Ellen and William Craft ou le marronnage sans haine ni violence
Société

Par Makandal Speaks 3 novembre 2016
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Lorsque l’on évoque le marronnage, la fuite des esclaves hors de la propriété de leur maître-on pense souvent à de violentes insurrections, à des plantations incendiés ainsi qu’à un déchaînement de fureur des esclaves. Cependant, la quête de liberté d’Ellen et William Craft montre que l’émancipation n’implique pas nécessairement de faire couler le sang. Au contraire leur histoire symbolise à la perfection ô combien l’intelligence et la ruse sont des armes tout aussi efficaces qu’une machette bien aiguisée.
Nous sommes au tournant du XIX ème siècle à Macon, dans l’état de Géorgie. Le système plantocratique fait toujours rage lorsque que les époux Craft projettent d’échapper à leur condition servile en rejoignant les états du Nord. Mettant à profit la carnation claire d’Ellen que lui conférait son métissage (elle était la fille d’une mulâtresse et d’un blanc), le couple eut l’idée d’utiliser les clichés racistes de l’époque afin de battre les propriétaires d’esclaves à leur propre jeu.
Ellen se grimerait en maître-esclavagiste blanc et son mari jouerait le rôle de son esclave personnel. Elle se coupa les cheveux, camoufla ses attributs féminins, adopta une démarche masculine et feinta de savoir lire et écrire. Une fois prêts, ils prirent tout simplement la fuite allant jusqu’à voyager en train et en ferry du Sud des État-Unis jusqu’à Philadelphie situé en « zone libre« . Il l’atteignirent le jour de Noël 1848. Y a-t-il plus beau cadeau que la liberté ?

Ellen Craft habillée en homme afin d’échapper à l’esclavage.
Installés Par la suite à Boston, Ellen et William Craft devinrent des militants de la cause abolitionniste. Ils étaient en outre de remarquables et influents orateurs. Tout est bien qui fini bien pour nos deux courageux tourtereaux épris de liberté, me direz-vous ? Hélas non. En effet, en 1850 le Fugitive Slave Act fut voté par le Congrès américain. Cette loi inique disposait que les propriétaires d’esclaves étaient autorisés à traverser les zones non-esclavagistes pou récupérer leur «propriété». La chasse aux esclaves était officiellement ouverte !!!

Affiche du 24 Avril 1851 mettant en garde les « gens de couleur de Boston » au sujet des policiers agissant en tant que chasseurs d’esclaves.
Le combat continue
Afin de ne pas retourner à leur ancienne condition servile, les époux Craft quittèrent les État-Unis pour l’Angleterre. En terre d’Albion, Ellen et William purent élever leur cinq enfants, tout en poursuivant leur combat abolitionniste. Ils donnèrent de nombreuses conférences au cours desquelles ils racontèrent leur fuite. Ils rédigèrent aussi leur aventure hors du commun sous le titre : « Running a Thousand Miles for Freedom; Or, The Escape of William and Ellen Craft from Slavery ».
Le 18 décembre 1865 marque la date de l’abolition de l’esclavage aux USA. Trois ans plus tard, Ellen et Willian Craft retournèrent au pays de l’Oncle Sam. Ils se consacrèrent alors à l’élévation des leurs, fraîchement sortis de l’esclavage. Leur action se concentra particulièrement sur les enfants pour lesquelles ils ouvrirent une école d’agriculture. Après une vie bien remplie, de la quête de liberté en passant par l’amélioration des conditions de vie de leur paires, les époux Craft s’éteignirent en 1891 pour Ellen et en 1900 pour William.
L’histoire aux oubliettes
Le destin hors du commun d’Ellen est William est bien trop méconnue alors qu’ils mériterait amplement que Hollywood Nollywood lui consacre un film. Qui sait, peut être qu’un réalisateur en mal d’inspiration lira ces quelques lignes. L’ingéniosité dont firent preuve ce duo d’ex-esclaves devrait être pour nous une source d’inspiration en matière de résistance afro à l’oppression. En certaines circonstances, mieux vaut faire appel à des subterfuges et autres stratagèmes, dans notre désir d’émancipation, plutôt que d’être dans une opposition frontale, bien plus risquée et coûteuse en vie humaine. A l’instar d’Ellen et William Craft, soyons observateurs, astucieux et courageux et efforçons-nous de bâtir pour le bien-être de nos semblables.
Panafricainement Vôtre, Franswa Makandal