Moussa Ag Assarid : « Il faut aller plus loin que le projet de paix et de réconciliation présenté à Alger »
Politique

Par Sébastien Badibanga 2 mars 2015
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Dimanche 1er mars, l’Etat du Mali a paraphé le projet d’accord de paix au Nord-Mali, à Alger, avec des milices pro-gouvernement malien. Cependant, la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a préféré prendre un temps de réflexion et de consultation de sa base avant de signer ce texte. Contacté par Nofi, Moussa Ag Assarid, représentant de la CMA en Europe nous explique que le document ne prend pas en compte les aspirations des populations de l’Azawad.
(Interview Nofi)
Nofi : Est-ce que le projet d’accord de paix au Mali, signé dimanche 1er mars, par le gouvernement malien est une bonne chose ?
Moussa Ag Assarid : Je ne sais pas. Ce qui compte c’est le fond. C’est le respect des engagements de chacun qui compte. Ce que l’on sait : ce sont les milices pro-gouvernement qui ont signé avec l’Etat du Mali ce projet d’accord de paix. Il faut savoir que ces milices ne sont pas en belligérance avec l’Etat malien. Il n’y a pas d’accord entre les deux belligérants : la coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le gouvernement malien. Nous demandons un temps raisonnable pour réfléchir.
Pourquoi n’avez-vous pas signé ce projet d’accord de paix ? L’autonomie était pourtant votre demande initiale…
Parce que ce projet d’accord de paix ne prend pas en compte les aspirations des populations de l’Azawad sur l’autogestion de leur territoire. Une bonne partie des localités de l’Azawad s’est exprimée : des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour demander à la délégation des mouvements de l’Azawad envoyée à Alger de revenir pour leur rendre compte des conclusions de ce projet d’accord de paix. Ce texte parle de décentralisation qui n’est pas une solution au problème qui oppose les mouvements de l’Azawad au Mali depuis 50 ans.
Selon vous, quelle serait la solution pour mettre fin au conflit au Nord-Mali ?
D’abord, il faut poursuivre les négociations entre le gouvernement malien et la coordination des mouvements de l’Azawad, afin de trouver une solution mutuellement acceptable et réaliste qui puisse permettre aux populations de l’Azawad de prendre leur destin en mains. Il faut aller plus loin que le projet de paix et de réconciliation présenté à Alger le 25 février. Ce document n’est pas suffisant.
Est-ce que votre demande est réaliste ?
Les populations sur le terrain connaissent leur réalité. Il faut que leurs attentes, leurs volontés et leurs souffrances soient respectées. Ce projet d’accord de paix ne répond pas à leurs aspirations. C’est pour cette raison que la coordination des mouvements de l’Azawad a souhaité rendre compte du document aux populations de l’Azawad. Et en fonction de cela, la CMA prendra sa décision.
Alors, pourquoi tant d’enthousiaisme en Europe ?
Peut-être à cause d’une mauvaise information. Hier, dimanche 1er mars, toutes les parties avaient été appelées à signer l’accord, mais en réalité la coordination des mouvements de l’Azawad n’a pas paraphé les documents et a fait savoir ses raisons par le biais d’une déclaration. La négociation était brouillée d’avance. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi une troisième partie qui n’est pas en belligérance : ce sont les milices pro-gouvernement malien qui ont paraphé ce projet d’accord de paix avec l’Etat du Mali.
Commnent voyez-vous la suite ?
Le mieux c’est que la coordination des mouvements de l’Azawad et l’Etat malien prennent le temps nécessaire pour poursuivre la négociation afin de trouver une solution durable et réaliste. Il ne faut pas bâcler les négociations afin que les deux camps en sortent gagnants. Bien évidemment, toutes les parties doivent rester engagées dans le processus de paix.