En Côte d’ivoire, l’Université Nord Sud met le cap sur l’éducation

Société

Par Dozilet Kpolo 7 septembre 2023

Souvent mentionnée parmi les établissements scolaires en Côte d’Ivoire, l’Université Nord Sud met en le cap sur l’éducation.

« C’est la rentrée ! », entend-on/lit-on/écrit-on depuis plusieurs jours déjà. Dans un pays, la Côte d’Ivoire, qui fabrique des rumeurs en veux-tu, en voilà : c’est la dernière qui enfle.

Les voitures, qui se succèdent sur l’asphalte, à vive allure parfois, remplies d’élèves et/ou de collégiens, ou encore d’adultes qui tous les lundis échouent à la levée corps, répandent la (bonne) nouvelle comme une traînée de poudre.

« C’est la rentrée ! », dira bientôt Ibrahim Famah Diabaté, administrateur directeur général de l’Université Nord Sud. Rencontre avec le chef de cet établissement dont la devise est : « Rêvons plus grand ».

L’UNIVERSITÉ NORD SUD OU LA VOLONTÉ DE PARTAGER LE SAVOIR

Ce jour-là, vendredi 9 août, après avoir demandé les nouvelles et si « On vous apporte quelque chose à boire ? », ils sont plusieurs à préparer l’échange.

NOFISTORE

Dans le campus Lamine Diabaté situé à la Riviera Bonoumin, ils sont une demi-dizaine de jeunes hommes, pour la plupart, qui s’apprêtent, s’affairent en attendant que Ibrahim Famah Diabaté, dont le nom est souvent chanté dans mouvement des enfants, sorte de coupé-décalé des années 2020, finisse l’une de ces nombreuses courses contre la montre.

Puis, quelques minutes plus tard, le voici.

Lunettes noires, costume noir avec de fines rayures verticales blanches, avec la cravate assortie au costume mais aussi chemise blanche et enfin baskets de ville à la mode, le jeune homme barbu ressemble à ces jeunes hommes qui servent la sape sur un Plateau, le quartier d’affaires abidjanais, entre deux rendez-vous. Avec cette urgence d’agir, trahie par leurs gestes.

Ces gestes à lui sont énergiques à mesure qu’il raconte la naissance de cet établissement.

« C’est pour partager le savoir que l’Université Nord Sud a été créée. », commence-t-il doucement.

L’Université Nord Sud a été créée par M. Mory Diabaté en 2006 et n’a cessé de grandir et/ou de s’agrandir depuis avec cette volonté de créer un « lien fort » en fonction avec le lieu où le campus était construit.

Ainsi sortit de terre le campus de Port-Bouët qui était à l’origine un hôtel.

Déroulant une à une, les étapes de l’évolution de cette université qui compte aujourd’hui 9 campus, l’administrateur directeur général révèle quelques anecdotes au passage notamment sur ce campus situé dans la plus grande commune abidjanaise : Yopougon.

« Il y avait des squatteurs qui étaient présents sur le site. Il a failli faire preuve de fighting spirit [pour les déloger, NDLR] » C’était en 2012 et depuis le Campus de Yopougon Millionnaire n’accueille que des étudiants.

D’ailleurs, il y en a certains qui vont et viennent dans les couloirs de l’établissement, entre deux prises de vue et autres créations de contenu qui finiront sur Instagram, sans que cela ne perturbe l’interviewé, habitué à l’exercice.

« Nous avons 9 000 étudiants, plus précisément 10 500 élèves. », toujours d’une voix calme.

DE L’IMPORTANCE DE NE PAS BRIMER LES ÉTUDIANTS

Étudiant, cet ancien auditeur « venu apporter sa pierre à l’édifice en 2018 » l’a été lui aussi dans une autre vie. Peut-être dans celle-ci qu’il a comprise qu’il était important de valoriser tous les talents et ce peu importe le domaine dans lequel des futurs cadres en font preuve.

NOM D’UN PAGNE QITA

C’est ainsi qu’en 2019, le Quotient Intellectuel & Talents Artistiques d’Abidjan ou tout simplement QITA, est né.

Chaque année, le temps d’un week-end au mois de mai, des étudiants rangent leur uniforme au placard, enfilent le bleu de chauffe et ensuite participent à ce concours interuniversitaire.

