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« Nos patriotes »: l’histoire vraie d’un soldat africain éperdument amoureux de la France

Société

« Nos patriotes »: l’histoire vraie d’un soldat africain éperdument amoureux de la France

Par SK 6 juin 2017

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Tiré du livre « Le terroriste noir » de Tierno Monénembo, »Nos patriotes » est le premier film français grand public qui raconte l’histoire vraie d’un africain patriote, épris de la France et de la liberté. Un film de Gabriel Le Bomin avec Marc Zinga, Louane Emera et Alexandra Lamy.L’histoire de Adi Bâ est une étonnante épopée. En effet, ce guinéen, amené en France enfant pour des raisons de santé, grandit près d’Orléans, dans les années 1930. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il décide de monter à Paris signer de son propre chef son acte d’engagement. Adi Bâ aime la France comme sa propre patrie et souhaite ardemment combattre pour la préserver des velléités de domination voisines. Pourtant volontaire, parce qu’il est Noir et africain, il est automatiquement incorporé au 12 ème bataillon des « tirailleurs sénégalais », sujets de l’Empire quant à eux, forcés d’aller au front.

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Le périple d’un rescapé

Fait prisonnier par les allemands, Adi Bâ (Marc Zinga) s’échappe à travers la forêt. Commence alors son aventure étonnante à travers les forêts vosgiennes, en  territoire conquis, directement annexé au Reich. Fuyard mortellement blessé, il doit son salut à l’empathie d’une  institutrice militante (Alexandra Lamy), qui  prend le risque de recueillir chez elle ce soldat Noir évadé. Un risque qui peut lui coûter cher, à elle et a sa famille, alors que les français qui abritent des déserteurs ou des prisonniers en fuite sont perçus comme des traîtres.

 

Toutefois, certaine de faire un choix juste, elle le conduit chez l’un de ses amis, qui, peu regardant de la couleur, accepte volontiers d’héberger et de nourrir ces fugitifs, en échange de main d’œuvre gratuite. Ce vieil homme veuf est un maillon important de la chaîne clandestine de libération, où s’unissent français repus de l’occupation et africains sacrifiés au conflit mondial européen. La progression du film met au coeur de l’intrigue le désir de liberté, chez tous les êtres colonisés, où les blancs français sont alors les noirs de l’Allemagne.

Louane Emera et Marc Zinga

La patrie de coeur

Adi Bâ, pris d’affection pour la France et sa famille d’accueil de fortune, refuse finalement de suivre la filière secrète d’exfiltration pour accéder en territoire libre, la Suisse, et rentrer ensuite en Guinée. Il fait le choix de rester et de résister avec cette poignée de citoyens qui veulent reprendre leur destin en main. Une décision surprenante, alors qu’une prison est spécialement dédiée à ces Africains déracinés au nom d’intérêts opaques, dont ils n’ont pas tous conscience d’être eux-mêmes un enjeu.

Marc Zinga et Alexandra Lamy Crédit photo: UGC

Finalement, de tirailleur sénégalais fugitif, après avoir échappé à l’agonie d’une mort lamentable et solitaire, il deviendra chef de camp-instructeur de cette milice discrète et contribuera à la rébellion, participant à la création du premier maquis des environs. Assurément libérateur français mais passionné et impulsif, on le décrira comme un terroriste. Le terroriste noir. Adi Bâ tombera même amoureux, dans ce contexte où collaboration avec les nazis et espionnage se confondent souvent. En filigrane, le film porte également à l’écran  les prémices du macabre projet d’extermination des populations juives.

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En somme, l’histoire vraie d’Adi Bâ est celle d’un soldat africain assimilationniste, amoureux à l’excès de la devise de Marianne. Le récit d’un destin entre héroïsme et syndrome de Stockholm. C’est aussi une autre version de l’Histoire où identité, perception et désirs s’additionnent et se contredisent. C’est enfin et surtout la mise en lumière de ces soldats noirs effacés.

Nos patriotes, de Gabriel Le Bomin, au cinéma le 14 juin.