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Sheroes TV : un programme qui met en lumière les battantes de l’ombre

Société

Sheroes TV : un programme qui met en lumière les battantes de l’ombre

Par Sandro CAPO CHICHI 2 mars 2017

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Programmé à partir du 3 mars 2017, « (s)heroes tv est une série de portraits qui met en exergue des femmes d’exception à travers le monde. Des « super-héroïnes » qui brillent par leur réussite personnelle et professionnelle. »

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

A l’heure où j’écris cet article, les reportages et émissions sur les femmes noires françaises ‘du quotidien’ se multiplient. On en veut pour preuve le cas de l’entrepreneure franco-sénégalaise Fati Niang, qui sera l’objet d’au moins deux de ces projets en 2017. L’un de ces deux derniers est celui de Sheroes TV dont je vais parler ici. Je ne doute pas que ces reportages aient des messages aussi intéressants que différents à faire passer au public. Toutefois, il n’est pas impossible que la multiplication de ces programmes ne cause pas une sorte de saturation conduisant le public à choisir de ne se limiter qu’à un nombre restreint d’entre eux.

Pour se démarquer de la masse, Sheroes TV dispose peut-être d’un avantage: l’association assez originale de la journaliste Cathy Thiam et de l’artiste éclectique Serge Kponton. Ce dernier, qui multiplie les supports pour faire passer son message artistique (peinture, photographique, bodypainting, storytelling, réalisation audiovisuelle) est également un aimant pro-actif à tendances. Plus que simplement les suivre toutefois, Kponton s’applique régulièrement à les surpasser en originalité.

Poussant une certaine manière la technique artistique du clair-obscur à son extrême, ses images ne rendent parfois ses modèles par des simples lignes lumineuses, donnant parfois l’impression de les représenter avec une calligraphie de lumière.

Le concept
Le concept de Sheroes TV est de fournir aux jeunes femmes issues de la diversité des exemples de réussite. Des femmes d’exception sont ainsi comparées à des super-héroïnes par leur parcours professionnel, leur parcours initiatique et la réalisation de leur mission. Ces parcours difficiles et sinueux sont mis en avant dans le cadre d’une entrevue avec la journaliste Cathy Thiam. Grâce à son professionnalisme décontracté, elle permet à son interlocutrice de se confier en toute honnêteté et en toute intimité. Les morceaux d’interview sont entrecoupés de séances de bodypainting où l’artiste peint sur la peau même de la Sheroes un ‘costume’ fait de lignes et de signes imaginés par Serge Kponton, qui traduisent l’histoire du parcours de la muse.

Le résultat

Fati Niang interviewée par Cathy Thiam pour Sheroes TV

Fati Niang interviewée par Cathy Thiam pour Sheroes TV

Dans le premier épisode auquel NOFI a eu l’occasion d’assister en avant-première, c’est la restauratrice Fati Niang, créatrice de Black Spoon, le premier foodtruck africain, qui est mise à l’honneur. Le parcours de cette entrepreneure brillante et attachante qui ‘touche aujourd’hui les étoiles’, multipliant les collaborations prestigieuses n’a pas toujours été facile. Le spectateur le verra et en tirera à coup sûr un message inspirant et le guidant vers ses rêves au-delà des difficultés universelles dressées par la vie. Les épisodes suivants mettront en scène des Sheroes au parcours particulièrement intéressant comme Jocelyne Béroard de Kassav’ ou encore la journaliste Kareen Guiock.

Ne manquez pas le premier épisode de Sheroes à partir du 3 mars 2017 en exclusivité sur www.sheroestv.com !

PS / (Petite) critique

Si j’encourage fortement le lecteur à se rendre sur le site sheroestv.com à partir du 3 mars 2017 pour y visionner le programme, je me permettrai modestement quelques critiques. Les interviews sont très bien menées par Cathy Thiam et la qualité du travail visuel de Serge Kponton est indéniable. Toutefois, j’ai parfois eu du mal à percevoir l’interface entre les deux. J’ai comme ressenti un manque de continuité entre les interviews de Cathy Thiam (leur ambiance, leur  rythme, leur message), les séances de body painting de Serge Kponton et le récit qu’elles sont censées évoquer conjointement. Cette absence de continuité que j’ai perçu est peut-être due à mon impossibilité à comprendre-à fortiori dans le cadre d’une séance de cinéma-la signification de son bodypainting et le rapport à l’histoire qu’il raconte. Ma conception d’une oeuvre d’art réussie est qu’elle doit parler facilement à tous, ce qui n’a pas nécessairement été le cas. Une suggestion serait peut-être de lier les entrevues et les séances de bodypainting d’un point de vue musical ou d’entrecouper les propos de l’interviewée avec des gros plans sur le travail de l’artiste pour mieux saisir leur rapport. Il ne s’agit toutefois là que d’une suggestion basée sur une impression qui ne sera peut-être pas partagée par le reste du public. Peut-être s’agit-il aussi de l’originalité d’un concept, qui par sa nouveauté déroute nécessairement et qui le temps et les épisodes passant, parleront à tous comme une langue étrangère s’éclaircit au fil d’un séjour en immersion.