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LA TRADICRATIE : L’AFRIQUE A BESOIN D’UN NOUVEAU MODÈLE DE GOUVERNEMENT

Société

LA TRADICRATIE : L’AFRIQUE A BESOIN D’UN NOUVEAU MODÈLE DE GOUVERNEMENT

Par Farafín Sandouno 30 janvier 2023

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A l’ère post-coloniale, l’Afrique a hérité des formes de gouvernement et d’Etat appartenant à des mondes qui lui sont étrangers. Elle n’a pas fait un travail de rupture avec certains paradigmes et en ce sens nous avons hérité de concepts tels que : République, Démocratie, Parlement, Parti, Classe, Nation, Constitution. Quels modèles et voies alternatives l’Afrique pourrait-elle adopter à la place ? Une « Tradicratie » ?

TRADICRATIE : SI ON PENSAIT À UN EMPIRE PLUTÔT QU’À UNE RÉPUBLIQUE?

Drapeau panafricain.

Dans un article publié sur notre site, intitulé “ Imperafrika : Pour un Empire Africain au 21ème siècle ” , nous avons abordé la question du micro-nationalisme, en soulignant comment ce modèle était incapable de liberer définitivement l’Afrique, ce qui ne peut que conduire inévitablement à imaginer un Empire Africain se construisant du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, qui dépasserait donc la notion moderne et bourgeoise de nation et de nationalisme. Si le micro-nationalisme a échoué en Afrique, notamment dans la résistance au néo-colonialisme, il faut un Empire. Et s’il faut un Empire, il est logique qu’il ne puisse y avoir une forme d’Etat qui soit une République.
La République (du latin res publica signifiant Etat du peuple) est un concept européen, précisément gréco-romain. C’est un concept qui a été baptisé en Europe et qui a vu sa prospérité dans cette zone géographique très spécifique au cours des siècles. Naturellement, ce concept s’est universalisé au fil du temps, suite aux colonisations des nations européennes aux 4 coins du monde. Mais si l’Europe avait ce modèle républicain (en plus du modèle monarchique, bien sûr), cela ne veut pas dire que l’Afrique l’avait ou doit s’aligner sur ce modèle aujourd’hui. Ce n’est pas une condition sine qua non. L’Afrique renaîtra aussi le jour où elle pourra opter pour une singularité idéologique (puisque ni le communisme, ni le socialisme, ni le libéralisme, ni le capitalisme, ni la social-démocratie ne nous appartiennent) et une singularité en termes de modèle de gouvernement (donc conforme à notre Civilisation). En Afrique, le modèle impérial existait. Reprendre cette trace historique au XXIème siècle, selon notre propre configuration est vital. Un modèle impérial, un  »Nouveau Manden » à l’échelle continentale africaine du Sud au Nord est nécessaire (Imperafrika) à une époque où les puissances imposent leur puissance. Un modèle impérial basé sur ce que nous définirons ici comme « Tradicratie », c’est-à-dire la juxtaposition entre une aristocratie africaine et la Tradition, où nos chefs traditionnels et la Femme Africaine (pilier et épicentre de notre Civilisation) seront les guides de la société.

TRADICRATIE : LA DÉMOCRATIE N’EST QUE DÉMON-CRATIE

La démocratie athénienne.

En Afrique, la démocratie a toujours montré qu’elle était démon-cratie. Nos sociétés africaines traditionnelles n’étaient pas fondées sur la représentation. Le Mansa (Empereur) et les sages traditionnels pratiquaient la communication directe avec le Peuple. Il n’y avait pas d’illusion de représentation pour galvaniser les intérêts d’une minorité, donc d’une oligarchie. L’Afrique n’a certes pas attendu la démocratie occidentale libérale, elle disposait déjà d’une forme de principes d’interaction entre le peuple et l’Empereur, que l’Afrique du XXIe siècle devra récupérer et adapter aux enjeux multipolaires et géostratégiques. La tradicratie devra effectuer ce travail sotériologique.

TRADICRATIE : PARTI, CLASSE ET CONSTITUTION, OUTILS DE DÉMAGOGIE ET ​​DE DIVISION

Le parti, la classe et la constitution à l’ère moderne sont des outils de démagogie, de contrôle et de division. Beaucoup de partis, beaucoup d’intérêts, beaucoup de promesses, beaucoup de fractions, et jamais une ligne commune. S’il est vrai que le multipartitisme crée la liberté de choix idéologique et d’expression, il crée en même temps la division et la démagogie, puisqu’il n’y a pas de ligne commune pour les intérêts du peuple. Dans une société « tradicratique », les partis devraient être supprimés, car eux aussi sont un vestige occidental. Dire cela ne signifie pas opter pour un système à parti unique. La parti lui-même est mauvais pour l’Afrique. Opter pour une ligne traditionnelle est la solution.
On pourrait aussi parler d’inégalités de classe. Dans un régime tradicratique, la caste traditionnelle sera exaltée avec des rôles différents, même s’ils sont égaux et aucune caste ne doit dominer le reste de la population, mais la classe est un autre vestige occidental né pendant la colonisation, dans le but de créer une bourgeoisie qui marcheait avec le colon qui allait dominer le reste de la population. Tout cela va à l’encontre du concept collectif africain basé sur Ubuntu (« Je suis parce que nous sommes »). La classe est un concept à éradiquer dans une Nouvelle Afrique. Il faut la solidarité populaire et anticapitaliste (sans tomber dans un marxisme qui ne nous correspond pas).

Quant à la constitution, la seule loi devrait être déterminée par les valeurs traditionnelles d’un peuple, et non par un papier. La tradition a une valeur importante dans les sociétés Négro-africaines. En ce sens, on a eu la Maat kemetique ou la Charte Kouroukan Fouga de 1236 dans l’Empire Manden. Une société tradicratique dans laquelle la loi ne serait légiférée et suivie que selon les préceptes traditionnels, empêcherait l’Homme moderne de s’emparer de la loi naturelle des choses au profit de ses intérêts égoïstes (par exemple, on ne pourrait pas changer la loi dans un papier pour le pouvoir). Chez nous, la loi traditionnelle est sacrée et doit être respectée.

L’IMPERAFRIKA COMME SEULE ISSUE

La tradicratie illustrée ici serait le prototype d’une renaissance africaine ancrée dans ses principes ontologico-endogènes. Un Empire africain tradicratique du Cap-Vert au Caire d’Antananarivo à Alger, fondé sur ce que j’appelle ici le « panafricanisme tradicratique », est la voie du salut. La révolution conservatrice afrocentrée (tradicratie) a donc ici ses fondements.
Écrit par Farafín SANDOUNO sur nofi.media