Parmi les prestigieuses universités qui y participent, avec ces étudiants qui enfilent toujours une veste qu’il fasse 40 degrés à l’ombre ou non, il y a notamment : l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest, ou UCAO en version courte, l’Université Internationale Privée d’Abidjan ou UIPA, mais aussi les Facultés Universités Privées d’Abidjan ou FUPA. La 4^ème édition a eu lieu du 11 au 13 mai dernier.

Pas peu fier d’avoir mis en place cet événement, au point d’en faire un rendez-vous immanquable pour ces universités, le directeur de l’établissement poursuit : « Nous avons aussi des meetup. »

L’UNIVERSITÉ NORD SUD, ILS SONT SUR TERRAIN

Souvent uniquement présentés comme des rencontres au sommet entre artistes en vogue avec des fans de la première et/ou dernière heure, les meetup ont un côté ludique. Rien à voir à priori avec ceux de l’Université Nord Sud.

« Il faut que nos étudiants comprennent la réalité du terrain ! », au sujet de ces rencontres organisées avec des professionnels et/ou des célébrités.

C’est ainsi que Serge Ibaka, Ninho, pour ne citer qu’eux, ont récemment échangé avec des étudiants dans le cadre de ces échanges ludo-éducatifs. Ou comment joindre l’utile à l’agréable.

L’UNIVERSITÉ NORD SUD VEUT DONNER À TOUT LE MONDE SA CHANCE

Sans crier gare, son équipe autour de lui a disparu vaquant à d’autres occupations, probablement liées à la rentrée académique 2023/2024 qu’il est possible de faire en ligne. Pour les frais de scolarité, comptez 370 000 francs CFA pour les affiliés et 700 000 francs CFA pour les non-affiliés.

Ibrahim Famah Diabaté est tout seul comme un grand et continue à donner informations et précisions sur le fonctionnement de l’Université Nord Sud.

« C’est important pour nous aussi de faire du lobbying en amont. », poursuit-il.

Dans un pays où l’emploi jeunes est un défi permanent, avec un taux de chômage officiellement estimé à 5,3% selon le Bureau International du Travail, mais loin de la réalité et de ces diplômés obligés de multiplier les petits boulots tels que gérant de cabine par exemple, la nécessité de créer une passerelle solide entre le monde du travail et celui de l’Université est primordiale.

C’est dans ce sens que l’Université Nord Sud multiplie les partenariats avec des établissements hôteliers par exemple prêts à accueillir ceux qui suivent une formation en hôtellerie parce que : « Tout le monde doit avoir sa chance ! ».

Le Pullman Abidjan est le dernier à avoir accepté de donner sa chance à des étudiants de l’Université Nord Sud.

Que ce soit dans le système universitaire classique et celui du Brevet de Technicien Supérieur, ou BTS, le groupe aux 9 campus propose ainsi plusieurs filières dont certaines connaissent un franc succès comme la filière urbanisme et ces 100% de réussite.

Quand les cours diurnes ne suffisent pas, ce sont les cours du soir qui permettent à des professionnels d’achever leur formation.

Certains d’entre eux bénéficieront peut-être de celle sur le marketing et le management du luxe ; en partenariat avec ESG Paris.

Plus que quelques minutes avant que l’échange qui aura duré une bonne demi-heure ne se termine, et Ibrahim Famah Diabaté continue encore et encore à parler de son Université, celle qu’il aime tant.

« J’aime bien être entouré par des jeunes, dit-il. Paraît que j’ai un côté aboyeur. »

Son côté aboyeur, il ne l’a pas montré pendant cet interview. Celui qu’il a montré par contre, c’est ce côté branding personnel, sa volonté assumée de mettre en avant son Université, en se mettant en avant lui-même.

« J’étais dans l’évènementiel, explique-t-il au sujet de son lien fort avec des artistes tel que Didi B. Du coup, j’ai gardé des liens avec eux, avec mes frères. » Ils le lui rendent bien.

Et ce ne sont pas les seuls à le faire.

Dans le temps additionnel, l’administrateur directeur général se souvient de cet étudiant qui travaillait d’arrache-pied, tous les soirs, restait souvent seul en amphithéâtre, à tel point que son directeur d’école venait le voir, s’enquérir de l’état d’avancement de sa formation en statistiques.

Parce que ses efforts ont porté leurs fruits, l’apprenant devenu major de promotion lui a offert une corbeille de fruits en guise de remerciements.

« Rien n’est acquis ! », conclut Ibrahim Famah Diabaté. Le devoir l’appelle alors l’administrateur directeur général de l’Université Nord Sud retourne à ces occupations et ces futures journées à rallonge parce que bientôt : « C’est la rentrée ! »