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Le peigne afro : toute une histoire

Culture

Le peigne afro : toute une histoire

Par Noella 15 octobre 2014

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« Origines du peigne afro : six mille ans de culture, de politique et d’identité ». C’était le thème d’une exposition à Cambridge, en Angleterre, en novembre 2013. Ce simple objet du quotidien contient une histoire riche et un long patrimoine. Le peigne afro a longtemps symbolisé le Black Power.

Par Malieka Robinson (Afrique du Sud)

Sa fabrication date de  plusieurs siècles. Il a contribué à l’essor économique des sociétés, et au développement du travail artisanal, en Afrique et dans sa diaspora, à partir de matériaux naturels comme le bois, le métal (les os et les poils d’éléphant chez les Zoulous par exemple).
Et son impact écologique est faible.

Ainsi, il devient plus qu’un outil pour créer, tresser, ou décorer des coiffures africaines. Le peigne raconte des histoires, témoigne d’une culture.
Objet de tous les jours offert pour déclarer son amour, ou en cadeau de mariage.
D’ailleurs, la fécondité est également associée à ce type de peignes, à cause de leur forme féminine.

C’est le poing levé que Tommie Smith et John Carlos saluent la foule aux JO de 1968. C’est le signe de la fierté, de la puissance, du Black Power Movement.

En 1972, Anthony R. Roman conçoit et dépose un brevet sur un peigne afro en plastique au manche en forme de poing serré, qui sera décliné dans toutes les couleurs.
Autre version du peigne relié au Black Power : le peigne afro aux poignets rétractables en plastique et dents en aluminium. Celui-là reprend les couleurs du drapeau panafricain : noir, vert et rouge. Les couleurs de l’Universal Negro Improvement Association (UNIA) du Jamaïcain Marcus Garvey, en 1920.

Même de nos jours, les peignes afro continuent d’inspirer. Russell Newell a conçu un ensemble de peignes en aluminium, revêtus d’argent et ornés de 23 carats de feuilles d’or, une bagatelle !
Son design s’inspire de l’histoire du combat des Maroons contre l’esclavage, ce groupe de rebelles de Accompong, village historique situé dans les Îles Sainte Elizabeth Parish.
Newell transforme habilement un objet simple et fonctionnel en véritable œuvre d’art témoin d’une expérience africaine unique qui connecte et relie plusieurs siècles d’histoire entre le continent et sa diaspora.
Malheureusement, la fabrication « traditionnelle » des peignes afro est menacée par la prolifération de la production de masse à petit prix, notamment en Chine, qui supplante de nombreux objets artisanaux africains.

Tissus traditionnels remplacés par de pâles copies synthétiques, assises complexes en bois véritable remplacées par de vulgaires chaises en plastique, et bien sûr, les peignes afro remplacés par des peignes en plastique bon marché.
Pourtant, la production artisanale d’objets du quotidien peut ouvrir des perspectives économiques pour de nombreux Africains sans emploi.

Le peigne montre la polyvalence de l’Afrique en termes de conception, de modèles, de texture, de formes et matériaux, bref de créativité.

Les Africains ne doivent jamais cesser de transmettre leurs compétences artisanales uniques qui risquent de se perdre, surtout parmi la jeunesse.

La culture et le patrimoine de l’Afrique sont une grande source d’inspiration pour que le continent se consolide économiquement, socialement et écologiquement.
Les artisans africains doivent reprendre possession de leurs biens volés ou pris pendant et après la colonisation.
Une grande partie de cet héritage est enfermé dans des institutions publiques et collections privées.