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Ces pays africains qui luttent pour créer une industrie textile Made in Africa

Economie

Ces pays africains qui luttent pour créer une industrie textile Made in Africa

Par Sandro CAPO CHICHI 4 août 2018

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Plusieurs pays africains ont lutté ces dernières années contre l’importation de vêtements usagés qui dominent les marchés locaux et pour à établir une industrie textile Made in Africa.

Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.media

Le continent africain est aujourd’hui souvent considéré par beaucoup comme la poubelle du monde. Il est en effet importateur de vieilles voitures de mauvaise qualité et polluantes, de vêtements usagés ou encore, dans un contexte plus léger, de piètres tacticiens européens comme sélectionneurs de football. Si peu de choses semblent avoir été faites ces dernières années pour endiguer à long terme ce dernier phénomène, des gouvernements de pays africains se sont appliqués à combattre officiellement les deux premiers. Début 2018 par exemple, la Côte d’Ivoire a décrété l’interdiction de l’importation de voitures d’occasion.

Depuis de nombreuses années, l’Afrique du Sud a quasiment interdit l’importation de vêtements de seconde main. En 2011, le Ghana a interdit la vente de sous-vêtements, serviettes et matelas de seconde main, notamment pour des raisons d’hygiène.

En 2015, la communauté d’Afrique de l’Est a proposé un plan pour progressivement limiter les importations de vêtements usagés. Sous la pression des Etats-Unis, le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda ont décidé d’abandonner cette politique. Le Rwanda a toutefois maintenu le projet en taxant fortement les importations de vêtements usagés qui proviennent largement des Etats-Unis, espérant les bannir d’ici 2019.

Début août 2018, le président américain Donald Trump  a sanctionné  le Rwanda en taxant à son tour les exportations de vêtements  rwandaises vers les Etats-Unis.

La motivation du président rwandais Paul Kagame dans cette démarche est d’établir à terme une industrie textile Made in Rwanda. En 2016, il s’exprimait comme suit sur la question.

« Il est temps que les Rwandais changent leur conception de l’univers en consommant des produits rwandais. Cela participe à l’effort d’industrialisation du pays. Cela implique aussi soutenir la production des textiles rwandais au point que les friperies usagées importées seront de moins en moins demandées sur le marché de l’habillement » a-t-il déclaré.

A cet effet, Kagame a pointé du doigt les matières textiles mobilisables pour créer une industrie Made in Rwanda que seraient le coton exportable à partir de l’Ouganda ou l’élevage du ver à soie déjà pratiqué au Rwanda.

La décision courageuse du Président rwandais se heurte toutefois à un problème, celui-là même qui  plane sur les projets d’indépendance économique dans d’autres secteurs, celui de la transition.

Dans cette voie vers l’indépendance, le Rwanda a décidé de s’allier avec la Chine dont les  vêtements neufs, moins chers et de moins bonne qualité que les vêtements usagés américains sont importés pour remplacer temporairement ces derniers. Cette solution transitoire bouleverse toutefois le commerce des vêtements usagés dont sont dépendants de nombreux Rwandais et qui souffrent de ce changement brutal.

Ce partenariat du Rwanda avec la Chine n’est toutefois pas anodin. En Ethiopie par exemple, plusieurs groupes comme Calzedonia group ou le fabriquant de produits de cuir Hiroki Co. Ltd (dont 40% des parts ont récemment été achetées par Toyota) s’apprêtent à produire et produisent en Ethiopie en raison des faibles coûts de production qu’ils proposent. Et la Chine n’est pas étrangère à ce nouveau statut d’eldorado de la confection de vêtements à moindre frais que devient l’Ethiopie. Elle a notamment financé, à hauteur de centaines de  millions de dollars, la construction de parcs industriels en Ethiopie comme celui de Hawassa. Espérons, avec le moins de dégâts possible pour les populations locales, que d’autres pays africains suivront dans l’élaboration d’une véritable industrie textile Made in Africa.

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