ET OLIVIA YACÉ MIT DES PAILLETTES DANS LA VIE DES IVOIRIENS
Société

Par Dozilet Kpolo 17 mars 2022
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Olivia Yacé aura réussi l’exploit de faire davantage l’unanimité que Didier Drogba.
Au moment certains avaient rejoint les bras de Morphée, déposé les armes et les téléphones pas si intelligents que ça, qui se déchargent en deux touches trois mouvements, l’Ivoirienne Olivia Yacé, passée près de l’élimination, avant d’être annoncé 12ème ex aequo, a terminé sur le podium de Miss Monde : 3ème d’une élection remportée par la Polonaise Karolina Bielawska.
Retour sur l’incroyable performance de cette 2ème dauphine, 1ère africaine à l’avoir réalisée et surtout 1ère dans le cœur des Ivoiriens.
AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE CONCOURS MISS CÔTE D’IVOIRE

Rarement plébiscitée par des téléspectateurs ivoiriens préférant largement les séries à rallonge où le courant passe un peu trop entre les mêmes membres d’une richissime famille sud-américaine, le plus souvent gangrénée par des lourds secrets enfouis dans leur tête et/ou le sol, ou encore les mésaventures en Champions League d’un célèbre club porté par un jeune prodige en partance français pour le Real Madrid, Kylian Mbappé, la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne, ou RTI en version abrégée, ne récolte que peu de votes en sa faveur.
Au contraire, il pleut des plaintes sur la chaîne étatique malgré de nombreux changements technico-éditoriaux visibles ces dernières années.
Mais dans ce torrent de critiques, il y a UNE exception, un programme qui est analysé/disséqué/regardé : le concours Miss Côte d’Ivoire, qui a généralement lieu dans la seconde partie de l’année.
Que ce soit derrière leur écran plat, les yeux braqués sur leur smartphone ou encore assis dans la voiture en positon départ en mode date, avec les pieds de Madame nonchalamment posés près la seconde bouche d’air, au-dessus de la boîte à gants, ils sont des milliers, voire plus à regarder : des Miss sur talons se vautrer, des artistes cascadeurs façon Venom ou encore des couvre-chefs sortis d’un chapeau de magicien, etc.
Organisée par le très décrié Comité Miss Côte d’Ivoire, ou COMICI, créé en 1995, la dernière édition a eu lieu le 8 septembre 2021.
ET PUIS, OLIVIA YACÉ ARRIVA
Telle une élection présidentielle sans suspense dont les résultats pourtant contestés sont aussitôt reconnus par la communauté internationale, le sacre de l’actuelle Miss Côte d’Ivoire, « troisième femme la plus jolie du monde » depuis le concours Miss Monde qui a eu lieu dans la nuit de ce mercredi 16 au jeudi 17 mars 2022, était couru d’avance ; le tout sans aucune contestation possible !
Et pour cause, Olivia Yacé s’était entraînée/exercée/préparée, beaucoup mieux qu’une certaine équipe nationale annoncée favorite mais dont l’élimination face à des Égyptiens sans idées a surpris beaucoup d’Ivoiriens. Toi, le premier.
Sa couronne à elle, « la descendante d’Abla Pokou », comme elle se présente elle-même, dans une de ces vidéos qui ont fait le tour de la Toile, est allée la chercher.
LA VIE D’AVANT
Avant de remporter haut la main ce concours de beauté dont les moindres faits et gestes sont épluchés entre vitesse et précipitation, humour et déception, le plus souvent sur Twitter, la jeune femme de 23 ans, né aux États-Unis, a façonné son image.
Exit son compte Instagram où elle documentait la vie on ne peut plus normale entre sorties nocturnes, repas familiaux et chill entre amis d’une vingtenaire active ! Et, bonjour le compte officiel Olivia Yacé, avec le petit crochet bleu synonyme de certification. Mais surtout, la jeune femme filiforme au sourire éclatant a su se détacher de l’ombre de son maire de père : Jean-Marc Yacé.
OLIVIA ET DIDI, FILLES DE
Crâne chauve, barbe poivre et sel, lunettes classiques, le très croyant maire de la chic commune de Cocody, et ses villas cossues, fait partie de ces visages qui rythment d’une manière ou d’une autre la vie des Ivoiriens. Il est donc naturel dans l’esprit pauvre de certains fins analystes grossiers de penser que c’est parce que « C’est la fille de qu’elle a été gagné ! »

