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L’histoire de la reine Njinga de Ndongo et Matamba : Partie 1, la jeunesse

Histoire

L’histoire de la reine Njinga de Ndongo et Matamba : Partie 1, la jeunesse

Par Sandro CAPO CHICHI 14 février 2018

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La reine Njinga de Ndongo et de Matamba est probablement l’une des reines les plus connues de l’histoire de l’Afrique. Diabolisée après sa mort par les Européens, elle est aujourd’hui souvent présentée comme une icône de la lutte africaine contre l’esclavage et la colonisation européens. On propose de revenir ici sur la jeunesse de cet extraordinaire personnage.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr

Naissance et enfance de Njinga

Njinga naît en 1582. Elle est la fille de Mbande a Ngola, roi de l’état mbundu de Ndongo (actuel Angola) et de sa seconde épouse, Kengela ka Nkombe. Par cette double filiation, Njinga sera doublement légitime lorsqu’elle revendiquera plus tard le pouvoir royal. Son père est en effet roi et sa mère appartient à l’un des lignages royaux mbundu.

Son nom, Njinga le doit à la position avec laquelle elle vint au monde : avec la partie inférieure de son corps et avec le cordon ombilical enroulé autour de son cou. Dans la tradition mbundu de l’époque, ce type de naissance était semble-t-il considéré comme miraculeux. Comme avec son ascendance, Njinga s’est probablement servi de ce fait pour légitimer son accession au pouvoir. A cause de cette condition lors de sa naissance, elle fut nommée Njinga, du verbe mbundu kujinga qui signifie ‘enrouler’.

Plus tard dans sa vie, Njinga racontera avoir été particulièrement choyée par son père lors de son enfance. La favorisant plus que ses autres frères et soeurs, il l’aurait autorisée à assister à ses réunions les plus importantes. Durant sa jeunesse, elle aurait surpassé tous ses frères et soeurs dans le maniement de la hache de guerre, considéré comme le symbole royal de Ndongo.

On peut être tenté de remettre en question la véracité de tous ces faits racontés a posteriori par Njinga. De nombreux personnages historiques et leurs partisans ont ainsi tendance à embellir leur histoire personnelle, notamment en inventant des histoires justifiant la légitimité de leur accession au pouvoir et des histoires de naissance miraculeuse les prédestinant à une vie extraordinaire.

Ces éléments de sa jeunesse pourraient avoir été inventés pour justifier que Njinga était en quelque sorte destinée à régner. Toutefois, ils semblent principalement être cohérents. L’étymologie du nom de Njinga semble justifiée par sa naissance ‘extraordinaire’ ; son excellent maniement de la hache de guerre a été confirmé par ses contemporains alors qu’elle était âgée de 70 ans. Les faveurs que lui aurait accordé son père semblent confirmées par sa participation précoce à des activités militaires, comme on le verra plus bas.

L’enfance de Njinga s’est déroulée dans un contexte de résistance à l’expansion portugaise dans le royaume de Ndongo. Son grand-père, qu’elle perdit à l’âge de dix ans et son père avaient opposé une résistance, certes malheureuse, à l’avancée des Portugais et de leur religion, le christianisme. Ce contexte a nul doute du façonner le caractère martial de Njinga.

La reine Njinga

La jeune Njinga par Tim O’Brien / obrienillustration.com/

Référence

Linda M. Heywood / Njinga of Angola