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Hans Massaquoi, un jeune métis dans l’Allemagne nazie

Culture

Hans Massaquoi, un jeune métis dans l’Allemagne nazie

Par Sandro CAPO CHICHI 19 juin 2015

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Découvrez l’histoire incroyable du chef d’édition du magazine Ebony dans les années 1960.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Hans Massaquoi est né en 1926 à Hambourg en Allemagne, fils de Bertha Betz, une infirmière allemande blanche et d’Al-Haj Massaquoi, un Libérien d’ethnie vaï et petit-fils de Momulu Massaquoi, consul du Liberia en Allemagne à l’époque.

Le jeune Hans Massaquoi et ses parents

Le jeune Hans Massaquoi et ses parents

Alors qu’il grandissait au consulat, le jeune Hans associait la couleur noire de son grand-père à la supériorité, puisque celui-ci avait des servants blancs. Toutefois, lorsque son grand-père fut rappelé au Liberia en 1929, Hans Massaquoi resta en Allemagne avec sa mère, un pays où allait émerger le parti nazi dans les années 30. Sans souffrir de la persécution des Nazis comme les Juifs ou les Tziganes, il allait grandement être victime du racisme de la société allemande.

Le petit Hans Massaquoi portant la croix gammée

Le petit Hans Massaquoi portant la croix gammée

Bien qu’il aurait souhaité, comme tout enfant allemand embrigadé selon l’idéologie nazie joindre les Jeunesses Hitlériennes, ce souhait lui sera refusé en raison de la couleur de sa peau. S’il avait progressivement compris le caractère ignoble de l’idéologie nazie durant son adolescence, il allait toutefois développer un fort rejet de son apparence physique. Son métissage, qui était considéré comme une impureté le contraindra à être classifié comme un non-aryen et à ne pas pouvoir être éligible pour joindre l’armée allemande ou pour débuter une carrière professionnelle allait l’amener à voyager au Liberia puis à migrer aux Etats-Unis en 1947, après la guerre. Là-bas, il allait joindre l’armée américaine, celle là-même qui avait vaincu l’armée nazie qui lui avait été interdit de rejoindre. Trois ans plus tard, Massaquoi obtiendra la nationalité américaine et travaillera ensuite comme journaliste dans des magazines comme Jet et Ebony, devenant chef d’édition de ce dernier durant les années 1960. Dans ce cadre, il rencontrera certains de ses héros de jeunesse comme les sportifs noirs américains Joe Louis et Jesse Owens, qui en triomphant sur le sol allemand face à des athlètes aryens lui avaient donné brièvement la fierté d’être noir. Il interviewera de nombreuses grandes figures du mouvement des Droits Civiques comme Martin Luther King ou Malcolm X. De témoin du massacre d’un peuple, il allait passer à celui de spectateur de la libération d’un autre, le peuple afro-américain qui lui ressemblait et lui donnait peut-être la sensation de s’être affranchi d’un début de vie dont il avait été, lui aussi, aliéné.

Hans Massaquoi / Photo : Nestor Bachmann (c) dpa - Report

Hans Massaquoi / Photo : Nestor Bachmann (c) dpa – Report

Mort en 2013, Hans Massaquoi publia en 1999 son autobiographie ‘Neger, Neger Schornsteinfeger! Meine Kindheit in Deutschland (Destined to Witness: Growing Up Black in Nazi Germany en anglais)’ qui fut un succès commercial. Une adaptation de ce récit de son enfance en Allemagne fut adapté à la télévision en 2006.

Le téléfilm allemand sur la jeunesse d'Hans Massaquoi (2006) Photo: Ulrich Perrey dpa/lno (c) dpa - Report

Le téléfilm allemand sur la jeunesse d’Hans Massaquoi (2006)
Photo: Ulrich Perrey dpa/lno (c) dpa – Report