Ce qui reviendrait à dire par exemple que si Didi Stone, nouvelle ambassadrice nationale en République Démocratique du Congo pour l’UNICEF, se sape comme jamais parce que c’est la fille d’Antoine Christophe Agbepa Mumba dit Koffi Olomidé. C’est quelle genre de loi ça ?
À ces accusations de favoritisme, la fille de Jean-Marc et Yolande Yacé, qui la soutiennent énormément, répond sourire aux lèvres :
« […] Et comme je dis, je suis très fier de la position de mon père et de tout ce qu’il a accompli dans sa vie mais c’est sa vie. Et j’ai ma vie. Et j’ai aussi mes rêves à moi. » sur le plateau de la Télé d’Ici, diffusée sur NCI.
HAVE A GREAT NIKE !
La seule et unique raison pour laquelle cette beauté ivoirienne l’a emportée c’est tout simplement parce qu’elle était au-dessus des autres candidates bien qu’étant la plus âgée.
« Je voulais finir mes études. C’est très important pour moi. » précise-t-elle, à ce sujet, toujours au cours de la même émission.
Port altier, bonne élocution et surtout « capacité à jouer des deux pieds », parler deux langues si tu préfères, l’Ivoirienne cochait toutes les bonnes cases. Et ce malgré la concurrence de quelques candidates dont le niveau d’anglais a déclenché l’ire de certains internautes avant de devenir une expression à la mode. Have A Great Nike !
MISS MONDE, SON AUTRE COURONNEMENT

« Quand on t’envoie, faut savoir t’envoyer !» aurait dit un célèbre président ivoirien qui a eu droit à une Haye d’honneur pour son retour au pays le 17 juin dernier.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a su s’envoyer ou plutôt s’entourer. Le tout sur fonds propres : plusieurs millions de francs CFA selon les ouï-dire et autres rumeurs.
Parfaitement expliquée dans un article publié sur Jeune Afrique, « la méthode Yacé » pourrait s’expliquer comme suit : un background important, avec ses réflexes de mannequin, une équipe de professionnels qui l’habillent comme Lafalaise Dion, qui l’entourent tel le vidéaste Brice N’guessan, et sans oublier des proches qui l’aident et font son attalaku. Ye bisanga !
Au premier rang desquels le créateur de contenus dansants et festifs, Kevin Nafo Kafana dit Kayvon Steezie.
Chacun à leur manière, ils ont apporté leur pierre à un édifice déjà bien bâti. Et sans oublier cette communication léchée avec son désormais sacro-saint : « Hello world! »
HELLO WORLD!
S’il fallait résumer en une seule phrase, Olivia Yacé a réussi ce que le COMICI n’aura jamais su faire auparavant : être capable de représenter dignement la Côte d’Ivoire à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Dans un pays où l’à peu près est beaucoup trop souvent érigé en vertu, ça fait énormément de bien ! Manci !
C’est ce même COMICI qui quelques mois auparavant a pondu un drôle de communiqué regrettant presque que la « Miss des Miss » vole de ses propres ailes loin de ces messieurs restés bloqués en l’an 2000. La sorcellerie n’est jamais loin !
LA MISS À LA PEAU NOIRE

Nonobstant tout cela, c’est avec un enthousiasme certain et contagieux que la jeune femme s’envole il y quelques jours pour Porto-Rico où elle pourra y faire en mondovision « la promotion du teint naturel ».
Dans un pays où selon Le Monde, une femme sur deux s’éclaircirait la peau, c’est bon. Ouais, c’est bon !
Continuant à partager les bons morceaux de son parcours caribéen, la jeune baoulé, ethnie du centre la Côte d’Ivoire, qui a remporté le « head to head challenge », compétition inter-miss, renforce son image auprès du public. Notamment celui de Côte d’Ivoire.
Plutôt que de chercher en vain quel film regarder sur Netflix, ce mercredi soir, certains ont déjà préparé leur plateau-repas pour se poser devant Canalplus Pop ou Life TV, diffuseurs de la cérémonie.
Coincés entre patriotisme et obligations professionnelles, d’autres faussement ignorants demandent : « Le sacre d’Olivia Yacé c’est à quelle heure ? » avant de constater : « À cause d’elle, on est tous éveilles comme ça ! »
Oui, à cause ou plutôt pour soutenir Olivia Yacé, des Ivoiriens ont veillé et ont bien sûr allègrement commenté la longue cérémonie. Morceaux choisis.

Alors oui, Olivia Yacé n’a peut-être pas remporté la 70ème édition du prestigieux concours international mais elle aura réussi le véritable exploit de mettre des paillettes dans la vie des Ivoiriens en cette période où entre ces deux effondrements d’immeubles, qui ont fait 13 victimes selon nos informations, et ces prix qui montent, montent, l’heure n’est pas à la rigolade. Et avoir su fédérer autant d’Ivoiriens autour de sa personne, c’est déjà beaucoup. C’est pas petit boucan !