La Tanzanie impose une taxe sur les perruques et extensions de cheveux
Société

Par Sandro CAPO CHICHI 17 juin 2019
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Le gouvernement tanzanien a annoncé une importante taxe sur les perruques. Retour sur une décision pas si ‘afro-centrée’ que l’on pourrait le croire.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media
Une sanction pour les consommatrices de perruques?
Le ministre des finances tanzanien Philip Mpango a présenté le 13 juin 2019 son plan de budget pour 2019-2020. Dans celui-ci, une proposition a particulièrement attiré l’attention des médias. Elle concerne une taxe sur les perruques et les extensions de cheveux. Le gouvernement taxera ces deux dernières, si importées, à hauteur de 25%.Il taxera en revanche celles produites localement à hauteur de 10%.
Les membres du parlement présents lors de l’annonce ont largement célébré cette décision. Toutefois, un ton différent a été perçu chez beaucoup de Tanzaniens.
Des commerçants se sont par exemple plaints des conséquences de ces taxes sur leurs commerces. D’autres ont dénoncé une atteinte à la liberté de choix des femmes. Certains ont même déclaré craindre pour la solidité des couples. Que faire si les femmes ne peuvent plus porter cet indice de féminité que sont les cheveux longs?
Une victoire pour le mouvement Nappy?
Né aux Etats-Unis dans les années 2000, le Natural Hair Movement (ou mouvement nappy) est souvent présenté de manière manichéenne aux béotiens comme nous le sommes. On aurait d’un côté les perruques faites de cheveux différents de ceux des populations noires et de l’autre les cheveux naturels de ces dernières.
La réalité semble toutefois beaucoup plus complexe. En Afrique du Sud, par exemple, l’émergence de ce mouvement s’est récemment accompagnée d’une chute de 20% de la vente des produits défrisants. Certes, on a décrit cette cette chute a été comme ayant des motivations afrocentriques. Toutefois, une popularisation de l’utilisation des perruques a aussi accompagné cette chute. Dans ce contexte, on comptait les perruques comme une des voies d’émancipation capillaire des femmes sud-africaines.
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De nombreuses marques historiquement spécialisées dans la vente de perruques se sont d’ailleurs re-brandées comme vendeuses de ‘perruques naturelles’ sous l’impulsion du mouvement nappy.
Il est probable qu’en Tanzanie, la nouvelle législation pénalisera des femmes souhaitant échapper aux critères de beauté occidentaux en utilisant des postiches ressemblant à leurs cheveux.
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