Le CREFOM propose un mois dédié à la mémoire de l’esclavage
Politique

Par SK 4 juin 2018
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Le conseil représentatif des français d’Outre-Mer (CREFOM),donnait sa grande soirée annuelle jeudi 31 mai, sur le thème « En marche vers l’Egalité réelle » à l’hôtel de ville de Paris. En présence des membres et de personnalités politiques, il a formulé une proposition en direction du gouvernement pour la mise en place d’un mois de la mémoire.
Le CREFOM a formulé jeudi 31 mai une proposition à l’endroit du gouvernement. Celle-ci portait sur l’instauration d’un « mois de la mémoire » qui se tiendrait du 27 avril au 23 mai, chaque année sur l’étendue du territoire français. Cette annonce par son président, Jean-Michel Martial, lors de la grande soirée annuelle du Conseil représentatif des français d’outre-Mer, vient sanctionner un mois de mai chargé en commémorations.
En effet, mai est l’occasion d’un rappel à la mémoire, celle de l’esclavage et de ses abolitions. Le 27 avril marque la date du second décret d’abolition de l’esclavage, signé en 1848 et qui abolit, cette fois définitivement, l’esclavage dans les colonies françaises. Suivent, pour les temps forts, le 10 mai, Journée nationale de commémoration de l’Abolition de l’esclavage ; le 22 mai, date de l’abolition de l’esclavage en Martinique et le 23 mai, premier jour de liberté dans les colonies ainsi que la Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial. Une date anniversaire qui cette année, ponctuait 20 ans de mobilisation célébrée par une marche citoyenne à Paris.

De gauche à droite: Olivier Serva (Président de la délégation parlementaire Outre-Mer); Benjamin Griveaux (Porte-parole du gouvernement); Jean-Michel Martial (Président du CREFOM) et George-Pau Langevin (ex-ministre des Outre-mer).
Crédit photo: Migail Montlouis-Félicité.
Néanmoins, jusqu’ici, ces manifestations mémorielles n’ont d’importance que pour les premiers concernés, à savoir, les descendants d’esclaves ceux-là même qui constituent les populations de français dits d’Outre-Mer, ainsi que les diasporas africaines. Or, comment penser une mémoire collective et une cohésion nationale si cette histoire commune n’est portée que par ceux qui en ont souffert ? C’est donc avec une volonté, et la nécessité de réintégrer enfin l’histoire à l’Histoire, que cette requête a été lancée.
Le CREFOM, une institution pour l’égalité
La question de savoir si ceux que l’on dit « ultramarins » seraient entièrement français ou français entièrement à part, sur les dires de feu Aimé Césaire, se pose souvent dans la République. Elle émane presque toujours des intéressés qui, au vu des mouvements politiques ne sentent pas leur situation évoluer, qu’ils vivent dans l’hexagone ou dans les départements désormais DROM CROM. Cette spécificité et cette urgence de rétablir plus d’égalité est l’essence de ce Conseil Représentatif des français d’outre-mer:
créé en 2014 sous l’impulsion de Patrick Karam, actuellement vice-président de la région Ile-de-France, soutenu par Victorin Lurel, ministre de l’Outre-mer de l’époque et Valérie Pécresse, présidente de la Région Ile-de-France, sous le gouvernement de Nicolas Sarkozy, il a plusieurs antennes dans différentes régions de France:

Patrick Karam et le CREFOM (2016). crédit photo: CREFOM.
Patrick Karam, président d’honneur du CREFOM était d’ailleurs présent à cette grande soirée annuelle placée sous le thème « En marche vers l’égalité réelle ». Lors de son discours, il a rappelé les points qui creusent les inégalités entre l’hexagone et les outre-mer « toujours en queue de peloton » pour lesquels « les gestes symboliques ne suffisent pas à remplir les assiettes ». Se faisant le rapporteur d’une crise dans des territoires « paupérisés et au bord de l’implosion », il est revenu sur le péril sanitaire qu’ils traversent depuis déjà trop longtemps tels que les Sargasses « qui sont l’entière responsabilité de l’Etat ». Interpellant directement le président de la République qui selon lui « devrait mieux réfléchir à ces politiques de bouts de ficelle ». En effet, et c’est le discours de l’ensemble des membres du Conseil : « Il ne peut y avoir deux Frances : on est dans la République ou on en est exclu ». Valérie Pécresse, également présente, s’est engagée, au nom de la région quelle préside, rappelant que la « générosité » était « dans l’ADN de l’île de France ». Mais plus important, elle a insisté sur le fait que « l’égalité réelle c’est l’égalité des soins »:
Sur cette question, Jenny Hypocrate, Vice-présidente du CREFOM, en charge des associations et présidente de l’Association pour l’information et la prévention de la drépanocytose (APIPD) s’est montrée extrêmement précise :
Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, prenait lui aussi la parole. Citant Aimé Césaire, il a déclaré « Au-delà du côté pompier, nous avons une responsabilité », annonçant 3 millions d’euros investis pour le ramassage de ces algues nocives et rappelant les différents problèmes qui animent en ce moment les outre-mer, notamment en Guyane et à Mayotte; ainsi que le chlordécone et la reconstruction après Irma. Des disparités qui doivent être résorbées afin « d’en finir avec les inégalités de destin ». Lucide, le secrétaire d’Etat au premier ministre a cependant spécifié, quant à une commémoration nationale de la mémoire de l’esclavage et de ses abolitions que « construire ce souvenir commun prend du temps » et d’ajouter : « Le travail de mémoire indispensable ne doit pas nous enfermer dans le passé ».

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat au Premier ministre.
Olivier Serva, président de la délégation parlementaire outre-mer a apporté son soutien à l’initiative proposée par Jean-Michel Martial. Un projet qui, selon lui, est parfaitement en accord avec la politique d’Emmanuel Macron pour l’intégration des populations ultramarines:
L’égalité, épineux sujet, concerne aussi bien les DROM CROM que les banlieues de l’hexagone. L’événement du CREFOM était une occasion pertinente de le rappeler, après l’annonce du président de la république quant à l’abandon de la stratégie d’un plan pour les banlieues, mardi 22 mai. Stratégie qui s’était jusqu’alors révélée inefficace. Saïd Ahamada, député marseillais de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône, très engagé en la matière, s’est également prononcé:
Depuis sa création, le CREFOM a pris la question des inégalités à bras le corps. En Août 2016, il avait présenté au gouvernement son projet de loi pour l’égalité réelle, adopté par le Sénat le 14 février 2017. Convaincu que la façon d’appréhender l’histoire, avec honnêteté, dans son entièreté et par tous les français est l’une des clés vers plus de cohésion ; Jean-Michel Martial renouvelle son « besoin de l’engagement du président de la République » et insiste sur le fait que l’outre-mer « n’est pas un poids pour la France » mais plutôt « des hommes et des femmes qui veulent jouer le jeu ». Retrouvez son intervention ici:
Car, bien qu’ayant le dispositif de politique mémorielle le plus élaboré d’Europe, la France a encore du retard sur l’intégration d e la diversité. C’est en tout cas le point de vue de l’écrivaine martiniquaise Suzanne Dracius:
Après des engagements forts comme l’érection d’un mémorial des noms au Jardin des Tuileries, une fondation pour la mémoire de l’esclavage et un musée dans le bâtiment de la Marine nationale, Emmanuel Macron, pour qui le CREFOM avait appelé à voter, est désormais attendu concrètement sur la question commémorative.