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La France, ce pays que les français connaissent si mal

Politique

La France, ce pays que les français connaissent si mal

Par SK 11 décembre 2017

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La France est un pays méconnu de ses habitants, même de ses dirigeants.

La France est un état transcontinental qui s’étend de l’Atlantique au Pacifique, en passant par l’Antarctique et l’Océan indien. Elle a tendance à se réduire elle-même à l’hexagone par méconnaissance, omission ou par mépris. Pourtant, connaître l’étendue de cet espace c’est maîtriser les enjeux économiques et géopolitiques de la France en tant que puissance. Juliette Nubret-Adonicam, pharmacien à la retraite et passionnée d’histoire et de géopolitique, s’est attelée à cette tâche en produisant un document pédagogique à destination des politiques et des scolaires, comme de reconnaissance et de mémoire pour l’ensemble des citoyens français.

La carte de la France

En dehors de l’hexagone régit par Paris, sa capitale, et la Corse, la France s’étend de l’océan atlantique à l’océan pacifique. Le premier espace comprend la Guadeloupe (1434㎢) ; La Martinique* (1128㎢), Saint-Barthélémy (24㎢), Saint-Martin (53,2㎢) ; Saint-Pierre et Miquelon 242㎢). Elle a également un pied dans les Amériques grâce à la partie de la Guyane qu’elle possède (8 3846㎢), frontalière du Brésil et du Suriname. Elle s’étend dans l’Antarctique avec la Terre Adelie (432 000㎢). Dans l’océan indien avec Mayotte (376㎢) ; la Réunion (2 503,7㎢) ; les Îles éparses (53,19㎢) ; les Îles Kerguelen (7 215㎢) ; les Îles Crozet (352㎢) ; Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam (66㎢). Enfin, la France est implantée dan l’océan Pacifique avec la Nouvelle-Calédonie (18 575,5㎢) ; Wallis et Futuna (124,2㎢) ; la Polynésie française (4 167㎢) et Cliperton (1,7㎢). La somme de tous ces territoires, entre autres anciennes colonies, en fait une puissance mondiale respectée et surtout, la zone économique exclusive la plus importante du monde, devant les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

La zone économique exclusive

La notion de Zone économique exclusive est inscrite dans le droit marin. Elle désigne un espace maritime dont les ressources et l’exploitation appartiennent à la puissance qui les possède. L’Etat possesseur d’espaces maritimes dans un rayon de 200 milles marins (environ 1852 mètres) reste dans sa zone. Il peut toutefois l’élargir à l’international s’il dépasse cette distance. En d’autres termes, la France possède l’exclusivité des ressources que renferment ses territoires extra-hexagonaux. Les puissances étrangères désireuses de commercer ou d’intervenir dans ces eaux doivent être signataires d’un accord avec elle, même dans le cas où ces territoires seraient eux-mêmes demandeurs d’un échange avec d’autres pays. Cette domination économique et géopolitique renforce le statut de métropole de la France. Grâce à ces différentes latitudes, elle est le seul pays au monde où le soleil ne se couche jamais. Substantiellement, cette zone élargie lui permet d’avoir une économie diversifiée, notamment dans l’alimentation grâce à la banane des Antilles (qui lui a permis de concurrencer l’Amérique latine) ; au poisson avec l’océan pacifique (avec les Comores en particulier) et les fruits tropicaux tels que la goyave ou la mangue dont cette dernière compte différentes variétés. Cela lui permet également de rester à la pointe en matière d’aérospatial, grâce à sa base guyanaise où elle teste sa fusée. La disposition géographique décrite ci-dessus lui offre un avantage stratégique hors du commun en ce que la France est opérationnelle dans les airs, sur terre et dans les mers. Sans oublier qu’elle est l’une des destinations les plus prisées au monde pour le tourisme. Si les retombées financières sont importantes, cette configuration donne pleinement et de fait, les mêmes droits aux habitants ultramarins que leurs concitoyens. C’est cette dernière notion qui est la plus épineuse.

Juliette Nubret-Adonicam

De la nécessité de maîtriser le territoire français

Juliette Nubret-Adonicam explique avoir produit ce document à destination des politiques et des établissements scolaires. En effet, la méconnaissance de la France dans sa globalité renforce ce sentiment de mépris et d’exclusions pour les français hors de l’hexagone : « On est constamment en train de nous traiter d’« ultramarins », comme si nous étions des français à part. » D’autant que, comme elle le dit : « Quand je suis en Guadeloupe, c’est l’hexagone qui est l’Outre-mer pour moi. »

Si l’octroi de la nationalité va de fait avec le droit du sol de l’espace français élargi, la considération et l’égalité des conditions de vie doit encore être améliorée. La distance participe à cette situation, cela s’en ressent par exemple dans le traitement des urgences sociales de ces territoires. Le chômage stagnant à un taux extraordinairement élevé par rapport à l’hexagone en est l’une des prives les plus accablantes. Dernièrement, l’ouragan Irma a remis sur la table la question de l’intervention de l’Etat dans la prévention et le traitement des catastrophes naturelles. Les sinistrées n’ont d’ailleurs pas encore perçus les compensations des assurances. Historiquement, les français d’Outre-mer comme on les surnomme, ont été d’un secours précieux pour la métropole. Lors de la Seconde guerre mondiale, à l’appel du Général de Gaulle, des milliers d’outre-hexagonaux s’étaient portés volontaires pour combattre l’ennemi. Même lorsque sous le gouvernement Vichy du général Pétain, il leur fut interdit de se battre pour l’armée française, certains traversèrent les mers pour revenir avec les régiments américains, qui libérèrent Paris.

Monument aux morts de Port-Louis (Guadeloupe), en hommage aux soldats morts pour la France.
Crédit photo: Centenaire Guadeloupe-Antilles

Juliette Nubret-Adonicam précise qu’à cette même époque, les recettes générées par ces territoires Outre-hexagone étant excédentaires, les populations s’employèrent à préparer et envoyer des colis de vivres, nourrissant ainsi la métropole alors aux abois. Un sentiment patriotique exacerbé, qu’on leur a pourtant renvoyé au visage. Selon cette ancienne pharmacienne, ce n’est qu’une fois sur place que ces populations ont été confrontées au rejet et au racisme. Avec l’appellation « ultramarin » et l’idéologie qui en découle, ces français ont intégré un écart, voire un complexe quant à leur citoyenneté. Ils parlent eux-mêmes « d’aller en France », alors qu’ils y sont déjà. La constitution de structures et de lobbys tels que le CREFOM prouve qu’ils ont toujours à lutter plus que d’autres pour faire entendre ses revendications et résorber les inégalités. Ces différences, la richesse des territoires et l’apport humain qui font partie intégrante de l’histoire de France peuvent être balayés des manuels scolaires et de la mémoire nationale à cause de cette remise n question ou l’oubli de celui qui ne vit pas près de soi. Ce document est donc précieux pour le rétablissement de la vérité, de rapports clairs et de cohésion nationale. La connaissance seule permet de faire évoluer les mentalités, ici cela commence par une petite leçon de géographie et de vocabulaire.

 

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