À ABIDJAN, LE SALON AFRICAIN DES ARTS DE LA MAISON MET LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS
Entrepreneuriat

Par Dozilet Kpolo 14 novembre 2023
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Ce week-end, de nombreux visiteurs ont fait un tour au Salon Africain des Arts de la Maison ; histoire de faire des achats et/ou apprendre l’art de la table.
« Et vous-là, venez mettre la table ! », crient ces adultes qui déchirent le silence d’une maison pour rameuter les plus petits, occupés à ne rien faire. Paraît-il que c’est ainsi que la transmission de certains arts, comme celui de la table, se fait.
Durant deux jours, petits et grands enfants ont pu réviser leurs cours et surtout découvrir de nouvelles façons de faire avec le Salon Africain des Arts de la Maison qui a mis les petits plats dans les grands.
Retour sur l’événement abidjanais du week-end.
ÇA Y EST ! LE SALON AFRICAIN DES ARTS DE LA MAISON A OUVERT SES PORTES

Les samedis à Abidjan, c’est les jours des partages. Amadou et Mariam like this.
Essoufflés par une semaine de travail généralement plombée par de gros embouteillages monstres, trois heures en moyenne pour les Abidjanais, le temps d’un brunch, de vieux amis se retrouvent pour une dernière mise à jour sur les dernières tendances amicales (Le retour d’un(e) ami(e) porté(e) disparu(e)), amoureuses (À quelle étape du Talking stage ils sont avec leur crush respectif, par exemple), etc.
Une fois rassasiés, les moins aventuriers reprendront leur train-train quotidien en allant directement à la maison sans passer par la case détour. Tandis que les plus téméraires, eux, se rendront à un événement comme celui du Salon Africain des Arts de la Maison ou SAAM en version pressée pressée. Avec un prix d’entrée imbattable ou presque : 1 000 francs CFA.
En ce samedi matin, ceux qui n’ont pas peur n’ont pas de courage sont présents à quelques mètres seulement du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire et la patinoire réaménagée pour l’occasion.
Passée l’ouverture officielle, avec entre autres l’allocation de la promotrice Marie-Axelle N’goran, assise entre autres auprès de Jean-Marc Ané, commissaire général de l’événement, le show peut commencer.

Une fois les portiques de sécurité passées, auprès desquels se tiennent de costauds Men In Black, le parcours du chaland peut commencer.
Au milieu des stands des différents exposants, beaucoup flânent un peu/beaucoup/patiemment. D’autres encore au contraire viennent pour en savoir plus. C’est le cas notamment de cette décoratrice d’intérieur, Josiane Bleu.
« J’assiste une Masterclass plus précisément celui de l’art de la table, précise la jeune femme à la chemise rose. […] J’ai sauté sur l’occasion [le Salon Africain des Arts de la Maison, NDLR]. […]C’est vraiment important de venir au Salon surtout cette première édition. On apprend. J’ai découvert plein de choses, dit-elle. J’ai découvert le salon marocain, se retournant pour montrer de la tête ces exposants qui se trouvent plus bas. J’ai découvert qu’il y avait une structure spécialisée dans les articles de maison pour le Maroc : la Maison du Maroc. » Avant « d’encourager tous ceux qui ne sont pas encore arrivés à venir, de se presser les pas […] parce qu’il y a plein de choses à découvrir. »
Ainsi parla Josiane Bleu, décoratrice intérieur et planificatrice d’évènements.

