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Les révoltes d’esclaves à bord des navires négriers

Histoire

Les révoltes d’esclaves à bord des navires négriers

Par SK 16 février 2018

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On nous parle de commémoration de l’abolition de l’esclavage par la France en 1848 « à l’initiative de Victor Schoelcher ». C’est oublier que l’esclavage colonial a continué bien après. Et surtout, c’est oublier que ce sont les esclaves eux-mêmes qui s’étaient révoltés pour se libérer.

Par exemple, en 1656, 1710, 1730, 1752, 1802 en Guadeloupe, en 1733 en Guyane, en 1678, 1699, 1748, 1752, 1822 et 1833 en Martinique, en 1791 à Saint Domingue, et 1810 à Cuba.… Des nombreuses révoltes ont secoué toutes les colonies à esclaves depuis la fin du XVIII° siècle et qui ont amené les métropoles à abolir l’esclavage dans leurs colonies par peur d’un nouveau Saint Domingue où l’insurrection (1791) avait abouti en 1804, au terme d’une longue guerre, à la perte de la colonie et à la proclamation de la première République noire : Haïti.

La plupart du temps, les révoltes étaient matées et les meneurs étaient châtiés en guise d’exemple : ils étaient publiquement battus et pendus, voire pire. Certains pouvaient être victimes d’actes de barbarie. Mais cela ne stoppa pas d’autres courageux de se rebeller.

Selon les historiens, il y avait au moins une insurrection tous les huit voyages. La plupart des révoltes avaient lieu le long des côtes africaines, quelquefois sur les côtes américaines, et rarement en haute mer. Quelques-unes réussirent :

en 1532, 109 esclaves se rendirent maîtres du Misericordia, un navire portugais. De l’équipage, il ne restait que 3 rescapés. Ceux-ci réussirent à s’enfuir. On n’entendit plus jamais parler du navire.

En 1650, un navire espagnol sombra au large du cap de San Francisco. Les Espagnols survivants furent tués par les captifs africains.

Révoltes d’esclaves

En 1742, les prisonniers de la galère Mary se soulevèrent. Seuls le capitaine et son second en réchappèrent.

En 1752, les esclaves du Marlborough se révoltèrent. On n’entendit plus jamais parler d’eux.

En 1751, au moment de son départ, le Willingmind, battant pavillon britannique, qui était au mouillage sur un fleuve de Sierra Leone, est pris et incendié par les captifs qui regagnent les côtes.

1767 : Après 4 jours de navigation, les déportés du navire britannique L’Industry, destinés à être vendus en Caroline, massacrent l’équipage, prennent le bâtiment et remettent le cap sur l’Afrique. Ils réussissent à échouer le bateau et à regagner le rivage de Sierra Leone.

1769 : Alertés par les coups de feu tirés à bord du Nancy de Liverpool, qui vient de lever l’ancre, signal de la révolte, des Africains de New Calabar (Nigeria) partent en pirogue porter secours aux déportés. La lutte est victorieuse et les déportés regagnent le continent.

1770 : L’Ave Maria, en partance pour la Guadeloupe, est pris d’assaut par des Africains du littoral qui libèrent les captifs et épargnent la vie de l’équipage.

1771 : Le Nécessaire de La Rochelle, est pris par les 52 déportés qu’il transporte. Après avoir vaincu l’équipage, ils se libèrent et mettent le cap sur l’archipel des Bijagos où ils échouent le bâtiment, à l’embouchure du Rio Geba (Guinée-Bissau).

1780 : Les côtes de Guyane étant en vue, 200 déportés prennent le contrôle du bateau hollandais La Vigilantie, tuent les marins et gagnent le rivage à la nage avant de se fondre dans la nature.

En 1839, La Amistad, navire espagnol transportant des esclaves africains venus de Sierra Leone, est pris dans une violente tempête au large de Cuba. Une cinquantaine de prisonniers réussissent à se libérer de leurs chaînes et se retournent contre leurs bourreaux, qu’ils massacrent. Cinqué, leur meneur âgé de 25ans seulement, oblige le capitaine qu’ils avaient épargné à les ramener vers l’Afrique. Mais celui-ci, profitant de son ignorance, met le cap sur les Etats Unis, vers New York. Deux mois plus tard, le bateau atteint les côtes américaines et est arraisonné par la marine américaine.  Les africains emprisonnés en attente de leur procès pour meurtre.  L’affaire fait grand bruit dans les médias de l’époque, et cristallise les divisions de la jeune nation entre les Etats anti-esclavagiste au Nord et les Etat pro-esclavagistes au Sud.  Alors que les armateurs espagnols du navire déposent un recours en justice pour récupérer leur « cargaison », un avocat abolitionniste de la ville demande que soit reconnu le statut de réfugiés pour ces naufragés, et conteste l’affirmation que ces personnes soient de la marchandise. Finalement, considérant qu’il était au moment des faits illégal de transporter des esclaves sur le sol américain depuis l’Afrique et considérant que les africains avaient agi en état de légitime-défense, le juge déclarera finalement les accusés non-coupables et autorisés à retourner en Afrique. 35 des survivants retourneront finalement en Sierra Leone trois ans plus tard.