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LE PÉRENNIALISME AFROCENTRÉ COMME PILIER DE LA TRADICRATIE

Société

LE PÉRENNIALISME AFROCENTRÉ COMME PILIER DE LA TRADICRATIE

Par Farafín SANDOUNO, théoricien de la Tradicratie 5 février 2023

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Dans un article sur notre site Nofi Media intitulé  »Pour un retour à la Tradition primordiale », j’ai expliqué que la Tradition Primordiale (appelée aussi Pérennialisme) est un concept d’origine Négro-africaine, qui s’est universalisé, laissant des vestiges dans toutes les religions et cultures. Cependant, si le traditionalisme n’a pas de nationalité aujourd’hui, nous devons distinguer ce qui différencie le traditionalisme vu des Africains (face à un nouveau concept que j’appelle  »Tradicractie »), de certains courants réactionnaires en Europe.

RENÉ GUÉNON, DIFFUSEUR DU PÉRENNIALISME EN EUROPE

René Guénon, figure du courant pérennialiste.

René Guénon, auteur de  »La crise du monde moderne », entre autres ouvrages, fut le plus grand métaphysicien du 20e siècle. Il a popularisé en Occident sur le plan scientifique, un concept qui était déjà connu en Afrique, c’est-à-dire la Tradition Primordiale. René Guénon avait compris que la civilisation occidentale était en déclin, car elle s’était laissée contaminer par le matérialisme et s’était éloignée de tout ce qui était immatériel et métaphysique. En ce sens, il entame des recherches qui le conduisent à considérer l’Orient comme un rempart de renaissance pour un Occident en déclin, et il se convertit à l’islam. Guénon a pris des éléments de l’hindouisme et de l’islam et de tout ce qu’il considérait comme des religions traditionnelles, dans sa bataille idéologique face à ce qu’il appelait le « monde moderne », c’est-à-dire l’Occident. Il a défini l’Occident dans un état de  »kali yuga », le concept métaphysique hindou (qui signifie  »âge sombre »), illustrant le stade de décadence, de désordre moral, spirituel, de tromperie, d’individualisme, de matérialisme, hédonisme et athéisme. En s’orientant vers l’Orient, il croyait que l’Occident retrouverait les bases d’un  »satya yuga » (‘âge de l’or »), l’étape de renaissance suivant le kali yuga, basée sur le retour des Ancêtres et les mécanismes lié au divin, à la Tradition Primordiale. Cependant, l’œuvre de Guénon reste limitée car elle se concentre sur la dichotomie Occident-Orient. Sans doute à cause des préjugés de l’époque, il a ignoré le berceau Négro-africain, qui est le meilleur bloc dans le domaine de la Tradition Primordiale.

POUR UN PÉRENNIALISME AFROCENTRÉ ET TRADICRATIQUE FACE À UN SUPRÉMATISME INDO-ARYEN DEGUISÉ EN TRADITIONALISME

Masques bamilékés.

L’Afrique est le berceau de l’humanité, comme l’ont démontré divers chercheurs, anthropologues et intellectuels. L’illustre Dr. Cheikh Anta Diop a démontré dans ses ouvrages ( »Nations Nègres et Culture », mais aussi d’autres ), que l’Afrique est la matrice de tout, de la science, en passant par la religion, la philosophie, les mathématiques, la civilisation et la culture. René Guénon et ses disciples de l’école pérennialiste, lorsqu’ils se sont penchés sur l’Hindouisme, ont en fait repris des éléments dont les apports sont des Noirs, et pas des Aryens (le peuple le plus récent de l’Histoire). Il faudra donc combler ce vide de l’école pérennialiste, qui ignore tout apport de l’Afrique.

Cheikh Anta Diop, grand savant et historien Africain.

En ce sens, le Pérennialisme doit être un pilier de la Tradicratie, que j’ai illustré sur notre site dans l’article intitulé  »La Tradicratie : l’Afrique a besoin d’un nouveau modèle de gouvernement’‘. Une Tradicratie qui reposera justement sur une Tradition non-humaine, divine, éternelle et intemporelle, dont nos Ancêtres Noirs furent les premiers et véritables dépositaires, contrairement à ce que démontre une secte européenne suprématiste derrière un pseudo-Traditionalisme.

Les principaux représentants du Pérennialisme sont René Guénon (franco-égyptien), Ananda Coomaraswamy (srilankais), Michel Valsan (roumain) et Fritjof Schuon (suisse). Ces personnages sont tous intéressants, utiles pour comprendre la doctrine traditionaliste et ne doivent et ne peuvent être ignorés.

Julius Evola, philosophe italien.

Cependant, il y a eu aussi des personnalités proches du Pérennialisme, qui ont dévié son courant, l’alimentant de suprématisme et de racialisme intégral : l’une de ces figures est l’Italien Julius Evola. Si le Pérennialisme guénonien avait une perspective de recherche sans idées contaminées par l’ethnocentisme et le suprématisme, la voie d’un Evola était aux antipodes. Julius Evola, collaborateur du régime fasciste italien, ami du nazi roumain Corneliu Codreanu, a développé en 1900 ce qu’il a appelé le  »racisme spirituel » et avait des idées basées sur le racialisme, le racisme, la suprématie blanche, le classisme et une société patriarcale. Evola a prôné le  »retour à la romanité » opposé au Christianisme comme l’illustre son livre  »Imperialismo pagano » (Impérialisme païen). Outre ça, il a déclaré que les  »Nègres sont biologiquement et spirituellement inférieurs et doivent mériter le colonialisme ». Pour lui, tout tournait autour d’une  »tradition indo-aryenne » qui, selon lui, était la matrice de tout.

Continent Africain.

Une vision anti-historique imprégnée de négrophobie, dans le but de minimiser et d’ignorer l’Afrique. C’est pourquoi nous, Négro-Africains, devons ouvrir la voie d’un traditionalisme aligné sur les études et les recherches de Cheikh Anta Diop, Molefi Kete Asante et Théophile Obenga. Un traditionalisme qui opposera les thèses racistes de la clique Evola, explorera la culture Négro-africaine dans sa profondeur, et démontrera que nous sommes en réalité les dépositaires de cette Tradition primordiale et qu’elle tournait réellement autour de nous, avant qu’une Civilisation viennent usurper nos paradigmes. A travers ce travail naîtra un PANAFRICANISME-PÉRENNIALISTE qui sera le pilier de la Tradicratie. En ce sens, le rôle des Africains est d’imposer leurs thèses, leur vision, leur vérité, leur point de vue, face aux usurpateurs qui utilisent la Tradition primordiale (née en Afrique) pour diffuser des thèses délirantes, imprégnées de suprématisme indo-aryen. De Kemet, en passant par les Akan, Kongo, Voudon et autres spiritualités dans le reste du Continent Mère de l’Humanité, nous sommes unis par un élément unificateur. C’est à nous Africains de les prouver. C’est pourquoi sous un régime tradicratique il faudra valoriser les initiations dirigées vers nos milieux traditionnels, nos villages et comprendre cette source primordiale, dont les autres Civilisations se sont inspirées. Nous sommes le passé, le présent, le futur et l’éternité. C’est à nous de le comprendre. Écrit par Farafín SANDOUNO sur nofi.media