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TRICONTINENTALISME: UNE RÉALITÉ QUI DOIT RENAITRE

Société

TRICONTINENTALISME: UNE RÉALITÉ QUI DOIT RENAITRE

Par Farafín SANDOUNO 3 juin 2023

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Après la Seconde Guerre mondiale, un sentiment anticolonialiste radical a commencé à se développer parmi les mouvements en Afrique, mais aussi en Asie et en Amérique latine. Tous ces mouvements partageaient le même problème, le même adversaire, le même cancer : le colonialisme occidental. Cela les poussera à converger et à développer le concept de Tricontinentalisme.

L’ORIGINE DU TRICONTINENTALISME

Mehdi Ben Barka.©️Tous droits réservés

L’un des plus grands défenseurs de ce Tricontinentalisme fut le militant marocain Mehdi Ben Barka. Ce dernier était un grand opposant à la monarchie marocaine, qu’il considérait comme succombant aux intérêts coloniaux, était un antisioniste et prônait l’union des peuples opprimés du colonialisme (sous l’alliance tricontinentale), en plus d’être un partisan panafricain de Unité Africaine. Ami du révolutionnaire de la Guinée-Bissau Amilcar Cabral, du président ghanéen Kwame Nkrumah, du cubain Ernesto Che Guevara, et de bien d’autres opposés au néocolonialisme occidental. Tous ensemble ils décidèrent de faire front commun. C’est dans ce sens qu’il a été décidé d’organiser une grande conférence de solidarité des peuples d’Afrique-Asie-Amérique latine (l’alliance tricontinentale des peuples opprimés du Sud) du 3 au 15 janvier 1966 à La Havane (Cuba). Cependant, celui qui était parmi les organisateurs centraux, c’est-à-dire Mehdi Ben Barka, n’a jamais pu y assister, puisqu’il a été tué quelques mois plus tôt dans un meurtre encore mystérieux, mais qui aux yeux de la majorité, la CIA, le L’Etat français, Israël et la monarchie marocaine auraient été impliqués. Cependant, la conférence tricontinentale s’est tenue avec 82 représentants de pays africains, latino-américains et asiatiques. Lors de cette conférence les thèmes de discussion étaient : la révolution mondiale contre le capitalisme financier, la lutte contre le néocolonialisme occidental, la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, le soutien à la Palestine (occupée par les sionistes), le soutien à Cuba asphyxié par l’impérialisme yankee, le soutien au Vietnam et la lutte contre les technologies nucléaires en direction du Sud Global. C’est ainsi que l’OSPAAAL (Organisation de Solidarité des Peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine) a été créée.

Capitalisme VS Communisme..©️Tous droits réservés

Malgré les bons objectifs programmés dans la résistance au capitalisme occidental, le Tricontinentalisme s’est affaibli et a échoué au fil du temps. Mais cela n’a pas échoué en raison d’un manque de plans ou d’un manque de volonté de part et d’autre. Le Tricontinentalisme a échoué car dès le début, presque tous les représentants tricontinentaux, bien qu’ils se définissaient comme non-alignés, tournaient autour de l’idéologie socialiste ou communiste. A l’époque le monde était divisé en 2 blocs : le communisme en Europe de l’Est, le capitalisme en Occident. Le communisme a été vaincu en 1989 avec l’effondrement du mur de Berlin, qui a ainsi conduit à la libéralisation de l’Union soviétique (qui soutenait stratégiquement tous les mouvements non alignés) et le capitalisme occidental a triomphé, qui est devenu ce que nous appelons aujourd’hui le mondialisme néolibéral. Ce mondialisme a maintenant pénétré tous les coins du monde et ceux qui en subissent les effets sont les peuples du Sud.