DES OPPORTUNITÉS EN VEUX-TU, EN VOILÀ
Il y a du beau linge au Salon Africain des Arts de la Maison. La plupart des exposants ont ramené leur plus belle vaisselle comme s’ils étaient à deux doigts d’offrir le gîte et le couvert au premier chaland venu. C’est le cas notamment de l’Hotel des Savanes Resort & Spa et Tian Bi Schcaddrak ce jeune community manager à la chemise bleu roi et au pantalon noir qui a partagé son ressenti sur cette première édition :
« […] Ça nous fait vraiment du bien dans le sens où nous faisons la promotion de nos hôtels : celui de Korhogo et d’Assinie, sans oublier notre espace à Las Palmas. […] Beaucoup de gens connaissent nos hôtels : ça nous rassure déjà ! » avant de conclure : « C’est une très grande opportunité pour nous. »
Et pendant ce temps-là, les baffles, elles, crachent des notes de rumba pour amateur cigares/champagne/caviar et/ou de petits pas sur le côté.
Des opportunités, il y en a en veux-tu, en voilà avec tous ces différents exposants présents.
En voulant « mettre en avant des artisans locaux », Marie-Axelle N’goran, qui a à peine le temps de claquer une bise entre deux salutations, avec sa tenue noire et large, veste et pantalon, Je porte un designer africain.
Dans le genre occupé pour la bonne cause, pour le bon déroulement de l’événement, avec ces rangs des visiteurs qui gonflent lentement mais sûrement, Jean-Marc Ané n’est pas mal non plus.
Costume noir avec veste croisée, le jeune homme a la barbe poivre et sel s’isole quelques minutes seulement dans une des salles aménagées pour les invités et autres panélistes ; le temps de répondre aux quelques questions :
« […] Ça a été une expérience assez spéciale pour nous dans le sens où les gens ne voyaient pas vraiment des jeunes déjà organiser ce type d’événement, dans le sens aussi où les gens se demandaient aussi si le secteur d’activité qu’on essaie de toucher n’était pas quelque chose de sensible. Mais, nous on n’a pas reculé, on a pris le risque, on a relevé le défi parce que la promotrice Marie-Axelle N’goran, a eu la sublime idée de créer ce salon. Aujourd’hui ce que nous ressentons, ce que je ressens, en tant que commissaire général de l’événement, c’est un sentiment de satisfaction par rapport à ce que nous avons observé depuis le début de la journée. »
Enorgueilli par le fait que des « personnalités, des autorités, des personnes du milieu culturel soient venues nous saluer, visiter les stands, jeter un coup d’œil », le commissaire général développe :
« C’est vraiment important parce que quand vous créez un Salon, le but premier c’est de le pérenniser. […] Il faut vraiment que ça intéresse les gens, parce que vous pouvez faire quelque chose de bien mais qui ne va pas toucher vraiment les personnes que vous recherchez, qui ne va pas toucher la cible recherchée. », pensant déjà…à l’année prochaine.
Puis, l’autre tête pensante de ce Salon rejoint le flot incessant des visiteurs.
LE SALON AFRICAIN DES ARTS DE LA MAISON OU LE RENDEZ-VOUS DU « MADE IN AFRICA »

