Des femmes africaines vendues et traitées comme des esclaves au Koweït

Un reportage de nos confrères de The Guardian a illustré les situations inhumaines auxquelles sont soumises certaines migrantes d’Afrique noire au Koweït.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Véritable manne pétrolière, l’état du Koweït situé au nord de la péninsule arabique compte environ 57% d’Arabes sur ses quelques trois millions d’habitants. Environ 90% des foyers koweïtiens disposent d’une servante étrangère. Enfin servante à tendance esclave, ce n’est que la réalité d’un rêve bien moins amer. Appâtées par des agents à qui elles paient près de 1500 dollars pour occuper des postes d’infirmières ou d’employées d’hôtel au Koweït, ces jeunes femmes originaires de la Sierra Leone, du Cameroun, du Kenya ou de l’Ethiopie se voient paradées devant des potentiels employeurs, qui les recrutent comme des servantes, les vendent puis les revendent. Là-bas, elles doivent travailler de 22 à 24 heures par jour, souvent sous la menace du fouet de leur employeurs.

C’est ainsi qu’Adama, une Sierra-Léonaise de 24 ans autrefois infirmière dans son pays s’était vue renverser de l’huile bouillante su la cuisse par son employeuse qui justifia son acte en lui disant qu’elle était son esclave et qu’elle ne travaillait pas assez vite.

La blessure d'Adama / Photo par Pete Pattisson
La blessure d’Adama / Photo par Pete Pattisson

Mais le blâme ne porte pas que sur les employeurs, qui peuvent se débarrasser de leurs employés pendant 100 jours si ceux-ci ne leur conviennent pas. Les agents, qui abandonnent leurs anciennes clientes à leurs employeurs dès lors qu’ils ont reçu leur argent sont tout autant coupables. Lorsqu’ils doivent récupérer leurs clientes ‘refusées’ par leurs employeurs, nombre d’entre eux les enferment dans des conditions inhumaines parfois sans nourriture pendant des jours jusqu’à trouver un nouvel ‘acheteur’.

Ces migrantes africaines, dont le titre de séjour au Koweit est lié à leur employeur, ne peuvent fuir les conditions déplorables de leur lieu de travail qui impliquent souvent une absence de paiement, des violences physiques et psychologiques, le surmenage, l’impossibilité de communiquer avec l’extérieur, etc.

Le Koweït étant le pays du Golfe avec le plus grand taux de domestiques immigrées venant principalement d’Asie, le problème n’est pas nouveau et près de 10000 plaintes condamnant leurs conditions de travail furent déposées par des domestiques immigrants à leurs ambassades en 2009.

Toutefois, le Koweit semble rester insensible à ces nombreuses protestations et n’a toujours pas passé de loi les condamnant, laissant dans une situation d’esclavage moderne entre 200000 et 600000 de leurs résidents.

L’an dernier, en raison du meurtre d’une Koweïtienne par une domestique éthiopienne, le Koweit avait déporté 13000 travailleurs domestiques immigrés dont plus de 2000 Ethiopiens et banni l’immigration éthiopienne dans leur pays, montrant le poids inférieur dans leur esprit du sort de centaines de milliers d’immigrants comparativement à un seul des leurs.

Source :
http://www.theguardian.com/global-development/2015/apr/02/women-sierra-leone-sold-like-slaves-domestic-work-kuwait
http://www.migrant-rights.org/2014/03/kuwait-bans-ethiopians-and-deports-13000-domestic-workers/

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