concessions devront toujours être limitées dans le temps et soumises au contrôle de l’État. La croissance des besoins sociaux des indigènes doit être prise en compte et les profits taxés dans l’intérêt social et matériel des indigènes.

Travail. L’esclavage et les châtiments corporels seront abolis ainsi que le travail forcé, sauf en cas de condamnation pour crime, de plus, les conditions générales de travail devront être fixées et régulées par l’État.

4° Éducation. Chaque enfant indigène doit avoir le droit d’apprendre à lire et à écrire dans sa propre langue, et dans la langue de la nation mandataire, aux frais de l’État, ainsi que d’être instruit dans l’une des branches de l’industrie. L’État devra également former le plus grand nombre d’indigènes possible dans les écoles pour développer leurs capacités techniques et culturelles et entretenir un corps de professeurs indigènes.

L’État. Les indigènes d’Afrique doivent avoir le droit de participer au Gouvernement aussi vite que leur formation le leur permet, et conformé- ment au principe selon lequel le Gouvernement existe pour les indigènes et non l’inverse. Ils devront immédiatement être autorisés à participer au gouvernement local et tribal, selon l’ancien usage, et cette participation devra graduellement s’étendre, au fur et à mesure que se développent leur éducation et leur expérience, aux plus hautes fonctions des États ; de façon à ce que l’Afrique finisse par être gouvernée par le consentement des africains…

Chaque fois qu’il sera prouvé que les indigènes africains ne sont pas traités correctement au sein d’un État ou qu’un État, quel qu’il soit, exclut délibérément de son corps politique et de sa culture, ses citoyens civilisés ou ses sujets d’origine noire, il incombera à la Ligue des Nations de porter l’affaire à la connaissance du monde civilisé.

Source :

Langley, J. A., Ideologies of Liberation in Black Africa, 1856-1970. Documents on modern African political thought from colonial times to the present, Rex Collings, Londres, 1979, p. 740.