L’ESCLAVAGE EN MARTINIQUE

De 1640 à 1848, les esclaves n’ont cessé de se révolter face aux maîtres blancs. Voici un court détail de la chronologie des événements du début de l’esclavage à l’abolition. Et une petite mise au point sur Victor Shoelcher, qui, clairement, ne fait pas partie de nos héros

des esclaves en Martinique  

1640  L’île compte très peu d’esclaves. Les Indiens des Caraïbes, pour des raisons stratégiques, ne sont pas encore soumis à l’état de servitude. La Martinique appartient à Dyel Duparquet, un seigneur normand.

1645 Les juifs hollandais amènent l’industrie de la canne à  sucre et, par extension, l’alcool en 1694. C’est un certain Père Labat qui en est l’investigateur.

Vu le succès que remporte ce nouveau produit, il faut avoir davantage de main d’œuvre gratuite. Les Hollandais juifs commencent la traite, suivis des Français sous Louis XIV, qui donne une prime pour chaque tête noire arrivant sur l’île.

1685 Colbert, ministre de Louis XIV, rédige LE CODE NOIR, ensemble de textes supposés réglementer la pratique de l’esclavage.

1685-1717  Plusieurs difficultés apparaissent : les esclaves se révoltent, se suicident, se rebellent en empoisonnant les esclavagistes. Et il n’y a pas assez de femmes, donc la « reproduction » est faible. On demande d’urgence l’importation de femmes.

 

A partir de 1715, commencent les importations massives de femmes en provenance de NANTES (un des principaux lieux de concentration de la traite française avec La Rochelle, Le Havre…).

1717 Première prise de bec entre Blancs que l’on appelle Gaoulé : un gouverneur et son intendant viennent sur l’île pour faire arrêter la progression de champs de canne et le commerce entre les différentes colonies. Ça ne sera pas accepté et les colons les renverront de force vers la France).

1789-1790 : Rochambeau, gouverneur de la Martinique, entre en guerre contre l’Angleterre qui veut envahir l’île. Il demande à des esclaves de faire la guerre avec lui en échange de leur liberté. On les appellera ensuite libertés Rochambeau, libres de fait, libres de Savane.

1793 Après de nombreuses révoltes, la convention proclame l’abolition de l’esclavage.

Malheureusement, l’abolition ne sera pas reconnue en Martinique puisqu’à cette période les Anglais ont envahi l’île.

1794 Les Anglais déportent les Français de l’île et s’emparent de la Martinique, qui ne connait donc pas l’abolition de l’esclavage comme la Guadeloupe.

L’esclavage sera rétabli le 19 mai 1802 sous le règne de Napoléon Ier.

1822-1826 Une crise économique survient lorsque la taxe du sucre est trop élevée à son arrivée en France, et que la betterave fait son entrée dans l’industrie.

En même temps, hommes libres et esclaves se rallient et complotent ensemble pour une liberté généralisée.

C’est à cette même période que la révolte la plus sanglante des Neg’Marrons éclate au Carbet. Les esclaves fugitifs empoisonnent et tuent leurs maîtres.

1833 Les esclaves affranchis ne le sont que sur les papiers ils vivent dans la plus grande misère et reçoivent que le minimum d’enseignement scolaire. Un Noir se présente comme officier d’une milice de Noirs, ce qui lui est refusé. S’ensuit une nouvelle révolte qui met fin au projet.

1830-1846 Comme il n’y a plus d’esclaves dans les champs de canne, le sucre perd de sa valeur considérablement.

1848 En avril, le décret du 4 mars créant la Commission d’émancipation fait parler d’émancipation de droit, car « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves ». Les maîtres mettent à la rue les marrons les plus rebelles. Ces derniers demandent, terre, maison, emplois rémunérés etc.

Le 22 mai 1848, des capitalistes proclament l’émancipation des peuples de la Martinique immédiatement. Localement, l’abolition de l’esclavage sera entrée en vigueur le 23 mai.

Ceci étant, des émeutes le 22 mai ont contribué à abolir l’esclavage plus tôt que prévu, soit 11 jours en avance.

Un petit mot sur Victor Shoelcher, présenté par l’institution comme le « sauveur de Noirs », héros de l’abolition (il a même sa statue en Martinique, légèrement vandalisée, c’est vrai).
Peu de gens savent que « l’émancipation immédiate » des esclaves devait s’accompagner, point essentiel de sa doctrine, d’ « indemnité pour le maître, au prorata de ses valeurs, payable en deux termes ». 

La liberté pour les uns et les indemnités pour les autres. En l’occurrence, aux yeux de Schœlcher, le vrai préjudice n’est pas subi par les esclaves condamnés à la servitude héréditaire, mais par les esclavagistes de France.
Schœlcher considérait le fouet comme étant indispensable au bon fonctionnement de tout travail forcé. Pour lui, l’abolition immédiate était inconcevable puisque les esclaves étaient encore « vicieux et ignorants ».

« Le Noir n’est pas stupide parce qu’il est Noir mais parce qu’il est esclave », disait cet homme éclairé. Pas étonnant, donc, au lendemain de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848, que Shoelcher soit aussi un ardent défenseur de la politique coloniale (d’où son attachement au fouet…), qui ne fut que la poursuite de l’esclavage, officiellement aboli.
Il sera, dans les dernières années de sa vie, le directeur politique d’un journal baptisé Le moniteur des colonies. Tout un programme.

Certains ont néanmoins cru en lui et en sa bonne foi…

SK
SK
SK est la rédactrice/ journaliste du secteur Politique, Société et Culture. Jeune femme vive, impétueuse et toujours bienveillante, elle vous apporte une vision sans filtre de l'actualité.

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