Neïba

Diarah N’Daw-Spech, co-fondatrice du festival international du film de la diaspora africaine

Culture

Diarah N’Daw-Spech, co-fondatrice du festival international du film de la diaspora africaine

Par SK 5 septembre 2016

Pour ne rien manquer de l'actualité,
téléchargez l'application depuis ce lien
Recevez du contenu exclusif, de l'actualité, des codes promos Nofi Store ainsi que notre actualité évenementielle chaque week-end !

Diarah N’Daw-Spech: « Un festival comme le nôtre aide à présenter une image plus complexe, plus réaliste des problématiques qui nous touchent et qui sont importantes pour nous. »

La sixième édition du Festival international du film de la diaspora africaine (FIFDA) se tiendra du 9 au 11 septembre. Un événement qui donne la parole à la diversité et offre une place de choix au traitement artistique et complexe des problématiques qui concernent les africains et la diaspora. A cette occasion, NOFI a rencontré Diarah N’Daw-Spech, l’organisatrice et co-fondatrice de cette initiative, aujourd’hui plus qu’encourageante.

Comment est née l’initiative du FIFDA ?

Mon époux, Reinaldo Barroso-Spech,qui est mon associé dans cette aventure, enseigne les langues et a beaucoup utilisé les films dans sa salle de classe. Il s’est rendu compte qu’ils étaient une façon de parler aux élèves, surtout à ceux d’origine africaine. Cela nous a permis d’identifier ce besoin de nous voir représentés à l’écran. Nous sommes tous deux des fanatiques de cinéma, c’est donc aussi une initiative personnelle, une volonté de contribuer au scénario artistique de la ville de Paris.

Pourquoi trouviez-vous important de mettre en avant ces films de la diaspora ?

Parce qu’ils ne sont pas visibles ici. Au-delà du cliché, du film de l’immigré, il n’y a pas vraiment de films qui présentent le vécu de gens d’origine africaine partout dans le monde. Tous les films que l’on projette durant le festival sont inédits, et dès la première édition, on a pu remarquer un  réel engouement. Il y a de la curiosité, l’envie de se voir à l’écran, autrement qu’à la façon traditionnelle, qui se fait généralement selon une perspective française. On voulait que des gens comme nous puissent s’exprimer et mettre en valeur ces histoires qui sont justement réalisées par nous, qui ont des choses à dire, qui veulent faire un commentaire social et parler de notre réalité avec originalité et de manière artistique et intéressante.

Dans le contexte sociétal actuel, quel rôle pensez-vous que puisse jouer ce festival ?

Je pense qu’il peut jouer un rôle important car il y a un vraiment un besoin d’échange, de communication et de sortir des stéréotypes. Le cinéma est probablement l’un des médias les plus démocratiques, les plus ouverts, les plus faciles à utiliser pour appréhender les gens et leur donner de l’information. Donc, un festival comme le nôtre aide à présenter une image plus complexe, plus réaliste des problématiques qui nous touchent et qui sont importantes pour nous. Le dialogue et l’écoute sont aujourd’hui essentiels, car il y a énormément de polémique et pas assez de conversation. Le festival peut contribuer à ce que différentes gens issus de différents groupes puissent se retrouver dans un espace pour du divertissement mais aussi et surtout de l’échange. On a constaté dans l’audience un groupe très varié de personnes qui participent au festival; les débats qui suivent les films sont toujours très intéressants parce que les gens viennent avec leur propre bagage culturel et personnel, ils appréhendent donc ce qu’ils voient à l’écran différemment les uns des autres et l’expriment à travers leurs questions. Cela permet de faire comprendre aux uns et aux autres d’où vient autrui.

Ce festival est-il une compétition ou une comparaison entre différents cinémas ?

Non, ni l’un ni l’autre. C’est une exposition, un festival de découverte avec des films qui n’ont jamais été présentés à Paris. Un certain nombre de ces productions ne pénètre pas les circuits de l’industrie du cinéma ou les réseaux de distribution, pour des raisons variées. Et si les gens qui contrôlent ces réseaux n’ont pas d’intérêt particulier à diffuser ces films, ils passent au-dessous du radar. Cette barrière se trouve au niveau du cinéma mais aussi dans d’autres milieux. Notre but est de donner un espace à des films qui, sans nous, n’auraient pas été vus. Ce festival est une sorte de célébration de la diversité dans le cinéma. La démarche est plus dans l’information que dans la compétition.

Quels sont les critères de sélection de ces films ?

On sélectionne les films qui sont d’une grande qualité artistique, d’une bonne qualité de production et qui ont quelque chose à dire. Si vous venez au festival, vous verrez des films qui représentent la vie avec une certaine justesse, une certaine sensibilité et une certaine réflexion, respectueuse des problématiques que l’on présente.

Pouvez-vous nous parler de la sélection de cette année ?

Pour l’ouverture, nous n’avons pas réussi à choisir entre deux long-métrages. Ils seront donc présentés tous les deux, il s’agit de  Images , un film à propos de la représentation des banlieues dans les médias, en Belgique, sous forme de film d’action. C’est original et en même temps, on retrouve ces problématiques partout. Cette projection sera donc suivie d’un débat intitulé « Banlieues et images, je t’aime  moi non plus « , en présences de plusieurs professionnels des médias et de l’acteur principal du film. Le second long-métrage est un thriller américain intitulé Supremacy  avec Danny Glover, qui traite des tensions raciales qui existent aux Etats-Unis. Un conflit entre l’histoire d’un néo-nazi qui se réfugie par hasard dans la maison d’une famille afro-américaine. Cette fiction est tirée d’une histoire vraie, et cette diffusion sera une première européenne. On aura aussi un film qui raconte l’histoire d’amour entre une africaine musulmane et un blanc agnostique, qui s’entendent parfaitement sur le plan intellectuel, du fait qu’ils sont tous les deux étudiants, mais seront confrontés à des différences culturelles et religieuses. Héros invisibles et un documentaire sur ces soldats afros américains volontaires qui ont été combattre en Espagne contre la dictature franquiste et qu’on a effacé de l’histoire. Le film de clôture s’intitule La belle vie, réalisé par une afro-américaine d’origine haïtienne qui part en quête de son histoire, sur la terre de ses parents et à travers le portrait de la société haïtienne.

https://player.vimeo.com/video/123907371

Pourquoi doit-on assister au Festival international du film de la diaspora africaine ?

Venir au festival c’est très enrichissant, intellectuellement, spirituellement, émotionnellement et humainement. Le Fifda c’est des rencontres, de la curiosité, de l’intérêt pour et avec ceux qui valorisent notre image. Je crois que n’importe quelle personne qui veut pouvoir réfléchir à sa condition, à toutes les tensions qui existent aujourd’hui et avoir de nouvelles perspectives tout en découvrant du bon cinéma passera vraiment un excellent moment au festival.