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Imperafrika : Pour un Empire Africain au 21ème siècle

Société

Imperafrika : Pour un Empire Africain au 21ème siècle

Par Farafín SANDOUNO 28 décembre 2022

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Parmi tant d’héritages du colonialisme, nous avons le devoir d’aborder la question du micro-nationalisme, un modèle incapable aujourd’hui de supplanter l’avalanche colonialiste et mondialiste en terre Africaine. Avons-nous besoin d’un autre modèle ? D’un Empire Africain ?

Penser en termes imperiaux

Marcus Garvey, président-fondateur de l’UNIA et précurseur du Panafricanisme.

« Pour nous, l’Empire Africain ne sera pas une utopie » – Marcus Garvey

A une époque où le turbo-mondialisme hégémonique gagne en puissance d’une part, et où l’avènement de plusieurs pôles de civilisation extra-africains se constiuent de plus en plus pour l’entraver, le rôle de l’Afrique doit aussi être de s’insérer dans cette sauce de puissances et penser non plus en termes micro-nationalistes, mais en termes « imperiaux ».

Qu-est-ce que l’on veut dire ici par « imperiaux » ? Sommes-nous en train d’affirmer donc que le corpus idéologique de la Nouvelle Afrique devra s’appuyer sur un impérialisme à la sauce yankee-schengen (americaine-européene) que nous connaissons aujourd’hui ? Absolument non! Le panafricanisme du 21ème siècle s’aligne sur le multipolarisme qui voudrait la présence de plusieurs blocs de civilisation autodéterminés et libres de toute hégemonie, en etant aux antipodes de l’impérialisme atlanto-libérale. Cependant, il faut distinguer l’Empire de l’impérialisme.

Différence entre Empire et Impérialisme

Drapeau de l’Empire Manden.

L’Empire est un bloc étatique qui unit différentes populations et communautés, préservant leurs traditions culturelles, au nom d’un pan-nationalisme (l’État-Civilisation), dans lequel elles se reconnaissent en vertu d’un sentiment non-nationaliste (cf. micronationalisme) d’appartenance. L’impérialisme, dans son acception moderne, est plutôt le paroxysme, la dégénérescence, d’un concept noble qu’est l’État-Civilisation, et se fonde sur l’expansionnisme, sur l’exploitation (en référence au colonialisme) par des puissances, subordonnées à leur tour à la grande finance internationale apatride (le capitalisme). L’Empire est basé sur la Tradition, tandis que l’impérialisme est essentiellement basé sur la modernité décadente ; l’Empire est basé sur l’Honneur, tandis que l’impérialisme est basé sur la recherche du profit ; l’Empire est une puissance basée sur la Terre (tellurocratie), l’enracinement, le sédentarisme, tandis que l’impérialisme est basé sur la thalassocratie (pouvoir maritime), le nomadisme, l’assimilation et l’exploitation. Empire et impérialisme sont voués à s’affronter, comme en témoignent les résistances historiques en Afrique face aux ambitions coloniales nomades. Une Afrique Impériale (non-impérialiste), si elle est constituée du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest, sera donc un pôle qui prendra comme référence un modèle subsaharien unitaire qui a vu historiquement les grandes fédérations telles que l’Empire Wagadou, l’Empire Manden, Songhay, Empire Kongo, Empire Zoulou, etc., basés sur l’harmonie.

La faiblesse du micro-nationalisme : Seulement les États continentaux ont un avenir

Julius Nyerere, prémier Président de la Tanzanie.

« Le nationalisme africain est insignifiant, dangereux, anachronique, s’il n’est pas, en même temps, panafricanisme » Julius Nyerere

En 1884-1885, la Conférence de Berlin organisée par les oligarques des différentes chancelleries européennes, amorça la balkanisation du continent africain, détruisant la configuration territoriale imaginée par les Africains eux-mêmes. Après la vague des « indépendances » dans les années 1960, les nations africaines n’ont pas abordé la question des frontières artificielles. Peu de cadres, dont Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré, Modibo Keita, Julus Nyerere ou Jomo Kenyatta, raisonnaient dans une perspective fédérale immédiate. Plus le temps passait, plus le micro-nationalisme sur lequel s’alignaient les nations néo-indépendantes, semblait ne trouver aucune force face à un nouveau mal émergeant, à savoir le néo-colonialisme occidental. Mais si le néocolonialisme représentait la dernière étape de l’impérialisme, selon feu Nkrumah, aujourd’hui on pourrait dire que la dernière étape et le dernier grand mal, comme l’a bien illustré Kemi Seba dans ses ouvrages, s’appelle le mondialisme néolibéral. Un mondialisme (autre nom de l’occidentalisation) dont le but est de détruire par le néolibéralisme culturel, toutes les Civilisations non occidentales (ou non modernes) ancrées dans la Tradition, détruire le noyau identitaire, ethnique, sexuel, religieux (ou spirituel), mais aussi tenter d’affaiblir, par le néolibéralisme économique et politique, toutes les Civilisations qui veulent s’établir en blocs pour être maîtres de leur destin et de leur modèle endogenisé. Face à ce défi d’époque de deux camps idéologiques antagonistes, le mondialisme et le souverainisme, l’Afrique doit pouvoir s’affirmer sur la voie souveraine en étant consciente que seuls les États continentaux (blocs de civilisation / États fédéraux) ont un avenir et sont respectés sur l’échiquier géopolitique. Un Empire Africain du Cap-Vert au Caire, d’Antananarivo à Alger (ce que j’appelle ici IMPERAFRIKA) est donc vitale pour la survie de notre Afrique.

L’avenement du monde multipolaire avec plusieurs Empires

Malgré la machine turbo-mondialiste (mondialisme accéléré en dérégulation) tente de s’imposer, sous l’influence de l’imperialisme occidental, tout n’est pas perdu. Nous assistons à une époque décisive : d’un côté le panafricanisme, l’eurasisme, le bolivarisme (ou panaméricanisme latin) contre l’occidentalisation forcée du monde. L’ère de la prosperité de l’impérialisme d’Occident, ou de la « pax americana », est révolue. L’avènement de plusieurs Empires (africain, arabe, perse, indien, chinois, latino-américain, eurasien) bâtis sur le concept d’Etat-Civilisation et de pannationalisme traditionnel, dans l’harmonie et la cohésion, représente l’avenir pour un monde basé sur la Maat et la multipolarité.