DIFFERENCE ENTRE MONDIALISATION, MONDIALISME ET CRITIQUE DE L’ALTER-MONDIALISME

©️Tous droits réservés

Cependant, il faut différencier 2 concepts, qui sont trop souvent mal compris : mondialisation (ou globalisation) et mondialisme (ou globalisme). La mondialisation est un facteur positif qui a toujours existé. Lorsque nos ancêtres Egyptiens dialoguaient avec les Grecs de l’Antiquité ou commerçaient avec les civilisations nord-méditerranéennes en général, c’était une forme de mondialisation. Même lorsque l’Empereur du Manden Abou Bakr II se rendit aux Amériques en 1312, établissant ainsi une interaction avec les indigènes d’Amérique, là aussi on peut parler de mondialisation. Aujourd’hui, en plus des simples interactions ou échanges commerciaux, il permet la libre diffusion de l’information et les peuples peuvent apprendre à se connaître sans que les particularités de chacun ne soient menacées. Le mondialisme, par contre, c’est tout le contraire, c’est le paroxysme de la mondialisation. Le mondialisme ne veut pas que tous les peuples se connaissent pour ce qu’ils sont. Le mondialisme pointe vers un nouvel ordre mondialisé, où le caractère sacré des choses n’existera plus, où la relation avec Dieu n’existera plus, où les identités civilisationnelles, ethniques, spirituelles, sexuelles seront combattues. Dans le mondialisme, il n’y a pas de Tradition, mais il y a que la loi de la finance internationale néolibérale apatride basée sur la daneistocratie qui règne. Aujourd’hui ce mondialisme néolibéral dégénéré avec sa modernité décadente anti-traditionnelle et son progressisme délétère est présent partout. La défense de l’Identité est le bastion de la résistance aux mondialistes apatrides, qui sont en fait les mêmes les capitalistes d’hier. D’autre part, il y a aussi une tendance appelée  »alter-mondialisme ». L’alter-mondialisme (comme le mot lui-même l’indique) prétend se présenter comme une alternative, la solution, un mondialisme moins agressif, qui critique le néolibéralisme économique (marché libre aux antipodes des civilisations communautaristes du Sud), mais il est profondément dans le néolibéralisme culturel (la destruction de la famille, la théorie du genre, le transféminisme libéral-libertaire, l’antiracisme bourgeois, le monde sans frontières, l’universalisime, etc.). Cet alter-mondialisme, qui se veut l’alternative, est le problème, pour ne pas dire le pire du mondialisme lui-même.
Ruben Um Nyobe, Lumumba, Nkrumah, Sékou Touré et d’autres se sont battus contre le colonialisme. Thomas Sankara et Fidel Castro ont combattu le néocolonialisme. Aujourd’hui, nous devons combattre le mondialisme néolibéral qui pénètre le Sud du monde, impose son idéologie délétère, coopte, finance et manipule certaines ONG, qui suivent l’agenda du philanthrope Georges Soros, propagent le mondialisme, derrière la lutte pour la démocratie. Au sein de la diaspora africaine, le même problème est présent parmi certains mouvements antiracistes, associations ou plateformes, profondément ancrés dans le magma mondialiste. Ces mouvements contrôlés par les maîtres mondialistes sont créés pour décimer définitivement la conscience Noire basée sur le Black Power défendu à l’époque par Malcolm X, Khalid Muhammad, Marcus Garvey, Stockely Carmichael.

LE TRICONTINENTALISME ANTI-MONDIALISTE AU 21EME SIECLE EST NECESSAIRE

L’Afrique panafricaniste.©️Tous droits réservés

Outre l’Afrique et les Africains, l’Amérique du Sud et le Moyen-Orient souffrent du mondialisme néolibéral. Il est très urgent de prôner des alliances entre nous pour résister à ce nouveau mal.
Le Néo-panafricanisme doit s’entendre avec les idéologies communautaristes et anti-mondialistes en Amérique du Sud matérialisées par des mouvements tels que Nova Resistencia de Raphael Machado (au Brésil), Circulo Patriotico Chile de Luis Bozzo (au Chili), Vanguardia Colombia (en Colombie). Ce néo-panafricanisme doit aussi s’entendre avec des mouvements au Moyen-Orient et en Extrême-Orient.
Nous avons besoin d’un nouveau Tricontinentalisme parmi toutes les réalités du Sud opposé au mondialisme néolibéral, un tricontinentalisme cette fois sans communisme et sans socialisme (et encore moins le libéralisme). Nous avons besoin d’un Tricontinentalisme communautariste, impérial, enraciné dans la philosophie civilisationnelle de chacun. Un Tricontinentalisme qui reconnaîtra l’Empire Africain, l’Empire Sud-américain, l’Empire Arabe, l’Empire Perse, l’Empire Indien, l’Empire Chinois (meme si la Chine d’aujourd’hui n’est plus celle de la Chine solidariste de Mao Zedong). Tous unis face à l’hydre mondialiste isfet-ienne. Tout cela sera possible avec des échanges, des congrès, des coopérations, des actions communes. La suprématie moderne (autre nom de l’Occident) sera en difficulté le jour où le Sud fera front commun, en conservant ses particularités, contre ceux qui veulent nous entraîner sur la voie du mondialisme isf-etien dégénéré. Texte écrit par Farafín Sandouno.