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« Comment un coiffeur sans hygiène m’a gâché la vie »

Santé

« Comment un coiffeur sans hygiène m’a gâché la vie »

Par Sandro CAPO CHICHI 28 novembre 2017

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Ilanda Takwey, un résident du Royaume-Uni d’origine congolaise, a expliqué comment une seule coupure causée par une tondeuse sale lui a causé une terrible infection dont il ne pourra jamais effacer les séquelles.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Dans un entretien accordé à nos confrères de Channel 5 News, Ilanda Takwey a raconté son expérience malheureuse auprès d’un coiffeur britannique qui lui a causé une infection causée par un champignon derrière sa tête particulièrement visible et et selon lui inesthétique.

Ilanda Takwey

« Ca a commencé à me gratter, j’ai eu des tâches de sang sur mon col et sur mon oreiller.(…) Le médecin a du m’injecter des stéroïdes 15 fois à l’arrière de ma tête en un seul rendez-vous. C’était tellement douloureux l’an dernier que quand elle a appuyé sur la seringue, la seringue ne voulait pas rentrer, elle a donc appuyé encore plus fort, c’est fini par rentrer et elle a commencé à injecter et à injecter encore ».

ilanda takwey

Dans certains entretiens d’embauche, j’ai l’impression que des sociétés refusent de m’embaucher à cause de ce que j’ai derrière la tête. Cela détruit la vie des gens ».

Ilanda Takwey a ensuite écrit au Ministère de la Santé du Royaume-Uni qui lui a fait savoir que la profession de coiffure n’étant pas réglementée en Grande-Bretagne et qu’aucune qualification n’était nécessaire à l’exercice de la profession de coiffeur dans ce pays. Dans le reportage est aussi retranscrit l’opinion d’un expert de l’hygiène dans les salons de coiffure sur des photos d’établissements de coiffure aux normes qu’il juge absolument insuffisantes.

En France

Si le mini-reportage britannique ne tire aucune conclusion spécifique sur une éventuelle prépondérance du problème parmi la communauté noire du pays, elle pose la question des problèmes d’hygiènes associés aux salons de coiffure afro-parisiens, notamment ceux du quartier de Château d’Eau. En 2014 en effet, dix-huit anciennes employées d’un salon de coiffure du secteur avaient porté plainte contre leurs anciens employeurs  pour travail dissimulé, rétribution inexistante ou insuffisante, emploi de personnes en situation irrégulière, soumission de personnes à des conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine en abusant de leur vulnérabilité ou de leur situation de dépendance, ainsi que diverses infractions aux règles d’hygiène et de sécurité avant d’obtenir gain de cause deux ans plus tard.

Ce type de constats n’est malheureusement pas rare dans le secteur de Château d’Eau. Il y a fort à parier que nombre de ses salons présentent des problèmes d’hygiène et un manque de qualification chez ses coiffeurs pouvant conduire à des infections du type de celle qui a accablé Ilanda Takwey en Grande-Bretagne, voire pire, comme les formes d’hépatite ou le VIH.

Il convient aussi de rappeler l’importance tout à fait complémentaire  de deux étapes dans la prévention de la transmission de maladies par le biais de tondeuses infectées: la stérilisation et la désinfection.

La première étape nécessitera un stérilisateur, qui idéalement prendra la forme d’un appareil qui à l’aide de ses rayons ultra-violets, permettra d’éliminer la plupart des organismes présents sur les tondeuses. Le travail devra ensuite être complété par la désinfection produite à l’aide d’un produit imbibé sur du coton pour nettoyé l’appareil spécialisé. Au cours de mon expérience dans les salons de France et d’Afrique, je n’ai jamais été témoin de l’utilisation par un coiffeur passant d’un client à un autre en utilisant un appareil stérilisateur. Ces salons utilisaient-ils des manières alternatives mais efficaces de stériliser les tondeuses? La question mérite d’être abordée avec les coiffeurs eux-mêmes, après vous être vous-mêmes documentés sur les produits utilisés.

En Afrique

En Ethiopie et au Nigéria, des études ont été menées en 2012 et 2009 respectivement. Les résultats, inquiétants, ont par exemple montré que plus de la moitié des coiffeurs éthiopiens interrogés avaient une compréhension erronée de la pratique de la stérilisation et que seulement 11% des coiffeurs nigérians inclus dans l’étude en faisaient usage.

Une solution pouvant éviter aux clients de certains salons de coiffure manquant d’hygiène de prendre le risque d’être infectés est d’investir dans une tondeuse, un stérilisateur et des produits désinfectants. Le client apporterait ainsi son propre matériel au coiffeur. Bien sûr, parce que tout le monde ne peut s’offrir un tel matériel et que beaucoup de coiffeurs respectent totalement les conditions requises à la bonne hygiène, la meilleure solution serait pour le client d’interagir et d’échanger avec son coiffeur. De ces échanges, la réputation des uns et la santé des autres ne peuvent que sortir gagnantes.