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African Strategies : Stéphanie Césaire, la Martiniquaise qui a conquis le milieu de la maroquinerie parisienne de luxe

Entrepreneuriat

African Strategies : Stéphanie Césaire, la Martiniquaise qui a conquis le milieu de la maroquinerie parisienne de luxe

Par Sandro CAPO CHICHI 3 décembre 2014

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Forte du patronyme du plus grand poète noir de l’histoire, la Martiniquaise Stéphanie Césaire a trouvé le moyen de pousser l’excellence dans un tout autre domaine artistique, celui de la maroquinerie de luxe. Portrait de cette artiste et entrepreneuse inspirée par ses racines et qui compte notamment parmi ses clients Michelle Obama.

Par African Strategies
African Strategies : « Un groupe d’entrepreneurs et de spécialistes des sciences humaines d’origine africaine vous donnent des clés et des pistes inspirées des traditions et l’histoire africaines pour rencontrer le succès dans l’entrepreneuriat et dans vos projets en général, le tout dans un langage clair et concis ».
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Parcours
Si Stéphanie Césaire n’est pas apparentée au grand poète Aimé Césaire, elle en partage le nom et les racines martiniquaises. Métisse par ses parents, elle hérite du goût de la couture par le biais de sa grand-mère. Un héritage ancestral qui va la conduire à des études de stylisme modélisme à l’Atelier Letellier à Paris où son excellence la couronnera meilleure élève de sa promotion. Elle va ensuite poursuivre son apprentissage dans des maisons de maroquinerie parisienne prestigieuses comme Guy Laroche, Lagerfeld Gallery et Kenzo.

Stéphanie Césaire, Patrick Aglaé et la célèbre réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy

Stéphanie Césaire, Patrick Aglaé et la célèbre réalisatrice martiniquaise Euzhan Palcy

Le savoir-faire, les connexions et l’expérience accumulés auprès de si prestigieuses institutions vont l’amener à créer sa propre marque, en 2007. Et pas dans n’importe quel cadre : près de la Concorde dans le premier arrondissement parisien, le plus luxueux quartier de la ville. Aujourd’hui, Stéphanie Césaire continue à collaborer avec de grands noms de maroquinerie parisienne tels que Chloé, Nina Ricci, Albert Elbaz ou Karl Lagerfeld tout en exprimant totalement sa créativité à travers sa marque.

Le ‘coup de patte’ martiniquais

Stéphanie Césaire le reconnaît. Le nom de famille qu’elle partage avec le grand Aimé Césaire étant bien connu du public, elle a choisi de l’utiliser pour sa marque, notamment pour attirer l’attention. Outre son nom même, le caractère antillais de la marque est très présent dans ses créations.

La Grande Robe antillaise et le sac 'Grande Robe' de Césaire

La Grande Robe antillaise et le sac ‘Grande Robe’ de Césaire

On y retrouve notamment des modèles intitulés ‘Grande robe’ et ‘Madras’ inspirés par ces objets piliers de la culture caribéenne.

Le tissu madras (en haut) et le sac Césaire 'Madras' (en bas)

Le tissu madras (en haut) et le sac Césaire ‘Madras’ (en bas)

On retrouve aussi, parmi les modèles de Césaire, la nageuse Coralie Balmy.

Coralie Balmy pose pour Césaire

Coralie Balmy pose pour Césaire

Bien qu’elle ait choisi de ne pas révéler tous ses clients les plus prestigieux, le nom de l’une d’entre elles a cependant ‘fuité’, il s’agit de celui de la Première Dame des Etats-Unis Michelle Obama, dont ler seul nom, associé aux sept ans d’existence de la marque Césaire contribuent à illustrer son succès.

Que retenir du parcours de Stéphanie Césaire selon le prisme d’African Strategies?

Que malgré son talent démontré à l’Atelier Letellier, son seul talent n’aurait certainement pas suffi à créer sa propre boutique à la Concorde avec des articles de qualité et rencontrant un tel succès. Son long apprentissage avec Albert Elbaz, Charles Jourdan, Karl Lagerfeld et d’autres lui a certes appris un savoir-faire, mais lui a aussi donné des connexions dans l’optique de sa conquête du marché. Si l’on veut traduire son expérience avec une métaphore militaire, on dira que Stéphanie Césaire n’aurait certainement pas pu lancer conquérir sa boutique sans sa formation chez les maîtres artificiers que sont les Lagerfeld, Elbaz et autres. En s’entraînant chez eux, elle a non seulement acquis une maîtrise des armes, mais aussi des munitions. Pour les obtenir, elle a procédé un échange entre maître et apprenti ; entre pouvoir et contribution à un projet. Cette formation chez des grands est un passage fort utile pour accroître ses compétences et ses relations, a fortiori dans le domaine du luxe. C’est probablement ce facteur, allié à l’exceptionnel talent de Stéphanie Césaire, qui lui a permis de réussir. Un exemple historique montre o combien ce type de stratégies se révèle souvent gagnant.

Afonso I de Kongo par Sandro CAPO CHICHI

Afonso I de Kongo par Sandro CAPO CHICHI

Mbemba a Nzinga (1456–1543) était un prince du royaume de Kongo qui par le système traditionnel de parenté kongo, ne pouvait hériter du trône de son père Nzinga a Nkuwu. Alors que son demi-frère Mpanzu a Nzinga allait devenir roi, Afonso, décida de s’allier avec les Portugais, qui étaient à Kongo pour évangéliser son peuple et son roi. Sans le soutien des Portugais, Mbemba a Nzinga n’aurait très certainement pas pu conquérir le trône. En s’évangélisant et en évangélisant les siens comme le souhaitaient les Portugais, il reçut d’eux la supériorité technologique et militaire qui lui permit de vaincre Mpanzu a Nzinga et de devenir, sous le nom d’Afonso 1er, roi du Kongo, l’un des plus anciens royaumes catholiques d’Afrique noire.

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