TIDAL – VERITABLE REVOLUTION OU FEU DE PAILLE ?
Economie

Par marina wilson 31 mars 2015
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C’est en grandes pompes et accompagné de tous ses amis du show business que Jay Z est venu nous présenter ce qu’il a décrit comme « le futur de la musique » , à savoir son service de streaming : TIDAL!
Par Hype Playground
Nous avons eu droit aux strass et aux paillettes avec des grands noms de la musique que sont Madonna, Jack White, Daft Punk, Calvin Harris, Rihanna, Nicki Minaj , Beyoncé , Alicia Keys , Chris Martin, Kanye West pour ne citer que ceux là. Le message était clair : TIDAL est la première plateforme de streaming qui appartient aux artistes et offre de la musique en haute définition. Seulement, cette révolution a un prix : 20 euros par mois soit 240 euros par an. Ce qui nous amène donc à nous poser des questions sur les avantages et les limites d’un tel système.
1) Les avantages
Globalement, TIDAL se veut comme l’endroit où les mélomanes pourront retrouver du contenu exclusif en haute qualité. Il se veut aussi un endroit où les artistes toucheront exactement le montant qu’ils méritent, ce qui n’est pas le cas d’autres plateformes tel que Spotify . Ce qui d’ailleurs pourrait faire sa force est le fait que les artistes de son catalogue ne rendront leur contenu disponible uniquement sur cette plateforme. De plus, il offrira aussi du contenu éditorial et de la vidéo d’où la question de savoir s’ils ne veulent pas également concurrencer youtube dans une moindre mesure, mais c’est un autre débat.
En résumé , TIDAL a de son côté :
– un roaster d’artistes/propriétaires qui font partie des plus grands noms de la musique et qui veulent jouer de leur influence pour attirer le plus grand nombre
– un mode de rémunération des artistes beaucoup plus intéressant que ses concurrents
– une proposition de contenu éditorial
– une offre d’écoute musicale en hi-fi (haute définition) et de streaming vidéo
2) Les limites
Passons donc aux limites. Le premier réflexe que nous avons eu a été d’aller vérifier si toutes ces offres merveilleuses étaient gratuites , et quelle ne fut pas notre surprise de constater que TIDAL vaut 2 fois plus cher que ses concurrents en matière d’abonnement. Ce prix est justifié par tous les avantages que nous vous avons cité ci-dessus , cependant, nous craignons que cela ne suffise pas.
Un prix élevé en misant sur la qualité sonore : peu suffisant
Nous allons faire un petit retour en arrière lors du lancement des casques audios Beats By Dre. La promesse faite était aussi celle d’avoir du son de qualité digne des plus grands studios d’enregistrement. C’est également à coup de grands partenariats que cette promesse a pris car pour chaque couleur de casque , il y avait un ambassadeur de pointe. C’est ainsi que l’on retrouvait Diddy , Lady Gaga ou encore Justin Bieber qui étaient chacun ambassadeurs d’un modèle spécifique de casque. Leurs publics ont permis d’accroître la notoriété de la marque et surtout, il s’agissait là d’une grande première qu’un artiste hip hop se lance sur un tel marché.
La similitude avec la plateforme de Jay Z vient du fait que nous avons les artistes ambassadeurs , la promesse d’une meilleure qualité audio mais … parce qu’il y a un mais … la musique en streaming est un bien intangible contrairement aux casques audios. Qu’on se le dise, beaucoup de personnes ont fait des casques Beats by Dre un symbole de richesse ou d’appartenance à une catégorie sociale tant le prix de ces derniers était élevé. En fait, Beats était au monde des casques audio ce que Apple est à celui des ordinateurs et autres téléphones mobiles, un objet physique qui permet de se différencier.
Donc lorsqu’on prend le cas de TIDAL, il est difficile d’imaginer notre génération de Millenials s’embourber dans des abonnements à 240 euros l’année dans une économie où tout est jetable et où seules les expériences nouvelles sont recherchées. Par expériences nouvelles , nous parlons des concerts, de séances de dédicaces, des apparitions en télévision, des shows exceptionnels, et TIDAL ne promet rien de tout cela. De plus, qu’on se le dise, ce n’est pas non plus la qualité audio qui a fait le succès de Beats By Dre , preuve que le public n’en a que faire de cela vu qu’ils sont très peu à faire une réelle différence.
La présence de produits/services de substitution
Nous l’avons compris, Jay Z et ses amis ont l’intention de tout simplement boycotter Spotify et autres en faisant disparaitre leurs morceaux de leurs playlist afin d’inciter leur public à les suivre. Seulement, considérer le streaming comme la principale manière de consommer de la musique par les Millenials , c’est trop miser sur leur attachement à des artistes. La présence des Millenials sur ces plateformes est plus la recherche d’une alternative au téléchargement illégal et ce à moindre coût.
Comme les experts n’ont de cesse de le répéter, les albums ne se vendent plus et les artistes se rémunèrent via les goodies, les concerts et autres produits dérivés (enfin presque hein, merci les contrats 360°). Donc penser que le streaming est la réponse ultime à la crise de la musique est également une erreur. Le téléchargement illégal a de très beaux jours devant lui et l’attachement aux artistes est considérablement réduit à notre époque. C’est encore ce qu’ont démontré nos confrères de Pigeons and Planes qui ont interrogé leurs followers sur si ils prendraient un abonnement TIDAL et globalement la réponse était négative avec pour principal argument que pour beaucoup moins, voir gratuitement, ils pourraient écouter de la musique de manière satisfaisante.
En conclusion, il se pourrait que nos amis de chez TIDAL aient mal évalué les habitudes de consommation de leur cible. Peut-être que nous nous trompons mais nous espérons qu’ils viendront très vite avec un argument de différenciation beaucoup plus impactant que ce que nous avons entendu jusqu’ici. Ceci afin de vraiment faire la différence car nous sommes encore sceptiques.