Ganvié, la ‘Venise africaine’ bâtie par des populations fuyant l’esclavage

Ganvié est un village lacustre de plus de 20000 habitants fondé au 18ème siècle au sud du Bénin.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Certains d’entre nous ne le savent pas, mais si la ville de Venise en Italie est aujourd’hui considérée comme une destination de vacances privilégiée, cela n’a pas toujours été le cas. Rappelons qu’il aura fallu une invasion du terrible roi barbare Attila des Huns pour forcer les habitants de la région à fonder Venise. C’est généralement ce type de scénario qui entraîne l’établissement de cités ou de villages sur l’eau.

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On en trouve un exemple au sud du Bénin, où au 18ème siècle aurait été fondé le village de Ganvié et qui témoigne d’une forme de résistance héroïque et ingénieuse  à l’esclavage comme on a pu en trouver plus tard en Amérique. Le nom de Ganvié signifie « enfin à l’abri » en tofin, la langue de l’ethnie majoritaire de sa population. Il témoigne de l’histoire de la fondation de la ville par des populations fuyant les raids des rois de Dahomey pour se procurer des captifs notamment pour les vendre en esclavage à partir de la première moitié du 18ème siècle. Grâce à leur maîtrise de la conduite des barques et du combat naval, notamment grâce à l’utilisation de javelots , d’harpons, de cocktail molotovs et d’armes à feu, ils allaient parvenir à décourager les assaillants de Dahomey dans leur tentative de les capturer. Toujours à cause de cette menace, le village allait continuer à se peupler jusqu’au 19ème siècle.

Crédit Photo : Laurence Thurion
Crédit Photo : Laurence Thurion

Contrairement à Venise qui allait s’enrichir en tant que carrefour du commerce maritime fructueux entre l’Empire byzantin, l’Afrique du Nord et l’Europe de l’Ouest, Ganvié allait littéralement s’isoler du monde extérieur. S’il n’allait pas permettre à ses habitants de s’enrichir comme ce fut le cas des Vénitiens, il allait leur permettre de vivre des ressources qui leur étaient allouées. Toutefois, un premier événement allait perturber cet environnement.

Arrestation de Béhanzin par les Français

Il s’agit du différend entre le roi Béhanzin de Dahomey, qui refusait l’ouverture de la lagune de Cotonou par les Français en 1885, différend qui allait à terme entraîner la guerre franco-dahoméenne, la colonisation française dans la région mais aussi le déversement d’eau salée dans les eaux de la zone de Ganvié raréfiant par là l’eau potable s’y trouvant autrefois. Allait alors se développer une vente d’eau potable dont allaient largement bénéficier l’administration coloniale française. Bien que promu comme une destination touristique, la région de Ganvié reste aujourd’hui l’une des zones à la mortalité infantile la plus élevée du pays et où l’absence d’infrastructures par le gouvernement béninois rend malheureusement pessimiste sur l’avenir de cette région. Espérons que les habitants de Ganvié et les autres Béninois sauront montrer au monde à travers le futur de Ganvié que l’ingénuité et la résistance contre l’injustice peuvent aussi constituer un passeport vers un avenir radieux.

Crédit Photo : Candide Lohounge
Crédit Photo : Candide Lohounge

Pour en savoir plus : 
Elisée Soumonni (2003), Lacustrine Villages as refuges from the Slave Trade

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Résistance africaine à l’esclavage : La révolte de Calabar (1767)

 

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