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Rose-Esther Guignard, l’étoile d’Ayiti

Culture

Rose-Esther Guignard, l’étoile d’Ayiti

Par Atouma NKeussi 2 février 2018

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Rose-Esther Guignard est une artiste de la Caraïbe aux mille-facettes. Passionnée et créative, elle sait comme personne transmettre ses messages à travers le conte et la danse.

« Ce matin, je me suis levée pour dévorer le monde ». Voici une phrase prononcée par la pétillante Rose-Esther Guignard. Une phrase qui en dit long sur sa volonté de s’accomplir et d’exceller. Rose-Esther est née à Haïti (Ayiti) le 18 janvier 1985 et a rejoint sa sœur installée en France, deux ans et demi après le départ de celle-ci, à l’âge de 13 ans. À l’époque, elles vivent toutes les deux dans le même foyer d’accueil au sein d’une famille française. Bercée par les contes de son pays d’origine, Rose-Esther transporte son bagage culturel et transmet sa passion et la richesse haïtienne aux petits comme aux grands, d’une façon qui n’appartient qu’à elle. La marque indélébile de son enfance passée à Haïti déploie son sens de la créativité. Elle développe de ce fait un intérêt significatif pour l’art, en particulier la comédie, le conte, la danse et l’écriture.

Lors de l’émission de Guy Registe sur la chaîne Télésud en janvier 2014, Rose-Esther Guignard déclarait:

« Nous vivions à Port-au-Prince. Ma mère avait peur pour moi, elle rêvait de me faire adopter par un étranger pour  me donner une chance de réaliser un rêve. Je ne comprenais  pas. (…)…Elle m’a dit : « Va, vis et deviens!…  » . Je ne voulais  pas y aller, je pleurais  toutes les larmes de mon corps.  Contre mon gré, elle m’a emmenée à l’orphelinat.  Au départ, je souffrais de l’absence de ma mère puis j’ai  fini par m’y habituer … « 

« J’ai quitté Ayiti à l’âge de 13 ans. Le souvenir qu’il me reste, c’est ma grand-mère me racontant des histoires. Elles me tiennent à cœur car aujourd’hui, je voyage avec ces histoires dont je m’inspire et que je retranscris. C’est ma vie. »

© AMP

Fière de ses racines, Rose-Esther est l’une des porte-voix du peuple haïtien sur la scène française. Son projet est de faire connaître davantage sa terre natale à travers son art. Décidée à ne pas évoluer dans les clichés dépréciatifs trop souvent présentés de façon insidieuse par les médias, elle se donne pour mission de dépasser les idées reçues et de faire rêver son public. En 1998, sa mère adoptive l’inscrit au Cercle Laïque de Dreux dans lequel elle fera du théâtre pendant sept ans. Entre 2007 et 2011, elle intègre le conservatoire de théâtre Erik Satie à Paris qui lui permet de compléter son cursus. Rose-Esther a été sélectionnée à un concours pour représenter la Région Centre au soixantième Festival de Cannes en 2007. Également auteure, elle écrit la même année Tézin, le poisson amoureux, dans le cadre des Deuxièmes Pressions de la Scène. Cet ouvrage obtient plusieurs prix: Prix de la FNAC et deux jours de résidences à l’Atelier à spectacle de Vernouillet (28) ; Prix de la meilleure œuvre originale, en 2012, à Savigny-sur-Orge aux Douxièmes Rencontres des Jeunes Théâtre (avec le soutien de la SACD). Le texte, illustré par Robin Grolleau, a été édité chez L’Harmattan. Tézin, le poisson amoureux relate l’histoire d’une jeune fille nommée Mélina, qui fait une merveilleuse rencontre en allant chercher de l’eau à la rivière. Il s’agit de Tézin, « le poisson merveilleux aux écailles dorées comme le soleil ». La question qui se pose dans cet ouvrage est, peut-il tomber amoureux d’une jeune fille ? La jeune fille Mélina peut-elle aimer un poisson « étincelant de mille couleurs » ? Par la suite, elle obtient deux prix pour cet ouvrage, à l’Atelier de spectacle de Vernouillet: Le coup de cœur de la FNAC: 200 euros en bons d’achats et Le coup de pouce de l’Atelier: deux jours de résidence artistique. Tézin est à l’origine un conte traditionnel et populaire que l’on raconte aux enfants à Ayiti.

© Canalplus Haïti

Fin 2007, la comédienne réussi son entrée au Conservatoire du septième arrondissement à Paris. En 2008, elle obtient son troisième prix pour le conte « Tézin » : Prix de la Meilleure Œuvre Originale aux douzièmes Rencontres du Jeune Théâtre à Savigny-sur-Orge. En avril de la même année, elle se produit sur la scène du célèbre théâtre Marigny à Paris, accompagnée de sa classe d’art dramatique. Ce n’est qu’en 2009 que la conteuse a pu retourner à Ayiti, après 11 ans d’absence.

En 2011, elle écrit : « Elma et  l’Oranger Magique » pour pouvoir le partager et le diffuser autour d’elle. Il a obtenu le prix de La meilleure Œuvre Originale aux seizièmes Rencontres du Jeune Théâtre (avec le soutien de la SACD) à Savigny-sur-Orge en 2012. Il est soutenu par la Ville de Vernouillet et  le Cercle Laïque de Dreux en 2012. En mars 2012, une autre de ses oeuvres « Alphonse le chauffeur »,  a  été lauréate du concours « La Farandole des histoires » dans le cadre de la semaine de la langue française et de la francophonie. En mai de la même année, l’artiste se produit dans deux pièces de Jean Durossier Desrivières « Magadala » et « Marques Déposées » avec la Compagnie de la Gare de Vitry-sur-Seine, au Festival de l’Oh, organisé par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis. Elle est par la suite invitée aux journées mondiales de l’Afrique le 25 mai 2012 qui marquaient l’entrée d’Haïti au sein de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Lors de ces journées mondiales, elle joua ses contes, lu des extraits de poèmes et présenta l’hymne de l’union africaine lors de la soirée de gala à l’Hôtel de ville de Lyon.

Suite à la mort de Mimi Barthélémy, la conteuse haïtienne en avril 2013; Rose-Esther sombre quelques temps dans la dépression mais poursuit son chemin de comédienne et participe aux hommages faits en l’honneur de la conteuse.

Mimi Barthélémy © fxgpariscaraibe.com

Elle finit par remonter la pente, puis Jacques Bruyas lui écrit une pièce « Abobo ». La pièce est inscrite dans la programmation de la ville de Vernouillet pour le 21 février 2014.

En ce début d’année 2018, Rose-Esther Guignard est toujours aussi productive et continue de valoriser Ayiti en témoignant de sa grandeur à travers ses apparitions théâtrales. Elle jouera de nouveau dans la pièce « Il était une fois aux Caraïbes », le 11 février 2017 ; pièce dans laquelle elle se produit depuis 2015, accompagnée de l’un de ses compatriotes haïtien, Amos Coulange.

© l’Officiel des spectacles

Rose Esther Guignard incarne avec sensibilité tous les rôles qui ont bercé son enfance. Une passionnée des contes et des légendes de son pays natal qui s’est donné pour mission de nous les transmettre. Ambassadrice de la première République Noire Indépendante du monde, Rose-Esther Guignard marque son encrage dans la culture haïtienne est représente l’une des preuves vivantes de la richesse de ce pays de l’archipel caribéen.

 

Sources:

Atelier.rfi.fr