Nigeria : Muhammadu Buhari, le nordiste est-il capable de rassembler son peuple et pacifier son pays ?
Politique

Par Sébastien Badibanga 2 avril 2015
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Goodluck Jonathan a félicité Muhammadu Buhari pour sa victoire à l’élection présidentielle. L’ex-putschiste, élu par les urnes, se fixe déjà comme objectifs de rassembler, réconcilier ainsi que de combattre la secte islamiste Boko Haram.
Est-ce que Muhammadu Buhari a l’étoffe d’un réconciliateur et pacificateur ? C’est la question qui s’impose. A peine élu président du Nigeria, assez confortablement avec 53,95% des voix contre 44,96% pour Goodluck Jonathan, l’ex-général, en retraite avant l’élection, se met lui-même la pression. A l’entendre, il veut « débarrasser la nation de la terreur ». En clair, le nouveau homme fort du pays le plus peuplé de l’Afrique déclare la guerre à Boko Haram, la secte islamiste qui sévit dans les Etats du nord.
« Je peux vous assurer que Boko Haram va vite mesurer la force de notre volonté collective et de notre engagement à débarrasser la nation de la terreur et pour ramener la paix », dit-il. Et d’ajouter : « Aucun effort ne sera épargné pour vaincre le terrorisme », assurant par ailleurs qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières pour autant.
Rappelons qu’en 2012, les islamistes ralliés récemment à l’Etat islamique ont encensé Buhari l’appelant au dialogue.
Un pays à feu et à sang, où tout est à reconstruire
Il est judicieux de s’interroger sur les leviers dont dispose Muhammadu Buhari pour remettre le Nigeria sur des bons rails. Parce que les chantiers ne manquent pas dans un pays où tout va mal si ce n’est l’économie.
Effectivement, le pays le plus peuplé de l’Afrique (177 millions d’habitants) est aussi le plus riche du continent grâce surtout à son pétrole. Autre force : les principales communautés (Haoussa, Ibo et Yoruba) qu’on y trouve vivent en cohésion. Enfin, 7 millions de Nigérians ont un revenu supérieur à 3 000 dollars.
En revanche, les problèmes sont légion. A commencer par la menace Boko Haram qui sévit depuis six ans dans le nord du pays et a causé la mort de 13 000 personnes. Sans compter ses enlèvements multiples et sa politique de terreur. A ce sujet, les armées tchadienne et nigérienne combattent en ce moment cette secte islamiste.
La tâche s’annonce donc rude pour le président élu. « C’est le pays le plus inégal sur le plan de répartition des richesses, ainsi que du point de vue géographique. Le nord est défavorisé tandis que le sud est favorisé. Les violences qui touchent les trois Etats du nord constituent le problème majeur de cette nation. Et pour cause, Boko Haram prévoit d’y installer un Etat islamique, de faire sécession voire de se soulever », explique à Nofi Michel Galy, spécialiste de l’Afrique à l’Institut des relations internationales de Paris.
Nordiste et putschiste
Originaire de l’Etat de Katsina, au nord du Nigeria, Buhari pourrait être l’homme providentiel. D’autant plus qu’il est musulman contrairement à son prédécesseur chrétien Jonathan Goodluck. Un avantage de taille, à même de lui permettre de reprendre le dialogue avec les populations du nord qui sont coupés du reste du pays.
L’ex-putschiste, battu au scrutin présidentiel de 2011, a donc beaucoup de défis à relever. Fort d’un soutien démocratique sans bavure, le président élu se doit de concrétiser l’enthousiasme suscité par son arrivée au pouvoir. Pourvu que son passé de putschiste ne lui colle pas à la peau…