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DOOKOOM : un ovni musical sud africain

Culture

DOOKOOM : un ovni musical sud africain

Par SK 12 avril 2016

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NOFI vous présente le groupe DOOKOOM. Une bande de musiciens engagés originaires d’Afrique du Sud. Du rap militant mêlé au punk-pop, des Noirs et des Blancs sud africains qui chantent ensemble ? C’est étonnant, c’est bizarre, c’est magique. La combinaison est parfaite et la musicalité unique. C’était il y a quelques semaines, le 23 mars, lors de leur concert au Petit Bain, à Paris.

Entretien.

Pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?

Un ami à nous écrivait un article pour Rolling stone  en Afrique du Sud, il faisait un article sur Isaac en fait. Il voulait nous le présenter parce qu’il pensait que ça pourrait faire une combinaison intéressante, avec des gens différents.

On a rencontré Isaac il y a 4 ans, dans un studio où il avait l’habitude d’écrire ses morceaux.

 

Pourquoi avez-vous créé le groupe et pourquoi Dookoom, qu’est-ce que ça signifie ?

Dookoom vient d’un mot malaysien « Doukoun », on l’a juste modifié un peu pour le rendre plus tendance.

Un « doukoun » à Cap Town, c’est quelqu’un que l’on considère comme un outsider, quelqu’un d’un peu effrayant, les gens ne lui font pas confiance, il vit en marge de la société, un marginal.

 

Vous venez d’Afrique du Sud, votre groupe est composé de noir et de blancs, comment les gens vous perçoivent ? Est-ce qu’ils trouvent ça bizarre ?

Je ne pense pas qu’aujourd’hui les gens trouvent ça bizarre, nous on n’y prête pas attention, mais je pense que c’était plus étrange à l’époque.

Honnêtement, je pense que les gens n’ont pas l’habitude de voir cela.

D’avoir un groupe « multiculturelle (de couleurs différentes) », c’est vraiment cool.

Le fait de travailler ensemble sur plusieurs projets, les gens sont surpris et se disent « Ah ouais, ça marche vraiment » (la mixité).

Nous on se moque de la couleur.

Je pense que le monde n’est pas encore vraiment habitué à ce « melting pot » culturel.

DOOKOOM: un ovni musical sud africain

Quelle est la situation en Afrique du Sud aujourd’hui ?

C’est la merde.

Je pense qu’il y a beaucoup de problèmes en ce moment qu’on essaye de résoudre.

Nous on observe sur le côté.

Il y a des tensions, des conflits pas résolus et beaucoup de choses qui ont été rafistolées mais il y a encore des choses à réparer.

Comme les conditions de vie, le racisme, toutes sortes de choses qui sont encore très présentes.

Les politiques eux sont silencieux. Zuma a tellement d’affaires de corruption sur le dos, il devient un problème pour l’ANC.

C’est les choses négatives mais il y a aussi de bonnes choses qui se passent comme le fait qu’on soit là.

 

Vous êtes des artistes, parlez-vous de politique ?

Non pas vraiment.

Je pose la question parce qu’ici en France les artistes se moquent de la politique, on aime séparer les deux, l’art d’un côté, la politique de l’autre.

On parle juste de nos vie et des choses que l’on voit, donc parfois c’est politique et parfois non, mais ce n’est pas tout le temps.

Les gens nous demandent souvent en interview quelle est la situation actuelle en Afrique du Sud. Donc on répond mais on ne parle pas que de cela.

La politique ressort toujours dans les discussions avec des groupes d’artistes africains, on parle de beaucoup de choses et ça fait partie de nos vies.

Vous êtes belge, comment les avez-vous rencontrés ?

Je vis en Afrique du Sud depuis 15 ans, c’est grâce à internet que j’ai atterrie là-bas. Avant ça je vivais à Londres et je ne connaissais rien de l’Afrique du sud, et c’est internet qui m’a donné envie.

On a fait plusieurs projets ensemble, j’aimais ce qu’ils faisaient et un jour c’est devenu sérieux.

DOOKOOM: un ovni musical sud africain

Comment pensez-vous que votre musique est arrivée en France ? C’est en anglais, vous êtes d’Afrique du Sud, un endroit qu’on ne connaît pas bien ici, sauf pour l’apartheid ou Nelson Mandela.

Je pense que les gens s’intéressent à l’Afrique du Sud  parce que ce n’est pas très connu et c’est un pays assez récent si l’on se base sur la fin de l’apartheid.

Je pense que c’est intéressant de savoir ce qu’il ci-passe, pas seulement en terme de politique, mais aussi ce qui est cool, que font les gens pour s’amuser et je pense que la musique est un bon moyen de faire connaître tout cela.

Donc c’est peut-être pour ça que les gens sont intéressés, ils veulent savoir pourquoi on est autant en colère.

 

Et vous pensez que le public français est un bon public ?

Ouais le public français est cool, on a été à Roubaix, les gens étaient fous, ils faisaient la fête comme si on était vendredi soir alors qu’on était que mardi.

Je ne m’attendais pas à ça. On a fait une petite tournée l’année dernière, j’étais tellement nerveux parce que je me demandais comment les gens allaient faire pour comprendre ce que je dis, l’an passée la plupart des sons étaient en afrikans et pas en anglais.

Les français ressentent l’énergie même si ils ne comprennent pas, ils sont plus ouverts.

Ils sont vraiment là pour voir un groupe et pas juste traîner avec leurs amis, ils sont vraiment là pour toi et c’est incroyable, le public français est incroyable, on aime les français.

DOOKOOM: un ovni musical sud africain

Tu es la seule fille dans le groupe, es-tu le leader du groupe ?

Merci. Non on est tous les leaders, on partage. Il n’y a pas de différences et ce sont des gentlemen.

 

On est désolé pour la Belgique, pensez-vous que dans ces moments-là, après Paris, après la Belgique, que les artistes  ont un devoir ?

Absolument, les artistes ont des « responsabilités ». Par exemple quand vous voyez des gens comme Trump disant qu’il ne faut pas faire confiance aux musulmans, disant des trucs dangereux, fascistes.

C’est important pour les musiciens de dire aux gens de rester calmes et de ne pas croire ce que ces gens disent, il ne faut pas être anti-islam ou anti-quoi que ce soit.

C’est la faute des politiciens, qui bombardent la Syrie et provoquent tout ça.

Les stars ont une voix importante, les gens les écoutent mais en même temps ils sont proches de multinationales, donc la plupart ne disent pas grand choses

Peut-être que c’est à nous de le faire.