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Lil’ Wayne : « Je n’ai jamais subi de racisme »

Société

Lil’ Wayne : « Je n’ai jamais subi de racisme »

Par Sandro CAPO CHICHI 17 septembre 2016

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Le rappeur américain s’est exprimé il y a quelques jours chez nos confrères de Fox Sports.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Interrogé par Skip Bayless dans l’émission Indisputed à propos sa perception des relations raciales dans les Etats-Unis d’aujourd’hui, le rappeur a déclaré « Dieu merci, je n’ai jamais -et jamais est un mot très fort- jamais subi de racisme (…) C’est ma réalité. Je pensais que ça n’existait plus, je pense toujours que ça n’existe plus, mais apparemment, ça existe. »(…) « quand je suis sur scène et que j’ouvre les yeux, je vois tout le monde. Je n’ai jamais eu qu’un type de public. Mon public a toujours été composé de tout le monde. (le racisme) n’est pas cool pour (les gens de la génération Y) ».

Souvent très critiqué pour ses propos naïfs et inappropriés, Lil’ Wayne s’est une nouvelle fois fait railler dans la presse et les réseaux sociaux. Nos confrères de USA Today ont à juste titre pointé du doigt deux prises de position passées de l’artiste qui semblent contredire ses récents propos. Ainsi, en 2012, il avait déclaré avoir été discriminé à l’entrée d’un court de basketball à cause de sa couleur de peau et en 2014, il avait publiquement condamné l’ex-propriétaire des Los Angeles Clippers Donald Sterling pour ses propos racistes. Mais accordons le bénéfice du doute à l’intéressé ; ne dit-on pas après tout qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ?

Derrière ces propos apparemment sans grande importance de Lil’ Wayne se cache une problématique plus intéressante. Il n’est pas en effet, le premier rappeur à déclarer que l’intérêt généré par le hip-hop chez de nombreux jeunes Blancs avait beaucoup fait reculer le racisme. Se pose alors une autre question : le hip-hop et son influence sur le racisme dans les générations futures.

En premier lieu, comme cela fut justement remarqué par Shannon Sharpe, l’ex-footballeur américain présent sur le plateau de Fox Sport avec Lil’ Wayne, le racisme d’une société ne peut être perçu de la même manière par une célébrité issue d’une minorité que par le reste de sa communauté. L’expérience de Lil Wayne ne peut donc pas servir de référence pour juger de l’évolution du racisme.

A mon avis, un autre problème est la durée de cet intérêt.  Je serais curieux de savoir dans quelle mesure le rap et les rappeurs demeurent des modèles pour les jeunes Blancs, si cette identification ne coïncide pas avec cette période de rébellion que constituent l’adolescence et le début de l’âge adulte.

Si même elle les dépasse, et qu’elle voit la création d’une génération d’adultes Blancs Américains acceptant de considérer les Noirs comme leurs égaux, rien ne dit que ces Blancs acceptent de reconnaître qu’ils sont toujours des bénéficiaires du racisme hérité des périodes antérieures de l’histoire américaine; que la société américaine les avantagerait au détriment des autres minorités. De leur côté, les Noirs Américains étant un peuple- contrairement à d’autres minorités américaines comme les Asiatiques- historiquement très porté sur la dénonciation des inégalités dont ils se jugent victimes, on peut penser que se produiront de nouvelles manifestations d’hostilité à l’égard des Noirs Américains par leurs compatriotes blancs, qu’ils aient ou non grandi en écoutant du hip-hop.