Ariana Miyamoto : caution japonaise pour le marché africain ?
Politique

Par SK 18 mars 2015
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L’élection de la nouvelle miss Japon a fait couler beaucoup d’encre et enflammé les réseaux sociaux. En effet, pays traditionalistes devant l’éternel, la frange ultra-nationaliste de la population n’a pas bien pris le fait qu’une métisse représente le pays à l’échelle mondiale. Un surprise pour tous, une fierté pour certains, mais surtout une démarche qui mérite d’être étudiée de plus près…
Une demi-miss ?
Née d’une mère japonaise et d’un père afro-américain, Ariana Miyamoto, 20 ans, est de nationalité japonaise et est depuis le 12 mars la miss Japon 2015. Pourtant, le métissage n’est pas vu d’un très bon œil dans son pays d’origine, état extrêmement traditionaliste et virulent défenseur de son héritage. « Hafou », c’est le surnom que les nationalistes lui ont donné. Dérivé de l’anglais « Half » (« demi »), ce sobriquet péjoratif marque la différence entre les « vrais japonais » , et ceux qui n’en seraient pas vraiment….Un élément qui fait de cette élection un choix difficile à comprendre.
Le Japon comme nouveau « partenaire » économique de l’Afrique
Pourtant, si on pose une autre grille de lecture sure cette affaire, on peut facilement se souvenir de la politique que le Japon mène en ce moment sur le continent africain. Une prise d’assaut en douceur afin de concurrencer les Chinois, déjà bien implantés. En juin 2013, le Japon a instigué un programme d’aide pour l’Afrique sur cinq ans, d’un montant de 10,6 milliards d’euros. Ajoutons à cela un soutien financier dit « pour la croissance africaine » de 24,2 milliards d’euros, et 5 milliards d’euros pour le développement des infrastructures, transports et réseaux électriques. Une politique portée en étendard par le Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui déplorait en 2008 que leurs investissements privés en Afrique ne représentent que 2%.L’Union africaine a pour projet la constitution d’un marché commun qui réunirait les marchés étrangers et locaux afin de concentrer les fonds dédiés au développement et les redistribuer. Sur cette question le Japon n’est pas non plus en reste puisqu’il a promis 20 milliards d’euros alloués à l’éducation des Africains, au commerce, aux investissements privés, à l’agriculture et à la formation d’agriculteurs aux nouvelles techniques d’exploitation et à l’eau potable. En calculant, les Africains seraient alors redevables au Japon sur des décennies entières.

Le premier ministre japonais Shinzo Abe en visite diplomatique à Abidjan (Côte d’ivoire) avec le président ivoirien Alassane Ouattara (janvier 2014)
Des accords donnant-donnant
Lors de la cinquième conférence de Tokyo sur le développement en Afrique (TICAD), le Japon déclarait qu’il voulait instaurer avec l’Afrique un rapport « gagnant-gagnant »…Au-delà de l’aspect donnant-prenant et donnant-perdant, dans lequel se trouve continuellement l’Afrique, le Japon a tout de même besoin que cette dernière coopère. Pour l’image pacifiste et humaniste que veut se donner le Japon avec sa nouvelle politique africaine, et puisque le monde des grands fonctionne ainsi, il est essentiel que l’Afrique se porte garante pour lui. Aussi, il avait été demandé aux dirigeants de l’UA de soutenir la candidature du Japon pour les Jeux Olympiques de 2020…
Pour ces nouvelles relations « nippo-africaines », ce n’est certainement pas la seule concession que les chefs d’Etats africains auront à faire. D’où le questionnement suivant : L’élection d’Ariana Miyamato pourrait-elle être un gage de bonne foi de la part des futurs « partenaires » japonais ?