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Ces Nigérianes ont créé une application contre les faux médicaments

Santé

Ces Nigérianes ont créé une application contre les faux médicaments

Par Sandro CAPO CHICHI 22 août 2018

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Un groupe de Nigérianes âgées de 10 à 18 ans a créé FD-Detector, une application destinée à détecter les médicaments contrefaits, à l’origine d’au moins 100000 morts par an sur le continent africain.

Par Sandro CAPO CHICHI de New African Cultures / nofi.media

Les faux médicaments en Afrique : un fléau

Selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’utilisation de médicaments contrefaits en Afrique sub-saharienne causerait au minimum 100000 morts par an. L’OMS a aussi établi qu’un médicament sur dix vendu dans les pays en développement serait de mauvaise qualité ou faux. Dans certains pays africains, ce chiffre monterait jusqu’à sept sur dix. 

Une lutte très périlleuse contre une industrie d’un milliard de dollars

Ce fléau des faux médicaments en Afrique fait particulièrement de ravages dans la lutte contre la pneumonie ou la malaria. Il est motivé par une industrie d’un milliard de dollars au centre duquel se trouve une redoutable mafia. Au Nigéria, Dora Akunyili (1954-2014), l’ancienne directrice de l’Agence Nationale pour l’administration et le contrôle de l’alimentation et des médicaments, l’a appris à ses dépends. Sa lutte directe contre le phénomène l’a conduite à être blessée par balle, à voir son fils kidnappé et son bureau réduit en cendres.

Les créatrices de l’application FD-Detector

Dans ce contexte nigérian où il peut être mortel de consommer des médicaments et de lutter pour leur authenticité, des jeunes filles âgées de 10 à 18 ans ont décidé d’agir. Leur prédécesseure Dora Akunyili avait commencé sa croisade contre les faux médicaments après que sa soeur soit morte en consommant de la fausse insuline. Cette tragédie, l’une des jeunes Nigérianes l’a aussi vécue. Jessica Osita a perdu son frère après que celui-ci ait consommé des faux médicaments à la suite d’un accident. C’est donc avec une motivation très personnelle qu’elle s’est lancée, avec quatre autres jeunes filles originaires de l’état de l’Anambra, dans l’élaboration d’une application destinée à lutter contre la consommation de médicaments contrefaits.

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L’équipe Save-a-Soul (crédit Facebook)

Les jeunes filles, qui ont nommé leur équipe ‘Save-a-Soul’ ( =Sauve(r) une âme/personne) ne connaissaient littéralement rien à l’informatique avant de commencer à travailler sur l’application FD (Fake Drug) Detector. C’est en principalement grâce à leur volonté, à leur mentor Uchenna Ugwu et à des logiciels et des tutoriels trouvés en ligne qu’elles sont parvenues à la mettre en place.

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L’équipe Save-a-Soul et Uchenna Ugwu

Téléchargeable gratuitement par tous, son fonctionnement est simple. Elle permet de vérifier l’authenticité des médicaments en analysant les codes-barres des médicaments et leur date de péremption.

Forte de sa création, l’équipe Save-A-Soul a participé, en août 2018 à un fameux concours  d’innovation technologique, le Technovation Challenge de la Silicon Valley en Californie. Bien qu’elles aient été une parmi deux milles candidates à la victoire finale, elles l’ont remporté face à des ressortissantes de pays comme les Etats-Unis dont on pourrait penser qu’elles seraient plus familières avec la technologie. Avant même de changer la vie des potentielles victimes de faux médicaments, l’aventure Save-a-Soul  a changé celle de Jessica Osita qui souhaite désormais devenir pharmacienne pour fabriquer des vrais médicaments, ceux-là qui auraient pu sauver la vie de son frère.

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