Anansi, la facétieuse araignée du folklore ouest-africain et caribéen
Culture

Par Makandal Speaks 5 janvier 2017
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Anansi est un personnage incontournable de la mythologie des Akans dont les histoires ont depuis des temps immémoriaux été une base morale pour de nombreuses populations d’Afrique de l’Ouest et des Caraïbes.
Les contes d’Anansi sont extrêmement populaires au sein du peuple Akan du Ghana, de Cote d’Ivoire et du Bénin. Ces récits dont il est le héros se transmettaient traditionnellement à l’oral. Quoi de mieux, en effet , pour narrer les exploits de cette araignée maniant le verbe avec virtuosité et sapience ? Anansi l’araignée oppose, au fil de ses aventures, sa ruse à des forces supérieures, généralement avec brio.
Il existe une myriade d’histoires mettant en scène Anansi. Elles sont enracinées dans les légendes ouest-africaines où les dieux, les hommes, les animaux, et les plantes interagissent les uns avec les autres. La plus célèbre d’entre elles reste cependant celle qui relate la manière dont Kweku Anansi devint un homme araignée*:
Nyame et Anansi
Il y a fort longtemps, aucune histoire n’existait Toutes étaient la possession de Nyame, Dieu suprême Akan. C’est dans ce contexte qu’Anansi se présenta à l’omniscient et omnipotent Nyame afin de lui demander combien lui coûterait les histoires qu’il convoitait. Fatigué par l’insolence d’Anansi, Nyame le changea en araignée et lui ordonna de capturer Onini le Python, Osebo le Léopard, et Mboro le Frelon qui accablaient, à cette époque, le peuple Akan n’ayant pour seul salut que d’implorer chaque jour l’aide de Dieu dans ses prières. Anansi, notre « Spider-man » africain n’eut d’autre choix que de se lancer dans cette périlleuse quête.
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Il alla d’abord à la rencontre d’Onini le Python. Usant de sa ruse, Anansi demanda à Onini s’il était réellement plus long qu’une branche de palmier. Afin de le lui prouver, Onini s’allongea le long d’une branche de palmier. Parce qu’Anansi n’arrivait pas à se faire une idée de la taille du Python, car celui-ci n’était pas droit comme un « i », il lui proposa de l’attacher à la branche avec des cordes afin de pouvoir estimer sa longueur réelle. Onini tomba dans le piège et accepta. Une fois entravé, Anansi le livra à Nyame.
Anansi se chargea ensuite d’Osebo le Léopard. Afin de le capturer, l’homme-araignée élabora un stratagème simple, mais efficace. Il creusa un trou très profond dans lequel le félin chuta. Anansi lui proposa son aide en tissant une toile pour le hisser hors du trou. Le léopard parvint à sortir, mais il était englué dans la toile de l’araignée. Ainsi immobilisé Anansi le livra à Nyame.
Arriva enfin le tour de Mboro le Frelon. Pour le capturer, Anansi remplit une calebasse d’eau et versa quelques gouttes au-dessus de la ruche, simulant une averse. Anansi proposa alors à Mboro et ses frelons de s’abriter dans la calebasse. Lorsque les frelons y entrèrent, Anansi la scella aussitôt et la remit à Nyame.
Pour avoir accompli sa mission et s’être montré plus malin que tout ses adversaire, Nyame récompensa Anansi en faisant de lui le dieu de toutes les histoires.
Anansi dans la diaspora africaine
Les « Anansesem« , les contes de l’araignée, furent si profondément inscrits dans les mémoires Akan que même la cruauté de la traite négrière transatlantique ne put l’effacer. Ces fables africaines ont traversé l’océan et se sont adaptés aux réalités du Nouveau Monde. En territoire hostile, les histoires d’Anansi devinrent un véritable symbole de résistance aux avanies de l’esclavage. En effet, quoi de mieux que la ruse et la maîtrise de l’art du subterfuge de notre araignée africaine comme source d’inspiration pour les captifs.
Les contes de l’homme araignée se sont donc propagés aux Antilles, au Suriname, au Sierra Leone (où ils furent introduits par les Nègres Marrons jamaïcains) et dans les Antilles néerlandaises. Mais se sont surtout les versions jamaïcaines de ces histoires qui sont les mieux conservées. La Jamaïque avait, en effet, la plus grande concentration d’Akan de tout le Nouveau Monde. Voici différents noms d’Anansi aux Amériques :
- Bru Nansi (Îles Vierges)
- Annancy (Jamaïque, Grenade, Costa Rica, Colombie, Nicaragua)
- Anansi (Trinité-et-Tobago)
- Anansi Drew (Bahamas)
- Tante Nancy (Caroline du Sud)
- Cha Nanzi (Aruba)
- Kompa Nanzi (Curaçao, Bonaire)
- Ba Anansi (Suriname)
- Ba Yentay (Jamaïque, Caroline du Sud)
Plus qu’un simple ensemble de contes et légendes, Anansi représente un socle commun à de nombreux africains du continent et de la diaspora. Ce bijou du patrimoine culturelle africain mériterait d’être mis à l’honneur et transmis à notre jeunesse qui est notre lien à l’avenir.
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