Boko Haram vers son autodestruction?
Société

Par Sandro CAPO CHICHI 8 septembre 2016
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Boko Haram fait face, depuis quelques semaines, à de violentes luttes intestines dans le Nord-Est du Nigéria.
Par Sandro CAPO CHICHI / nofi.fr
Il ne fait jamais bon lécher les bottes d’autrui: à trop digérer de cirage, on finit par se prendre un coup de pompe dans le cul.
C’est précisément à cette expérience indigeste qu’a été confronté l’ex-leader de Boko Haram Abubakar Shekau. Dans un scénario qui n’est pas sans rappeler celui de chefs d’états africains abandonnés par les gouvernements français après leur soumission à ceux-ci, Shekau, qui avait fait allégeance à Daesh en juillet 2015 a été débouté de ses fonctions par ces derniers il y a un mois.
Les raisons de cette éviction seraient, d’après nos confrères de l’AFP, la cruauté sanguinaire de Shekau, non seulement envers les populations civiles, mais également envers ses subalternes, nombre de ces derniers ayant été tués sur ordre du chef fanatique. Les partisans de Shekau et de son remplaçant nommé par Daesh, Abou Mosab al Barnaoui -fils du fondateur de Boko Haram Mohammed Yusuf, décédé en 2009 au début de l’insurrection du mouvement-s’opposent ainsi violemment depuis plusieurs semaines. On pourrait presque, pour une fois, se réjouir des luttes internes qui caractérisent si négativement les institutions politiques africaines, si ces affrontements ne causaient pas de dégâts collatéraux parmi les civils.
Selon les témoignages rapportés par nos confrères de l’AFP, les partisans d’al Barnaoui auraient déclaré avoir voulu remplacer Shekau pour mettre fin à ses meurtres aveugles de civils qui seraient contraires au ‘vrai’ Jihad. Des propos à mon avis peu crédibles si l’on admet l’allégeance de Boko Haram à Daech, ce dernier mouvement étant précisément connu pour ce genre de bavures au Proche Orient et en Europe. A moins que Barnaoui ait en secret organisé l’allégeance de Boko Haram à Daech dans l’espoir de libérer son mouvement du leadership meurtrier de Shekau, puis de couper les ponts avec l’Etat Islamique, plus occupé à consolider son territoire au Proche Orient. Pas de quoi se réjouir de ce scénario non plus, puisque s’il devait se concrétiser donnerait lieu à sa version de la ‘guerre sainte’, qui bien qu’épurée de meurtres volontaires de civils, n’en demeurerait pas moins une guerre aux motivations ignobles et aux conséquences terribles pour la sous-région.