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L’Afrique à l’arrivée des premiers explorateurs européens

Culture

L’Afrique à l’arrivée des premiers explorateurs européens

Par Mathieu N'DIAYE 13 octobre 2016

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Lorsque les premiers explorateurs européens arrivèrent sur le continent africain, contrairement à ce que beaucoup aiment à croire, ils ne rencontrèrent pas des sauvages à demi-nus se balançant de branches en branches avec des os dans le nez, mais bel et bien des hommes et des femmes civilisés. 

Par exemple, l’ethnologue et archéologue allemand Leo Frobenius (1873-1938) qui entreprit près d’une douzaine d’expéditions en Afrique sub-saharienne entre 1904 et 1935, témoigne dans une une brève description, de ce que à quoi la « Terre-Mère » ressemblait à l’arrivée des premiers Européens :

« Lorsque [les navigateurs européens] arrivèrent dans le Golfe de Guinée et atterrirent à Vaida, les capitaines furent étonnés de trouver des rues bien agencées bordées sur une longueur de plusieurs miles par deux rangées d’arbres: ils traversèrent des jours durant la campagne couverte de beaux champs, habitée par des hommes vêtus de costumes éblouissants qu’ils avaient tissés eux-mêmes! Plus au sud, dans le royaume du Congo, une foule grouillante habillée de soie et de velours, bien ordonnée exposait dans le détail, de puissants dirigeants, de riches industries. Civilisés jusqu’à la moelle! Et telle était la situation du pays sur la côte est, au Mozambique, par exemple. »

 

l'Afrique

Leo Viktor Frobenius, ethnologue et archéologue allemand.

Ainsi donc, ce sont des populations ayant leur propre civilisation que les explorateurs européens découvrirent. De plus, les récits d’explorateurs étrangers, très nombreux à explorer le continent africain, nous fournissent une description précise de la situation intérieure du berceau de l’Humanité. Ces récits contrastent lourdement avec la propagande négrophobe des puissances européennes pré-coloniales. Frobénius donna notamment son point de vue à ce sujet :

« Les révélations des navigateurs portugais du XVe au XVIIIe siècle montrent que les Noirs d’Afrique qui s’étendaient au sud du désert du Sahara étaient encore en pleine épanouissement, brillants avec des cultures et des civilisations bien organisées. Alors qu’ils avançaient, les conquistadors (les conquérants espagnol et portugais) anéantirent tous signes de la vie et de culture parce que les nouveaux pays d’Amérique avaient besoin d’esclaves et l’Afrique était l’endroit d’où ils recevaient les esclaves par centaines de milliers. Cependant, le commerce des esclaves ne fut jamais une question de justice, il fallait le justifier, donc nous avons fait du nègre un demi-animal, un produit et voici comment nous avons inventé le concept du fétiche (mot portugais qui vient: feiticero) comme un symbole de la religion africaine. Une marque européenne déposée. Quant à moi, je n’ai jamais vu dans aucune partie d’Afrique de nègres indigènes adorant des fétiches (…) l’idée du «nègre barbare» est une invention européenne qui a, en fonction du temps, dominée l’Europe jusqu’à ce qu’au début de ce siècle « 

Voilà comment et pourquoi, les puissants empires et royaumes africains, entrèrent dans un cycle inique d’attaques et de destructions (esclavage, colonisation, etc …) qui n’est à ce jour, pas encore terminé. Il est donc de notre devoir, en tant que Noirs&Fiers de connaitre, de maîtriser et d’enseigner notre histoire à nos petites têtes crépues, non pour s’en gargariser, mais pour s’en servir de tremplin dans notre démarche d’élévation de l’homme et de la femme noire.

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Notes et références

Leo Frobenius, Histoire de la civilisation africaine, Gallimard, Paris, 1938