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Carlos Alberto de Oliveira dit ‘Caó’, militant de la cause noire brésilienne

Politique

Carlos Alberto de Oliveira dit ‘Caó’, militant de la cause noire brésilienne

Par Sandro CAPO CHICHI 10 février 2018

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Carlos Alberto de Oliveira dit ‘Caó’ (1941-2018) était un journaliste, avocat et député brésilien. Grand militant de la cause noire dans son pays, il la fit considérablement avancer en faisant passer une loi à son nom, la ‘Loi Caó’ pénalisant les inégalités et les injures raciales ainsi que l’intolérance religieuse.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media

Une jeunesse consciente
Carlos Alberto Oliveira dos Santos dit ‘Caó’ naît en 1941 çà Salvador de Bahia, dans le nord du Brésil dans une famille modeste. Sa mère, une couturière, obtient auprès d’une de ses clientes d’inscrire le jeune Carlos Alberto dans un collège religieux. S’il a du connaître le racisme bien plus tôt, le plus ancien souvenir de sa résistance à ce fléau est le suivant. Chaque année, son école organisait une fête où il se voyait toujours attribuer le rôle du diable. A une de ces occasions, le jeune se rebelle, refuse de jouer ce rôle et dégrade un mur de l’école.
Dès l’âge de seize ans, Caó est actif dans ‘O Oleo e nosso’ une campagne pour la nationalisation du pétrole et dirige une association de quartier dans sa ville natale. Très vite, ses capacités de leadership le conduisent à diriger des associations estudiantines dans l’état de Bahia et à l’échelle fédérale.

En 1964, le Brésil subit un coup d’état militaire et une dictature qui durera jusqu’en 1980. Soutenu par les Etats-Unis, il se produit notamment en réaction aux mouvements sociaux influencés par l’idéologie communiste qui ont agité le Brésil en 1963 et en 1964. Pour sa participation à nombre de ceux-ci, Caó, alors étudiant en droit, est arrêté, torturé et condamné à six mois de prison. Il est toutefois innocenté en dernière instance.

A cette époque, il part vivre à Rio de Janeiro où il commence à travailler comme journaliste économique, devenant notamment responsable éditorial de la section du célèbre Jornal do Brasil. Dans cette profession encore, il dirige de nombreuses associations et organisations syndicales de journalistes. Dans ce cadre, il parvient, en réunissant d’autres journalistes, à obtenir une augmentation de salaire pour tous les membres de sa profession et ce sans grève ni pression sur les employeurs. Entre temps, il a obtenu une licence en droit.

Carrière politique
La popularité et le succès de Caó, ainsi que son profil représentatif de la communauté noire attirent bientôt les responsables de partis politiques. Caó rejoint alors le Parti Démocratique Brésilien, un parti nationaliste de gauche qui rompt avec le parti communiste duquel il vient de se séparer. En 1982 il est ainsi élu député fédéral de Rio de Janeiro sous l’étiquette de ce parti et Secrétaire d’Etat au logement et du travail.

La loi Cao

En 1951 était adoptée au Brésil la loi Afonso Arinos, la première loi à y condamner le racisme. Celle-ci n’était toutefois que guère intimidante, ne donnant lieu qu’à une contravention. Devant la persistance du racisme dans la société brésilienne, Caó se bat dans les années 80 pour y faire adopter une nouvelle loi qui ferait davantage encore reculer le fléau. Au terme d’un long combat, une première loi Caó adoptée en 1985 élargit la loi Afonso Arinos en pénalisant les préjugés et les discriminations basés sur la ‘race’, la couleur de peau, mais aussi l’état civil et le sexe. En 1989, une autre loi portant son nom (étendue à l’intolérance religieuse) criminalise cette fois-ci cette pratique. Les discriminations basées sur la couleur de peau, sur la religion et sur le sexe sont cette fois-ci passible de prison. Réélu en 1991 comme député, Cao aura entre temps joué un rôle fondamental dans la création de la Fundaçao Cultural Palmares, une association mandatée par le Ministère de la Culture Brésilien et dont un des objectifs principaux était de promouvoir et de reconnaître l’influence des cultures noires amérindiennes sur la culture brésilienne.

L’impulsion extraordinaire de ce combattant décédé en février 2018 aura donc conduit la loi brésilienne à se ranger du côté du combat contre le racisme où se dressait déjà la légitimité.

Cao

Cao (1941-2018)

Sources:

http://blogs.odiario.com/comunidadeafroemacao/2012/01/17/cao-70-anos-de-luta/

http://www.lexml.gov.br

 

Raça Brasil homenageia os 70 anos de Caó autor da lei que tipifica o racismo no Brasil