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Roland-Garros 2015: Jo-Wilfried Tsonga, le dernier français n’oublie pas ses origines

Société

Roland-Garros 2015: Jo-Wilfried Tsonga, le dernier français n’oublie pas ses origines

Par Abou Cissé 3 juin 2015

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Le tennisman français Jo-Wilfried Tsonga qui s’est qualifié mardi pour les demi-finales de ses internationaux de France s’est confié au magazine GQ avant le tournoi parisien sur beaucoup de sujets notamment sur son pays d’origine le Congo (Brazzaville). Focus sur le dernier espoir français dans cette édition 2015 de Roland-Garros.

Comme en 2013

Jo-Wilfried Tsonga, le dernier représentant de la communauté chez les hommes. Le joueur de 30 ans a éliminé mardi en quart de finale de ce Roland-Garros 2015 le Japonais Kei Nishikori (5e joueur mondial) en cinq sets (6-1, 6-4, 4-6, 3-6, 6-3) après plus trois heures de jeu sur le court central parisien. A noter que la partie a été interrompue pendant 30 minutes car une plaque d’aluminium s’est décrochée et est tombée sur des spectateurs, trois blessés légers au final. Pour la deuxième fois de sa carrière Jo-Wilfried Tsonga accède dans le dernier carrée de Roland-Garros après 2013. A l’issue de ce succès, il est devenu le Français qui a disputé le plus de demi-finales dans les quatre Grand Chelem 6 au total. Il affrontera vendredi en demi le Suisse Stanislas Wawrinka pour une place en finale.

Tsonga, le franco-congolais

En attendant ce nouveau rendez-vous capital de sa carrière, le Manceau s’est exprimé au magazine GQ avant le début du tournoi. Il est revenu sur sa carrière professionnelle et notamment ses contraintes avec l’importance des gains d’un tournoi pour lui mais aussi pour aider sa famille en France et en Congo. « En France, l’argent est un souci, cela ne m’étonne pas finalement qu’ils réagissent ainsi. Alors que l’argent fait partie de la vie. Dans mon entreprise de joueur de tennis, je dois faire mon gagne pain, le réinvestir dans mes entraînements, gagner ma vie, aider ma famille. Comme tout le monde. Et je ne comprends que cela ne soit pas intégré.»

Puis il ajoute:« Je ne suis pas joueur de foot ou de basket qui eux sont salariés d’un club. Mes parents ont travaillé toute une vie dans la fonction publique, en tant que professeurs, ils ont eu des enfants. Si grâce à moi, ils peuvent être un peu mieux dans leur retraite, tant mieux. J’ai le droit de les aider. J’ai aussi une famille en Afrique, au Congo, ils vivent sous des tôles. Je dépense entre 500 000 et 1 million d’euros par an pour mon staff, les voyages, les hôtels… Je paie des impôts partout. La vie n’est pas si tranquille. Quand je vais jouer quelque part, c’est aussi pour gagner des sous, c’est mon travail. Point.»

JO le réaliste

Toujours dans cette interview accordée à GQ, le joueur de 30 ans rappelle que les tennismans ne sont les sportifs les mieux payés et qu’ils sont obligés de vivre en dehors de la France pour ne pas payer trop d’impôts afin d’avoir des revenus plus importants. «Ce sport pâtit de sa notoriété sociale, de son côté élitiste. Mais regardons les sportifs français les mieux payés, je ne suis pas dans les dix premiers (selon le classement établi par L’Equipe en février 2015, il est 27e avec 4,6 millions d’euros de revenus comprenant gains sportifs et extra sportifs, ndlr). Pourtant je suis top 15 en tennis depuis près de 10 ans. Plein de joueurs de foot sont devant moi.»

Puis il indique: «Nous sommes des cibles ambulantes alors que nous ne sommes pas ceux qui gagnent le plus. En revanche, nous sommes ceux qui paient le plus pour leur sport, en tant qu’auto-entrepreneur. Bah il faut qu’ils comprennent que les footballeurs, on ne leur prend pas une partie de leur rémunération pour payer leur entraîneur. Moi oui. Ils pensent que l’on gagne des millions chaque mois, mais c’est faux. On pense que les joueurs du top 100 gagnent des millions, c’est faux. Un gars qui est 80e mondial, il rentre juste dans ses frais. Il rentre un peu d’argent, mais ne peut le dépenser car il en aura besoin l’année prochaine pour prendre un autre coach, un kiné. On part presque tous uniquement pour ça. Il faut optimiser notre carrière. Je ne connais personne qui gonfle sa feuille d’imposition, pourquoi je le ferai ? Je fais avec le système existant, cela s’appelle de l’optimisation fiscale.»

Une joie de vivre qui l’a pénalisé

Jo-Wilfried Tsonga nous explique aussi pourquoi il n’a toujours pas réussi à remporter un tournoi du Grand Chelem comme Yannick Noah et plus récemment Roger Federer ou Rafael Nadal et même son futur adversaire Stanislas Wawrinka. «Tennistiquement, je peux tenir face aux très bons joueurs. Mais ils ont plus dédié leur vie au tennis que moi je l’ai fait. Je ne parlerai pas de sacrifices les concernant, mais ils n’ont pas pris le même chemin que moi. J’ai fait moins de concessions à un moment donné sur les choses de la vie. J’aimais la vie quoi. Être avec mes copains, que ce soit à 11h ou à deux heures du matin. Être en famille quitte à ce que de temps en temps je rentre à la maison chez mes parents plutôt que de rester au calme, à m’entraîner. J’ai vécu comme une personne de mon âge alors que je n’aurais pas dû pour réussir à gagner des grands chelems. Au début, cela marchait comme ça donc je n’avais aucune raison de changer. Puis ma progression a atteint ses limites. Lorsque tu comprends que c’est la limite, c’est un peu tard.»

Le rêve d’un Grand Chelem

A 30 ans, Jo-Wilfried Tsonga sait que ce qu’il doit faire à présent pour gagner un Grand Chelem lui qui a déjà remporter deux masters 1000. «J’ai bien réglé ces problèmes, je comprends mieux mon corps, je suis plus égoïste. Je fais un peu plus de concessions depuis deux ans. Les résultats, je les vois. Pas sur les courts malheureusement car j’ai eu des problèmes à mon genou puis mon bras. Mais je sais que ça va payer un jour. Et en fait cela a déjà payé l’année dernière. Si l’on regarde bien la saison, j’ai joué cinq tournois dans de bonnes conditions et j’ai gagné un Masters 1000 (à Toronto, ndlr), en battant 4 joueurs du Top 10 en une semaine. Je peux encore faire tourner la roue dans mon sens. Quand je vois Amélie Mauresmo qui a gagné un grand chelem assez tard, Andre Agassi qui a remporté Roland à 31 ans (29 en fait, ndlr). Pourquoi pas moi ?» Ca sera peut-être le cas dimanche 7 juin.

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