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Amina De Zaria, Reine guerrière Haoussa

Histoire

Amina De Zaria, Reine guerrière Haoussa

Par Noella 3 octobre 2014

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Aminatou, ou Amina, a vécu au XVIe siècle dans les Cités-États Haoussa (nord-est de l’actuel  Nigeria) qui regroupaient les États de Biram, Daoura, Katsina, Zazzaou (ou Zaria), Kano, Rano, et Gobir, et qui dominaient le commerce d’Afrique noire sub-saharienne. 

Par Natou Seba Pedro Sakombi dans Reines & Héroïnes d’Afrique

De confession musulmane, elle a régné sur  Zazzaou pendant plus de 34 ans. Les historiens ne parviennent pas à se mettre d’accord quant aux détails de son histoire, certains contestant le fait qu’elle ait été Reine. Toutefois, « les Chroniques de Kano », un recueil d’écrits anonymes des Haoussa, nous relatent les aventures de cette fameuse reine guerrière.

Reine Guerrière Haoussa, Femme aussi capable qu’un Homme…

Amina, qui deviendra plus tard la 24e heba de Zazzaou (nom donné aux dirigeants du pays) n’est qu’une adolescente de 16 ans lorsque son père Magajiya Bakwa Turunku devient le 22e Roi de Zazzaou. Sa mère, alors Reine-Mère, décide de renommer la ville « Zaria », du prénom de la sœur d’Amina, qu’elle préfère.
Durant le règne de son père, le pays connaît la paix et la prospérité, même si ce dernier organise quelques campagnes militaires dans une perspective commerciale.
Les occupations de la jeune femme qu’est Amina à cette époque n’ont rien de similaire à celles des autres jeunes femmes de son âge. En effet, elle passe plus de temps à s’entraîner avec les soldats de l’armée de son père qu’à se préoccuper de son apparence ou à rêver du prince charmant. Et ce n’est pas parce qu’elle est la fille du roi ou parce qu’elle y est obligée, mais parce qu’Amina a une passion: l’art de la guerre.

À la mort de son père en 1566, et selon la coutume Haoussa, son frère Karama devient roi de Zazzaou, bien qu’il soit plus jeune qu’Amina. Cependant, Karama ne régnera qu’une dizaine d’années, après une mort soudaine, laissant le trône à Amina qui prend sa place sans aucune hésitation.
Ni le peuple ni les militaires de l’armée de Zazzaou ne sont effrayés par son ascension au trône, car bien que femme, Amina a déjà révélé des dons extraordinaires en art militaire. De surcroît, elle est dotée d’une force physique inégalable, qui lui vaut le surnom de « femme aussi capable qu’un homme ». En réalité, Amina avait déjà dirigé la cavalerie de son peuple à plusieurs reprises durant le règne de son frère.

Dès son intronisation, elle lance sa première expédition militaire qui va durer trois mois. Elle organise de multiples campagnes militaires car son but est d’agrandir le territoire de Zazzaou en s’emparant des villes situées au-delà des frontières. Le chroniqueur P.J.M. McEwan nous cite ces passages des Chroniques de Kano :

« Amina s’empara de toutes les villes du Nord autour de Kwararafa et celles du Sud autour de Nupe. Elle domina donc une grosse partie de la région d’Haoussaland, mais alla bien au-delà, en prenant contrôle du territoire de Kasashen Baouchi. Amina posa sa domination sur toutes les routes commerçantes qui reliaient l’ouest du Soudan à l’Égypte. Elle réussit aussi à conquérir une partie du nord du Mali. »

Amina construit des remparts tout autour des régions qu’elle parvient à conquérir, murs qui porteront le nom de Ganuwar Amina, ou Murs d’Amina, dont certains existent encore aujourd’hui et embellissent fièrement le paysage de certaines villes Haoussa.

Selon la légende, Amina refuse de se marier et même d’avoir des enfants. Par contre, dans chaque territoire conquis, elle passe la nuit avec un homme de son choix. Le lendemain des ébats, elle tue l’amant malheureux pour que ce dernier n’aille pas se vanter pas d’avoir eu des relations intimes avec elle.

Voici un extrait de l’ouvrage Gifts For Queen Amina de Lyn Reese, tiré des Chroniques de Kano. Le personnage principal, un jeune homme nommé Lami, raconte sa visite au palais de la Reine Amina :

La salle du trône était déjà pleine des membres de la Cour qui attendaient la Reine. Lami et Marka venaient juste de trouver une place dans un coin, à côté du trompettiste qui, lui aussi, attendait le signal pour annoncer la Reine. Un chanteur éleva la voix pour chanter les louanges racontant les exploits et les victoires d’Amina durant les différentes guerres menées. Il chantait en dirigeant son index vers la foule. La trompette sonna et les nombreux tambours royaux suivirent le son. Les deux gardes du corps personnels de la Reine apparurent (…). Eux seuls dans la salle du trône avaient le droit de porter des armes. La Reine fit son entrée, et toute la salle se prosterna, front contre terre. Personne n’avait le droit de se lever tant que la Reine n’avait pris la parole. Du coin de l’œil, Lami pu contempler la Souveraine et constata qu’elle était d’une grande beauté. Grande de taille et imposante physiquement, Lami pensa qu’elle avait le teint aussi noir que sa mère. Elle portait une tenue en soie jaune et marron, un énorme collier en or et corail, des bracelets et des bagues en cuivre. Sa coiffure était ornée d’un large tissu doré et il s’agissait pour Lami de la plus belle coiffure qu’il avait vue jusque-là.
 Amina Zazzaou restera à jamais gravée dans la mémoire collective des Nigérians qui la surnomment la Reine Guerrière des Haoussa, et c’est même d’elle que s’est inspiré le créateur de la série télévisée Xena la Guerrière.

Au Nigeria, beaucoup se souviennent certainement de cette chansonnette populaire de leur enfance qui dit : « AMINATU, YAR BAKWA TA SAN RANA », ce qui signifie « Amina fille de Nikatau, femme aussi capable qu’un homme ».

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