Parmi ces visiteurs, il y a : ces deux meilleures amies qui se prennent en photo l’une après l’autre, en pleine allée, avec ce tapis noir pour descendre les marches et ainsi rejoindre la salle des exposants, mais aussi ces jeunes femmes, qu’on interrompt entre deux tentatives pour éviter de se retrouver inopinément dans leur création de contenu sans « bon pour accord » au préalable.
Ou encore ces amateurs de boissons chaudes qui font des va-et-vient au stand d’une chaîne de café qui est sur le continent.
Il y en a pour les goûts surtout quand il s’agit de décoration intérieure et/ou aménagement de la maison : ce n’est plus l’apanage d’un groupe de personnes. La tendance a évolué au point où des personnes groupent, se jettent sur un marché, celui de la décoration de la maison, estimée à 840 milliards de dollars selon les Échos. Autant dire que pour ceux qui y sont : 10 milliards, c’est pour payer alloco !
Parce qu’il offre des perspectives commerciales, le Salon Africain des Arts de la Maison permet à des marques plus ou moins ancrées dans le milieu de se faire connaître d’abord et ensuite leur volonté de faire du Made In Africa leur leitmotiv. C’est notamment le cas pour Yaguera et Madame Nina Anguera Yacé :
« Aujourd’hui je participe au Salon pour présenter un de nos produits qui est le linge de maison, tout ce qui est literie, plaids, etc. […] C’est quand même une gamme de luxe, nous faisons des pagnes tissés africains. C’est du Made In Côte d’Ivoire, avant de rectifier rapidement. C’est du Made In West Africa, avec un petit sourire en coin. On travaille avec tous les tissés d’Afrique de l’Ouest : le faso dan fani au Burkina Faso, le kenté au Ghana, le bogolan au Mali et le manjak [de Guinée-Bissau, NDLR]. On essaie de proposer des produits de haute qualité, on essaie aussi de respecter le tissu. »
Lancée sur sa promotion du Made In West Africa, le bruit du klaxon qui retentit dans la salle l’interrompt. Puis, elle reprend et enchaîne sur la démarche écoresponsable de l’entreprise :
« On ne veut pas faire de gaspillage ! Donc quelques fois pour pouvoir faire du design, on se focalise sur les motifs. Et donc du coup, on sort un peu des normes. […] On fait les intérieurs à tout petit prix parce qu’on sait que généralement les gens sont un peu obligés de prendre les intérieurs en deux temps. Mais c’est vraiment un parti pris parce qu’on se dit que quand on voit la richesse de nos tissus, on n’a pas envie de les abîmer. […] » Ainsi parla la décoratrice d’intérieur.
De quoi avoir envie de le dire à tout le monde, y compris son ex. Dadju, qu’on entend dans la salle à ce moment précis, a déjà pris les devants.
Et pendant ce temps-là, sur la scène principale, un artiste peintre réalise des toiles avant qu’un orchestre ne monte sur scène. Et les membres de l’équipe du Salon, facilement reconnaissables avec leur surchemise unisexe marron kaki, frappée de quatre dans le dos, SAAM, s’affairent ; le plus souvent les bras chargés de talkie-walkie et d’initiatives à prendre.
VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE « MADE IN AFRICA » ?

En cette fin de début matinée/début d’après-midi, l’heure est au renouvellement.
De nouveaux clients potentiels, avec ou sans enfants qui jettent un coup d’œil distant, déambulent dans les allées et ces entreprises en corner.
C’est pour l’une d’entre elles qu’Olivia Ruart, directrice commerciale de B-Home, se trouve ici.
« Nous sommes une galerie qui représente le mobilier sud-africain, mobilier haut de gamme. Parce que nous, la construction c’est important.
On va de la construction à l’aménagement clé en main. […] On va de bâtisses de bâtiments aux fondations en passant par le gros œuvre et l’aménagement. […] Nous avons un service design, déroulant des éléments de langage qu’elle maîtrise sur le bout de la langue. […] C’est aussi l’amour des matériaux naturels. […] Le marché artisanal même haut de gamme africain est souvent dénigré par rapport au marché européen. Et nous depuis 2018, on a voulu changer cela et rentrer dans les marques en tant de marque afro-moderne. »
Avant de conclure : « C’est un honneur pour nous de participer, parce que déjà c’est la première édition, Et nous même si on est plus vaste, dans le mobilier, on s’est dit pourquoi pas. Ça nous permet de présenter notre collection art de la table qu’on avait pas présentée. Ça permet à la clientèle de voir qu’on propose de l’art de la table. »

Les organisateurs du Salon Africain des Arts de la Maison, avec ces ateliers sur l’art de la table justement, avec une célèbre créatrice de mode qui en organisé un, mais aussi ces panels particulièrement sur les tendances actuelles en termes de marketing, Ils sont venus, ont vu et ont vaincu le doute.

Demain, petits et grands enfants sauront quoi faire exactement quand ils entendront : « Et vous-là, venez mettre la table ! » Et cela valait bien une petite danse chorégraphiée sur fond d’amapiono. Y a Dieu dedans.