Polémique l’Oréal: est-ce que nous ne valons rien ?
Société

Par Redaction NOFI 16 novembre 2018
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Le cri de colère de de Catherine Laski à l’attention de l’Oréal et Publicis fait depuis plusieurs jours l’actualité du web. La directrice du magazine « Black Beauty Mag » a publié des échanges à caractère raciste et discriminatoire qui auraient été produits par les employés de l’enseigne à l’encontre des communautés noires. L’émotion suscitée est vive, néanmoins, il convient de s’interroger sur la nature de cette fronde, portée par une femme qui s’attaque à l’Oréal tout en défendant Guerlain. Ne serait-il pas temps de prendre enfin les commandes?
Les propos insultants de Publicis et l’Oréal
Catherine Laski, directrice de publication du magazine « Black Beauty« , étale depuis quelques jours ses démêlés avec l’agence Publicis, qui gère la communication avec la marque l’Oréal. Selon ses dires, c’est à la suite d’une demande de partenariat avec l’agence, dans l’espoir de trouver une plateforme plus large de visibilité, qu’elle se serait vue opposer des propos injurieux envers les Noirs:
« D’une façon générale pas de publicité dans la presse ethnique ». Ou encore: « Vous comprenez, si on fait de la publicité pour Black Beauty, il va falloir qu’on en fasse pour les handicapés, les trisomiques… »
Ce sont les réponses que lui auraient formulé les responsables des opérations commerciales du groupe, dans un mail publié par l’intéressée sur ses réseaux sociaux. La retranscription noir sur blanc de l’esprit d’ostracisme emprunt de paternalisme colonialiste de ces grandes sociétés œuvrant officiellement pour « la diversité »? Cela en a tout l’air et c’est en tout cas ce que met en avant Catherine Laski qui, après un échange de mails, d’appels et même un rendez-vous physique avec le président de Publicis, Arthur Sadoun, appelle au boycott de la marque l’Oréal. Une campagne défavorable, déjà soutenue de façon importante par les internautes, qui pourrait s’avérer efficace à l’approche des fêtes de fin d’année, créneau hyper lucratif pour les cosmétiques.

Beyonce pour l’Oréal.
Les marques et la difficile question de l’intégration
L’émergence des blogueurs et Youtubeurs qui représentent un panel plus coloré et mixte des populations françaises semble avoir participé de façon conséquente à l’évolution des mentalités. Ainsi, il n’est plus rare aujourd’hui de voir des femmes, jadis exclus des standards de beauté européens, devenir les visages de ces entreprises qui jusqu’il y a peu, ne comptaient pas un seul profil basané parmi leurs effectifs. Forcées aujourd’hui de compter avec les influenceurs émergents issus des diasporas africaines en France, la question de la représentativité positive, par les grandes marques reste un débat actuel. Les collaborations avec des top model Noirs à travers le monde n’ont pas encore achevé de convaincre les plus avertis sur les intentions réelles de ces enseignes. Les scandales continuent de frapper l’industrie des cosmétiques et du prêt-à-porter et forcent à une constante vigilance pour éviter le piège de la manipulation. Chacun doit prendre fait et cause lorsque la dignité d’une partie de la population est piétinée. Néanmoins, la charge émotionnelle que constitue cette épineuse position, masque parfois les intentions réelles de ceux qui revendiquent. En l’occurrence, si les propos relatés par Catherine Laski s’avèrent vrais, les responsables doivent en être inquiétés. Toutefois, il est important d’avoir en main tous les éléments avant de se jeter corps et âme dans un conflit opaque.
Qui est Catherine Laski, fondatrice de Black Beauty Magazine ?
Âgée d’une cinquantaine d’années, Catherine Laski a laissé tomber sa carrière dans l’enseignement à Madagascar pour se consacrer aux médias. En plein dans l’ère où l’Afro devient à la mode, elle a fondé le magazine Black Beauty, qui valorise la beauté de la femme africaine. Présente sur tous les événements afro entre l’Europe et l’Afrique, celle qui est proche d’Ester Kamatari, se veut ambassadrice de la beauté noire. Bien que Black Beauty n’existe que depuis 2014, sa fondatrice n’a pas eu à batailler pour se faire une place dans le monde très fermé de la presse. En effet, elle est la sœur de Frédéric Truskolaski, président du groupe presse Médias Group, auquel appartiennent plusieurs publications dont le magazine Oops. Ce dernier se faisant systématiquement le relai de ses coups de gueules. C’est d’ailleurs dans ce périodique que Catherine Laski a bénéficié d’une double-page d’entretien sur la polémique…
Black Beauty VS L’Oréal: une indignation sélective?
Aujourd’hui, elle appelle vivement, les Noirs en particulier, à rejoindre son boycott mais, que s’est-il réellement passé ? Quels sont les intérêts qui motivent cette prise de position soudaine? Auparavant, Catherine Laski, qui officie pourtant dans la mode, n’a jamais pris position pour des affaires impliquant d’autres pratiques négrophobes courantes dans le milieu telles que le blanchiment des mannequins, les attaques racistes répétées envers des personnalités noires ou autres fait devenus divers qui ont secoué la toile. Autre élément non moins troublant, la journaliste s’attaque à L’Oréal tandis qu’elle fait la promotion de Guerlain…
Le respect commence par soi
Si l’Oréal s’est une nouvelle fois rendu coupable de négrophobie, l’enseigne devra s’en expliquer. Néanmoins, le combat pour le respect, qui se mène sur le plan économique surtout, ne doit pas être instrumentalisé pour régler des comptes personnels. Les protagonistes, de par leur position influente s’entre-connaissent. Il convient donc de toute raison garder et de faire la lumière sur les intentions des forces en présence avant de se laisser submerger par les passions. L’occasion également de s’organiser car, d’autres alternatives existent. Loin des buzz médiatiques, nos marques dont nous pourrions faire davantage la promotion, offrent désormais la même qualité de produits, sans risque de racisme manifeste ou latent. C’est le cas par exemple d’Elikya Beauty; Kael ou encore 6K cosmétiques.
Parce que nous aussi nous le valons bien !