Massacre du Zong ou l’horreur de la traite négrières

Le Massacre du Zong en 1781 est l’une des tragédies les plus choquantes de la traite des Noirs. Nofi vous propose de découvrir l’histoire de ce massacre, ses implications et son impact sur le mouvement abolitionniste.

Le massacre du Zong : un chapitre sombre de l’Histoire

En 1781, l’un des événements les plus horrifiants de l’histoire de la traite des Noirs se produisit à bord du navire négrier Zong. Commandé par le capitaine Luke Collingwood, le Zong quitta les côtes du Ghana actuel avec 470 Africains capturés destinés à être vendus en Jamaïque. Cependant, une série de décisions désastreuses et inhumaines conduisit à la mort tragique de 131 Africains, jetés par-dessus bord pour des raisons d’assurance. Cet événement, connu sous le nom de Massacre du Zong, marqua un tournant dans la lutte contre l’esclavage et mit en lumière les atrocités de la traite des Noirs.

La traite négrières au XVIIIe Siècle : un commerce inhumain

À la fin du XVIIIe siècle, la traite des Noirs était une activité lucrative pour les marchands européens. Des millions d’Africains étaient capturés et transportés à travers l’Atlantique pour être vendus comme esclaves dans les colonies des Amériques. Le Zong, un navire négrier britannique, était l’un des nombreux bateaux engagés dans ce commerce inhumain. Le capitaine Luke Collingwood, pressé par l’appât du gain, sous-estima la durée du voyage, pensant qu’il ne prendrait que huit semaines. Cependant, les circonstances allaient s’avérer bien différentes.

Des vies humaines réduites à des clauses contractuelles

Le Zong appartenait à James Gregson & Associés et était assuré par Gilbert & Associés. Le contrat d’assurance stipulait que les assureurs indemniseraient les propriétaires du bateau si les esclaves mouraient dans certaines conditions spécifiques. Si les esclaves étaient tués par l’équipage en cas de révolte, les propriétaires seraient indemnisés. Cependant, en cas de mort naturelle, de maladie ou de suicide, la compagnie d’assurance ne paierait pas.

Épidémie à bord : la mort silencieuse des captifs

Douze semaines après son départ, le Zong n’était toujours pas arrivé en Jamaïque. L’équipage avait confondu Saint-Domingue avec la Jamaïque, prolongeant le voyage de manière inattendue. Ce retard, ajouté aux mauvaises conditions sanitaires à bord, entraîna une épidémie de maladies parmi les captifs africains. Soixante d’entre eux moururent de maladies et furent jetés par-dessus bord par l’équipage. Collingwood, conscient que ces morts ne seraient pas indemnisées, eut l’idée macabre de jeter les esclaves malades mais vivants par-dessus bord pour toucher l’assurance.

Le sacrifice humain pour le profit

À partir du 29 novembre 1781, 131 Africains vivants furent jetés par-dessus bord. Les membres de l’équipage justifièrent cet acte en affirmant qu’un manque de provisions d’eau menaçait leur survie s’ils devaient les partager avec les prisonniers. Pourtant, des pluies abondantes avaient fourni suffisamment d’eau potable. Le Zong arriva finalement en Jamaïque le 22 décembre, après avoir commis l’un des crimes les plus atroces de l’histoire de la traite des Noirs.

La quête d’indemnisation : cynisme et avidité

De retour en Angleterre, les propriétaires du Zong réclamèrent une indemnisation auprès de leur compagnie d’assurance, en affirmant que le massacre avait été nécessaire pour sauver l’équipage. Gilbert & Associés refusèrent de payer, ayant entendu parler des véritables circonstances du massacre. Ce refus conduisit à un procès en 1783 où le tribunal initialement donna raison aux propriétaires du Zong, obligeant la compagnie d’assurance à payer.

Cependant, l’affaire ne s’arrêta pas là. Olaudah Equiano, un ancien esclave devenu militant abolitionniste, porta l’affaire à l’attention de Granville Sharpe, un autre militant abolitionniste renommé. Sharpe tenta de faire inculper les membres de l’équipage pour meurtre. Bien que le verdict en appel fut cette fois en faveur de la compagnie d’assurance, les membres de l’équipage échappèrent à des poursuites pour meurtre.

Un réveil brutal pour le public britannique

Le Massacre du Zong devint un symbole des horreurs de la traite des Noirs et stimula le mouvement abolitionniste en Grande-Bretagne. Les détails du massacre choquèrent le public et alimentèrent le débat sur l’abolition de l’esclavage. Des personnalités comme Granville Sharpe et Olaudah Equiano utilisèrent cette tragédie pour dénoncer les brutalités infligées aux esclaves et pour appeler à des réformes.

Des marchandises ou des êtres humains ?

Le procès du Zong mit en lumière les lacunes du système juridique britannique de l’époque. Bien que les propriétaires du navire aient été indemnisés pour leur « perte« , les Africains tués étaient considérés comme des marchandises, et non comme des êtres humains. Ce traitement inhumain souligna la nécessité de changer les lois et les attitudes envers l’esclavage. La médiatisation du massacre joua un rôle crucial dans la sensibilisation du public et l’accélération des efforts pour mettre fin à la traite des Noirs.

Commémoration et réflexion : ne jamais oublier

Le Massacre du Zong a laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’abolition de l’esclavage. Il est commémoré comme un rappel poignant des atrocités commises au nom du profit et de l’exploitation humaine. Des œuvres artistiques, comme la peinture « The Slave Ship » de J.M.W. Turner, ont immortalisé cet événement, renforçant son impact sur la conscience collective.

Une tragédie inoubliable : leçons et héritage

Le Massacre du Zong en 1781 reste l’une des tragédies les plus choquantes et inhumaines de la traite des Noirs. Cette tragédie, marquée par la mort de 131 Africains jetés par-dessus bord pour des raisons d’assurance, a mis en lumière les atrocités du commerce des esclaves et a renforcé le mouvement abolitionniste en Grande-Bretagne. L’histoire du Zong est un puissant rappel des horreurs de l’esclavage et de la nécessité de continuer à lutter contre toutes les formes d’oppression et d’injustice.

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