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Du Code Noir (1685) à la Conférence de Berlin (1885) : L’esclavage devient colonisation

Politique

Du Code Noir (1685) à la Conférence de Berlin (1885) : L’esclavage devient colonisation

Par Redaction NOFI 9 février 2018

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Du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 a lieu, sous l’impulsion du chancelier prussien Otto Von Bismarck et dans le plus grand mépris du peuple d’Afrique, la Conférence de Berlin, qui a acté le partage des terres africaines, dans l’unique intérêt de ses participants. Chacun aura sa part d’Afrique, pour le plus grand malheur des Africains.
En février 1885, le « Lagos Observer » (Nigeria) écrivait : « Le monde n’a encore jamais vu un cambriolage à une telle échelle »

Par Kandace

À la fin du XIXe siècle, les Européens se livrent d’incessantes guerres de conquête de territoires en Afrique.

Pour mettre un peu d’ordre et se retrouver autour d’intérêts communs, à savoir la mainmise sur les richesses du continent noir et l’asservissement de sa population, en dépit de l’abolition officielle de l’esclavage dans un grand nombre de pays d’Europe, la Conférence de Berlin réunit 13 pays européens (Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède, Empire Ottoman) et les États-Unis.

Officiellement organisée pour établir la liberté de commerce sur le fleuve Niger et le fleuve Congo, la Conférence de Berlin a, en réalité, abouti à une Afrique découpée et partagée entre Occidentaux qui s’accorderont en fonction de l’intérêt commun, à savoir l’incommensurable gisement africain, pour établir un ensemble de règles régissant l’occupation de la totalité des terres africaines.

Ce découpage des terres engendre une catastrophe humanitaire sans précédent. Partout sur le continent africain, se répète le schéma d’un même peuple qui se retrouve divisé, par exemple entre anglophones et francophones (Burkina Faso et Ghana par exemple).

Un crime sans nom qui perdure encore de nos jours…

La France se réserve l’Afrique dite « occidentale » et francophone. 
L’Angleterre préfigure son fantasme colonial de joindre à l’équerre les pointes du continent africain, la fameuse ligne Le Caire (Egypte)–Le Cap (Afrique du Sud).
 Quant à Bismarck, initiateur de la conférence, il confirme la présence de l’Allemagne, déjà installée au Cameroun et au Togo.

Mais le grand gagnant est… Léopold II, roi des Belges, qui obtient… à titre personnel, l’immense territoire du Congo ! Un territoire officiellement dénommé « État indépendant du Congo », mais dont le souverain désigné est Léopold II roi de Belgique, criminel sadique avéré, responsable d’un holocauste totalement occulté (photo).

La Conférence de Berlin a marqué le passage de la violence esclavagiste à une régulation colonialiste tout aussi violente. Continuité macabre, avec des pratiques négrières et d’esclavage, et toutes sortes d’atrocités et de « crimes contre l’humanité » commis, entre autres, dans les territoires du Congo où les sbires de Léopold II devaient justifier de l’efficacité de leurs armes à feu en présentant les mains coupées de leurs victimes selon le principe : une balle, une main.

Le continent entier sera dépecé par les Occidentaux.

Les décisions prises à la Conférence de Berlin n’ont jamais été remises en cause ; les frontières tracées par les puissances coloniales jamais modifiées. 

Ni à l’issue de la Première Guerre mondiale quand l’Allemagne a perdu ses colonies, ni même aux Indépendances !

Aujourd’hui encore, le dogme de l’intangibilité des frontières coloniales qui prévaut pour l’Afrique dans toutes les instances internationales entérine la Conférence de Berlin.

Et pour cause : ces frontières arbitraires provoquent, entretiennent ou justifient, hier comme aujourd’hui, de nombreuses guerres fratricides, pour le plus grand bonheur des Occidentaux, qui n’ont plus qu’à se servir pendant que les Africains s’entretuent.

Du Nigeria au Soudan, coupé en deux en 2011 « grâce » aux USA, en passant par le Tchad, l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Congo, la Centrafrique… Le schéma reste le même.

L’autre « Berlin » : un nouveau découpage des terres.

Depuis quelques années un nouveau mode de colonisation de l’Afrique se développe dramatiquement

Le land-grabbing, l’accaparement des terres (et des mers) qui consiste, pour les puissances occidentales, arabes et asiatiques, à acheter ou louer, à un prix ridicule et pour une durée d’au moins vingt-cinq ans, voire indéterminée, de terres arables à grande échelle dans les pays pauvres (appauvris).

Le deal, en général de plusieurs milliers d’hectares, se conclut entre un État et un investisseur local ou étranger, public ou privé. Tout cela aux dépens des agriculteurs locaux, qui se retrouvent expropriés, sans aucun dédommagement ni moyen de subsistance, donc dépendants des programmes d’aide alimentaire. Éternel cercle vicieux.

Mais ceci est une autre histoire. Enfin, pas vraiment… à vrai dire, c’est toujours la même histoire.