Neïba

Les monolithes en pierre des Bakor du Nigéria

Histoire

Les monolithes en pierre des Bakor du Nigéria

Par Noella 2 octobre 2014

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Chez les peuples bakor de la région Cross River du sud-est du Nigéria se trouvaient plus de 300 anciens monolithes allant jusqu’à plus d’un mètre quatre vingt de haut. Représentant des personnages héroïques, elles remontent, pour certaines, à 200 après notre ère et demeurent uniques dans l’Afrique et plus généralement dans le monde noir.

Par Sandro Capo Chichi

Origines

Des villages akaju, abanyom, nde, nnam, nta, nselle de la région de la Moyenne Cross River au Nigéria proviennent plus de 300 grandes pierres sculptées. Elles sont appelées ‘Atal’ en bakor, une langue qui est un sous-groupe de l’ejagham et la langue des populations de ces villages. D’après Phillip Allison, qui publia la première grande description de ces monuments, ils seraient d’abord apparus chez les Nta à partir desquels leur art se serait ensuite propagés chez les autres clans bakor. Cette opinion, qui est basée sur la plus grande variété de ces statues sur le territoire de cette population ainsi que par des traditions ui les associent clairement à des chefs dont ils connaissent le nom et dont le dernier date de 1900 a été contestée par d’autres auteurs, comme Keith Ray qui pensent qu’il ne s’agirait pas de preuves suffisantes. Une datation au radicarbone par Ekpo Eyo sur un puits qui a permis l’érection d’une de ces pierres en territoire nnam fait remonter l’âge du site au deuxième siècle de notre ère. Pour Keith Ray, leur émergence pourrait avoir été contemporaine du développement de la cultivation de l’igname et de la pousse de variétés de riz dans des régions dénuées de végétation ‘bush’ au nord de la grande forêt des plaines bansara. Bien que des Bakor maintiennent que ces œuvres sont l’oeuvre exclusive de leurs ancêtres, peu d’éléments semblent pouvoir confirmer cette assertion.

Structure

Les atal (pierres en langue bakor) sont pour la plupart de simples pilliers. Un certain nombre représente toutefois des phallus et d’autres superposent à ces derniers des caractéristiques du corps humain. La plus fréquente d’entre eux est la présence d’un nombril, parfois aux proportions disproportionnées. On y trouve aussi yeux, nez, bouche, barbe bras, et de manière plus stylisée, oreilles et seins. Des traits de civilisation semblent aussi avoir été marqués sur les sculptures, comme des scarifications ou des incisions rappelant des chapeaux qui sont aujourd’hui encore caractéristiques des Bakor et de leurs chefs. Leur hauteur varie entre 90 et 180 centimètres et ils représenteraient sans exception des hommes.

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Leur fonction religieuse a été admise par beaucoup de Bakor, mais seuls les Nta semblent les avoir associés à des chefs historiques. Il semble qu’ils ne s’agisse pas de sculptures renvoyant à des ancêtres familiaux ou créateurs de lignages, mais plutôt à des héros culturels mythiques. Ils auraient servi comme lieux de divination et comme points de jugement.

Pour Keith Ray la fonction de ces pierres pourrait se trouve dans une origine commune à de nombreux peuples de la région comme les Bamenda du Cameroun où l’usage des pierres serait associée à la mort de chefs.

Aujourd’hui, à cause des ravages de l’homme et du temps, les Atal ont été inscrits au patrimoine en danger de l’UNESCO. Cette contribution unique au patrimoine artistique africain semble avoir été la cible du trafic art. Des trois-cent au plus œuvres répertoriées autrefois au Nigéria, il n’en resterait aujourd’hui que 119…

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Bibliographie

Cross River monoliths. Philip Allison

http://www.cultureindevelopment.nl/News/Heritage_Africa/526/Once,_Nigeria_had_450_unique_priceless_stones;_today,_only_119_found

Keith Ray

Boka Botuom and the Decorated Stones of the Cross River Region, Eastern Nigeria in Andrew Reid, Paul J. Lane (eds)African Historical Archaeologies

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