Les Afro-descendants et la maladie de Parkinson

Des études scientifiques ont suggéré un rapport particulier entre Blancs, Noirs et la maladie de Parkinson.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

La maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson est causée la perte d’une partie des neurones, les neurones dites dopaminergiques. Comme leur nom l’indique, ces dernières fabriquent la dopamine, un neurotransmetteur qui permet au cerveau de contrôler les mouvements du corps. La perte progressive de ces neurones contraint les victimes de la maladie à recréer avec beaucoup d’efforts des mouvements qui étaient autrefois réalisés automatiquement.

Muhammad Ali & Jesse Jackson

La victime de la maladie de Parkinson la plus célèbre au monde est très probablement le boxeur Muhammad Ali diagnostiqué comme souffrant de la maladie en 1984, trois ans après son retrait des rings.

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Muhammad Ali montrait déjà des signes associés à la maladie de Parkinson dans une interview télévisée en 1981, peu avant son dernier combat avec Trevor Berbick

Plus récemment, en novembre 2017, l’ancien ami de Muhammad Ali, le révérend, homme politique et activiste du mouvement des droits civiques américain Jesse Jackson a à son tour publiquement annoncé avoir été diagnostiqué de la maladie de Parkinson.

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Muhammad Ali et Muhammad Ali, deux victimes afrodescendantes de la maladie de Parkinson

Cette présence de deux Afro-Américains parmi la liste des personnalités touchées par la maladie de Parkinson pourrait laisser penser à une prédominance de cette maladie chez les afro-descendants, comme c’est par exemple le cas pour le cancer de la prostate.

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Jesse Jackson et Christiane Taubira en 2016

En effet, bien qu’il ait largement été suggéré que Muhammad Ali eût été victime de la maladie de Parkinson en recevant de manière répétée des coups au visage durant sa carrière de boxeur, aucune conclusion définitive à ce sujet n’a pu être apportée par la médecine. La prééminence de facteurs génétiques et environnementaux dans la maladie de ‘The Greatest’ est donc pas impossible.

Les afro-descendants et la maladie de Parkinson

Des études scientifiques ont toutefois suggéré un scénario inverse. ‘Worldwide occurrence of Parkinson’s disease: an updated review’, une étude de 1993 par Zhang & Roman a par exemple constaté que l’Afrique Noire, la Chine et le Japon étaient les régions du monde où la maladie de Parkinson avait la prévalence la moins élevée.  Cette présence peu élevée de la maladie chez les populations afro-descendantes en général avait déjà été suggérée par des études précédentes conduites aux Etats-Unis chez des Afro-Américains, ainsi qu’en Afrique noire, au Nigéria et au Zimbabwe notamment.

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L’acteur Michael J. Fox a été diagnostiqué de la maladie de Parkinson en 1992

L’étude de 2004 de McInerney-Leo et al. ‘Prevalence of Parkinson’s disease in populations of African ancestry: a review’ ont toutefois suggéré que les corrélations  entre faible prévalence de la maladie de Parkinson et les Afro-descendants étaient principalement dues à des biais dans la recherche plutôt qu’à des véritables facteurs propres aux catégories ethniques.

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Le Pape Jean-Paul II a été diagnostiqué en 2001 de la maladie de Parkinson

Un travail plus récent, l’étude de 2009 de Yacoubian et al. ‘Racial differences in Parkinson’s disease medication use in the reasons for geographic and racial differences in stroke cohort: a cross-sectional study’ a confirmé d’une manière différente la prévalence de la maladie de Parkinson chez les Américains d’origine européenne que chez les Afro-descendants. L’outil d’évaluation de cette différence mobilisé dans cette étude est l’utilisation de traitements médicamenteux contre la maladie de Parkinson chez un nombre approximativement égal d’Américains blancs et noirs. L’étude a montré, alors qu’il n’existait pas de telles disparités ‘ethniques’ dans l’utilisation de traitements contre d’autres maladies, que les traitements utilisés contre la maladie de Parkinson étaient pratiquement deux fois moins acquis par des Noirs (0, 97% vs 0,51% contre 0,71% sur l’ensemble de l’échantillon). L’étude a aussi montré que les hommes utilisaient davantage des traitements contre la maladie de Parkinson que les femmes (0,97% contre 0,61%), laissant entrevoir une possible corrélation entre  maladie de Parkinson et sexe.

Prévenir, ralentir, mais pas (encore guérir)

La maladie de Parkinson est souvent associée, chez un patient, à la présence de deux des trois symptômes suivants, notamment lorsqu’ils se produisent sur un seul des deux côtés du corps:
-L’akinésie, c’est à dire une certaine lenteur à commencer à produire des mouvements;
-Des tremblements au repos
-La raideur du corps, notamment dans la posture

Il existe à l’heure actuelle des traitements permettant de diminuer l’impact de la maladie, notamment en augmentant le taux de dopamine chez les patients. Si la recherche continue de chercher une solution à ce mal, celui-ci échappe malheureusement à la sagacité des chercheurs.

Pour en savoir plus :

A McInerney-Leo (2004), Prevalence of Parkinson’s disease in populations of African ancestry: a review

TA Yacoubian (2009), Racial Differences in Parkinson’s Disease
Medication Use in the Reasons for Geographic
and Racial Differences in Stroke Cohort: A Cross-Sectional Study

Zhang ZX & GC Roman (1993), Worldwide occurrence of Parkinson’s disease: an updated review

www.franceparkinson.fr

http://www.aljazeera.com/news/2016/06/head-trauma-muhammad-ali-parkinson-disease-160605063724682.html

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